•  

    Les missions d’évangélisation modernes s’appellent ONG. Elles sont partout dans le monde, y compris dans les endroits les plus improbables, les plus dangereux, dans les pays où n’importe quelle organisation criminelle ou paramilitaire rêve de prendre un otage occidental ! Une aubaine pour les preneurs d’otages ! C’est facile et ça rapporte gros : une publicité inespérée pour leur cause, qui sera évoquée dans tous les journaux du monde, une rentrée d’argent importante et j’ai presque envie de dire net d’impôt puisque les deux parties nieront farouchement toute transaction financière. Le tout sans aucun risque puisque ce sont des civils non armés qui sont capturés ! C’est tout bénef !

     

    L’ONG est internationale. Sinon on dit "association caritative". L’ONG est occidentale. Par définition. Imagine-t-on une ONG rwandaise venant lutter contre les violences faites aux femmes en France ?

    L’ONG est ciblée. Elle défend une cause. Celle-ci peut être religieuse (en général chrétienne américaine), mais elle est de plus en plus humanitaire. Depuis quelques années, la cause est même morale (lutte contre la corruption, droits de l'homme)

    L’ONG n’a pas besoin de l’accord des autorités du pays d’accueil. Forcément, puisque c’est sa carence qu’elle vient combler !

    Elle n’a pas besoin non plus d’une invitation ou d’un appel au secours des personnes qu'elle veut aider ! On se sent une âme généreuse, on voudrait faire quelque chose pour soulager la misère du monde, on crée son ONG et on part avec vivres et bagages ! On pourrait intégrer celles qui existent déjà et qui ont pignon sur rue, la Croix-Rouge, le croissant rouge, le secours populaire, médecins sans frontières… ! Que nenni ! Je crée mon ONG et je vais distribuer tout seul avec une bande de potes des moustiquaires dans la forêt amazonienne (vu à la télé) ou j’organise le transfert d’orphelins africains vers des familles d’accueil en Europe !

     

    Celui qui fait cela reproduit un vieux schéma de pensée qui avait cours il y a quelques siècles : La France (ou l’Europe ou la Chrétienté) a une mission civilisatrice envers le reste du monde ! Les gens sont pauvres, opprimés, sans espoir, incapable de se prendre en main, il convient donc que nous soulagions leur misère ! Ou plus exactement que nous allions sur place soulager leur misère, en leur apportant vivres, médecins, conseils d’hygiène, contraception.... et même commerce équitable ! 

    Ah , le commerce équitable ! Tu arrêtes tes cultures vivrières qui ne te rapportent rien et tu produis du café que je te paierais un bon prix ! Peu importe que les gens de ton village n’aient ensuite plus rien à manger, mais toi tu seras un peu riche grâce à notre générosité !

    L’ONG n’enverra pas des sous aux associations de femmes africaines qui sont dans un combat global contre le Sida, le mariage forcé, l’excision, le viol… ! Non, ces associations sont gouvernementales et, ça, Monsieur ONG ne supporte pas ! Il va lui-même dans une région reculée d'Afrique (vu à la télé) distribuer des préservatifs et expliquer aux hommes et aux femmes d'un petit village la nécessité d’utiliser le préservatif quand ils ont des relations extra-conjugales !

    Monsieur ONG n’envoie pas du fric à des familles tchadiennes pour les aider à recueillir des orphelins tchadiens, non ! Il va lui-même sur place organiser le transfert massif d’orphelins tchadiens vers la France qui est, à sa connaissance, le seul pays où il fait bon vivre quand on est un petit africain !

     

    Et s’il lui arrive une tuile, Monsieur ONG en appelle aux… je vous le donne en mille…! aux organisations gouvernementales ! Quand il est emprisonné dans une geôle tchadienne, ou otage d'un groupe islamiste ou de bandits de grands chemins, Monsieur ONG se souvient que les états, les gouvernements, les ministères, les diplomates, enfin tous ces vieux machins sur lesquels il crache copieusement à longueur d’année, existent et il veut bien leur reconnaître une certaine utilité ! Celle de le sortir de taule, de payer la rançon exigée par les ravisseurs, d’assurer son rapatriement en France où il pourra à nouveau en toute liberté nous répéter la grande méfiance qu’il a vis-à-vis de toutes les organisations gouvernementales ! 

     


  •  

    Quand j'ai entendu à la télé une députée EELV évoquer à l'Assemblée Nationale "des sans-papiers et des sans-papières", j'ai trouvé ça zarbi.   j'ai pensé que c'était portenawak pour faire rire les keums ! 

    Arrête, c'était pas un mito ! C'est trop de la balle, cette meuf ! Elle déchire grave ! Elle parle kaillera comme nous, mais elle féminise... pardon elle meufise !

    Et la Ligue des Droits de l'Homme aussi, ils se sont mis à baver kaillera ! Sur ma race, je suis trop fier d'eux ! comment ils vont s'taper l'affiche avec ça ! 

     


  • La vie est faite, aussi, de toutes petites émotions.

    C’était une période particulière de ma vie. J’habitais dans un bel appartement, très moderne mais un peu cher et un peu loin du boulot ce qui m’occasionnait des trajets excessivement longs.

    Quand la maladie de mon père a commencé à s’aggraver et qu’il devenait nécessaire de passer le voir plus souvent, j’ai changé pour un appart plus petit, tout meublé et situé dans un quartier qui me rapprochait à la fois du boulot et de l’hôpital.

    Au cours de la visite d’état des lieux, j’aperçus une petite plante verte sur le balcon. Je demandai à la dame de l’agence de la récupérer. Elle me répondit "oh ça ne figure pas sur ma liste, c’est l’ancien locataire qui a dû la laisser là. Si vous n’en voulez pas, jetez-la ! De toute façon, elle n’est pas très belle".

    -"OK, pas de problème !" Il faut dire que je ne suis pas très "plante verte". Que les amis de la nature, les écologistes, les amoureux de plantes vertes m’excusent, mais j’ai passé toute mon enfance en ville, en appartement et sans plante verte ni pot de fleurs au balcon. Et ce qu’on n’a pas acquis pendant l’enfance est perdu à tout jamais. Pour moi une plante verte, c’est un objet de décoration de bureau, c’est tout !

    Quelques jours après, au moment du premier grand ménage, je pris le pot pour le jeter à la poubelle, mais je ne sais pas pourquoi, je renonçai à le faire. Si, je sais un peu pourquoi : "elle n’est pas très belle" m’avait dit la dame de l’agence. Le précédent locataire l’avait certainement laissé là volontairement. Il avait dû récupérer avec moult précautions ses plus belles plantes et avait décidé d’abandonner celle-là comme on abandonne son chien bâtard quand on a acheté un beau chien de race.

    "Bon, écoute… OK, tu vas rester là en attendant qu’il vienne te récupérer, mais je te préviens : ne compte pas sur moi pour m’occuper de toi !".

    Je la redéposai dans son coin du balcon et l’oubliai, la regardant d’un oeil distrait quand, par hasard, mes yeux tombaient sur elle en buvant mon café du matin. Il est vrai que j’avais d’autres soucis en tête : mon père allait de plus en plus mal.

     

    Ma plante verte

    Quelque temps après cependant, un détail attira mon attention : elle embellissait ! Ses feuilles étaient maintenant d’un beau vert presque fluo et les tiges bien dressées. "Qu’est-ce qui s’est passé ? Il a plu ces jours-ci ? Ou alors, tu te fais belle pour lui ? Ou peut-être même pour moi, pauvre idiote ?"

    Les jours suivants, je pris l’habitude de l’observer toujours le matin en prenant mon café. Après la brève embellie, elle recommença à dépérir : ses feuilles devinrent vert foncé, presque kaki. Les jours suivants les branches commencèrent à s’affaisser. Elle se laissait dépérir avec ostentation, me semblait-il. Elle voulait peut-être que je compatisse à son sort et que je m’occupe d’elle ! Elle luttait contre sa mort annoncée.

    Elle luttait contre la mort et attendait un miracle, la pauvre, comme ce vieillard, là-bas, dans sa chambre d’hôpital. Lui aussi luttait et attendait un miracle qui prendrait la forme d’une greffe d’organe. Les médecins lui avaient pourtant dit que ce n’était pas envisageable car compte tenu de son âge et de son état de faiblesse générale, il ne pourrait pas supporter une opération chirurgicale aussi lourde. Mais il s’accrochait à cette idée. Il me disait que si on trouvait l’organe compatible et que si par chance il n’y avait pas à ce moment-là d'autre receveur compatible, les médecins finiraient par se dire "ma foi, pourquoi ne pas essayer ?"

    Dans la peine de ne pouvoir rien faire pour lui, j’eus envie d’aider la pauvre plante verte. J’en voulais un peu aux médecins de nous enlever tout espoir en nous disant "il va mourir car il est trop vieux pour qu’on s’occupe de lui" et je ne pouvais donc décemment pas dire à cette plante : " tu vas mourir car t’es pas assez belle pour qu’on s’occupe de toi" !

    Je me mis même à faire un parallèle superstitieux entre la santé de la plante et celle de mon père. Il me semblait que l’embellie constatée chez elle avait coïncidé dans le temps avec une rémission dans l’évolution de la maladie de mon père.

    Je me mis à l’arroser régulièrement. Je pris des renseignements auprès des secrétaires de la boîte, grandes spécialistes en plantes vertes, pour savoir quels soins lui donner. Il m’arrivait même de lui parler, de la saluer le matin, de la quitter le soir en lui disant " allez je vais me coucher ! Passe une bonne nuit, ma belle, et fais -toi bien arroser par la rosée du matin, je sais que tu adores ça !"

    Tout cela quand j’étais seul avec elle, bien sûr ! En présence de mes enfants par exemple, cela était inenvisageable : ils n’auraient pas reconnu leur père et auraient pensé que j’étais en train de perdre la raison !

    Sa santé s’améliora et je finis même par la trouver belle. Celle de mon père se dégrada jusqu’à l’issue fatale quelques mois plus tard.

    Je quittai l’appartement quelque temps après, après lui avoir dit au revoir et lui avoir promis de téléphoner au nouveau locataire pour lui demander de bien s’occuper d’elle.

    Ce que j’ai oublié de faire.

     


  •  

    Nouvelle illustration hier de ce qu'est devenu le journal Le Monde : une vulgaire feuille militante faisant feu de tout bois  pour contredire la droite et bien montrer son positionnement à gauche. 

    Ainsi, pour contredire Juppé qui dit qu’il faut que les allocations sociales de celui qui ne vit que de ça soient toujours inférieures aux revenus du travail, ils font appel à une étude de ATD Quart-Monde sur le sujet.

     

    Ensuite, concernant la comparaison entre revenu du travail et RSA, l’association ATD Quart-Monde a creusé la question dans un livre publié début octobre 2016 (En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté). Verdict : il n’existe « qu’un seul cas dans lequel l’écart RSA-smic n’est pas significatif : celui d’une personne seule et sans enfant. […] Ce cas représente environ 5 % des foyers fiscaux en France. » Sachant que ces 5 % ne sont pas nécessairement au RSA, cela réduit grandement le nombre de cas.

     

    Donc, comme on le voit dans la citation soulignée par moi en jaune, ATD Quart-Monde dit qu’il y a au moins un cas ou cela est possible.

    Et que ce cas représente environ 5% des foyers fiscaux.

     Je voudrais, en toute humilité, faire deux remarques aux journalistes du Monde

    - La première est que, sachant qu’il y a en France (chiffre de 2015) environ 37,4 millions de foyers fiscaux, 5% ça fait quand même environ 1,8 million de personnes concernées !

    Et même si on ajoute que toutes les personnes qui seraient dans ce cas ne touchent pas le RSA, ça fait quand même beaucoup de gens concernés.

    Donc affirmer que c’est un "cas rare" est d’une mauvaise foi totale proche de la connerie d'un militant gauchiste. 

     

    - La deuxième remarque est que la base des 5%, à savoir la totalité des foyers fiscaux de France, n'est pas pertinente. La base pertinente serait plutôt celle comprenant les travailleurs pauvres ou précaires, les chômeurs et les "allocataires". Car le travailleur pauvre ne compare pas sa situation à celle d'un médecin ou d'un architecte mais à celle de son voisin de palier qui, sans travailler, a le même train de vie que lui.

    Et si l'on retient cette base, le chiffre de 1,8 millions de personnes n'est plus de 5% mais plutôt de 20% ou 30% .

     

    Et je voudrais  faire remarquer (respectueusement en toute modestie) aux brillants journalistes du Monde toujours en train d'analyser les causes de la montée du FN dans les classes populaires, que ce phénomène en est une des causes majeures. 

     

     

     

     

     


  • Moi, quand j'étais petit, si j'aimais les témoins de Jéhovah, c'était à cause de leur paradis.  Ils venaient souvent à la maison. Et, au grand dam de mon père, ma mère n'osait pas claquer la porte au nez de gens qui venaient parler de Dieu !  "Ben oui, disait-elle à mon père, même si on ne croit pas à tout ce qu'ils racontent, on peut au moins discuter avec eux ! Alors qu'avec toi..."

    En partant ils laissaient des brochures avec plein de dessins, certains représentant le paradis ! hhhmmmmm, qu'est-ce qu'il était beau, leur paradis ! Au catéchisme, on n'avait pas d'images du paradis ! Quelques petits anges posés sur des nuages, tout au plus !  Et le jugement dernier sur les vitraux de l'église donnait une idée plutôt lugubre de ce que devait être l'au-delà. Une file d'attente interminable qui se prolongeait à l'infini, des gens, certains ravis, d'autres inquiets, attendant de passer à leur tour devant un Christ géant en état d'apesanteur. 

    Tout cela me faisait un peu peur. Et puis j'étais sûr que je ne réussirais jamais l'interro "jugement dernier", que je ne saurais pas répondre aux questions qu'on me poserait et qu'on me ferait plein de remontrances parce que je ne me serais pas tenu pas assez droit, ou parce que j'aurais eu les ongles sales (quelle idée, petite mère, de dire à un enfant que le petit Jésus n'aime pas les enfants aux ongles sales !)    



    Deux "Témoins" sont passés chez moi cette semaine et m'ont laissé une brochure ! Une bouffée de souvenirs d'enfance !

     Le paradis

     

    Je comprends maintenant pourquoi j'aimais tant leur paradis ! Le paradis des Témoins de Jéhovah, on y est admis de droit ! Oui, certes, à condition d'être Témoin de Jéhovah, d'accord, mais c'est facile de le devenir ! Il suffit juste de dire "Jéhovah ou-akbar" ou quelque chose du même ordre ! 


    Dans le paradis, de Jéhovah, il n'y a pas de contrôle aux frontières, pas de quota d'immigration, pas de discrimination entre races, ni entre sexes, ni entre générations ! Mieux encore ! Il n'y a pas de discriminations entre animaux ! les lions jouent tendrement avec les gazelles à deux pas de bébés assis sur l'herbe !  Il n'y a plus de proie, plus de prédateur, plus de victime plus de méchant, c'est fini tout ça, au paradis de Jéhovah !

    Au paradis de Jéhovah, c'est le début du printemps toute l'année. Une végétation verdoyante, une température idéale, on le sent bien sur les images ! Pas de canicules, pas d'hivers rigoureux, pas d'orages, pas d'inondations, rien de tout cela ! Avec, cerise sur le gâteau, des petits ruisseaux d'eau claire exempts de toute  pollution disséminés un peu partout dans lesquels tout le monde, hommes, enfants, lions et gazelles, peut se désaltérer et se rafraîchir !

    Mais ce distingue vraiment le paradis des témoins de Jéhovah des autres paradis, et lui fait ressembler à la vision de l'avenir radieux  passée au prisme de la révolution culturelle chinoise,  c'est que tout le monde rit tout le temps ! Les hommes, les femmes, les enfants, les vieillards, se déplacent en riant, chantent en riant, se promènent en riant !  Les hommes construisent des églises en riant, les femmes font la lecture de la Bible en riant à des enfants qui écoutent en riant ! Les musiciens jouent en riant de l'accordéon, de la guitare, du violon ou de la flûte de Pan. Et les spectateurs les écoutent en riant.

    J'ai bien aimé le paradis des témoins de Jéhovah dans ma petite enfance. Mais aujourd'hui, je vais vous dire honnêtement : tous ces gens qui rient tout le temps, ça me fait un peu peur, quand même !


  • En 2006 j'ai parié un resto à la Tour d'argent avec un collègue que jamais Nicolas Sarkozy ne serait président. Heureusement pour moi, le collègue a oublié. Je peux le dire maintenant, il y a prescription.

    Cette fois, j'éviterai de faire le même pari. Peut-être gagnera-t-il, on n'en sait rien. Juppé a l’air si fade. La démocratie a ses règles. Et parmi elles, il y en a peut-être une qui veut que des dizaines de personnages médiocres doivent précéder un bon, qui n'apparaît que de temps en temps.

    Mais de toute façon, j’ai de plus en plus de mal à parler politique. Je ne suis pas assez "indigné" par ce système pour le faire. J'ai en général de la tendresse pour cette démocratie et ses défauts inhérents, pour cette Europe si imparfaite, pour les institutions internationales qui me paraissent si nécessaires dans ce monde dangereux.

    Il n'y a que les extrémistes qui m'indignent. Or pour être intéressant, un blog politique se doit d'être consacré à  des thèses extrémistes.  

    Un blog politique a des règles que je ne pourrai jamais respecter.  Il faut d'abord dénoncer avec rage qui la "classe politique qui nous trompe", qui la "finance internationale qui nous spolie", qui "l'Union européenne et sa bureaucratie" ...! 

    Il faut ensuite suggérer (sans jamais expliciter)  qu'il y a UNE méthode très simple  pour régler TOUS les problèmes.

    Pour moi, tout ça, c'est mission impossible ! 

     

    Alors je vais tenter de faire comme le poète : retrouver mon âme d'enfant

    A présent laissez-moi, car j´ai affaire : 

    un insecte m´attend pour traiter. 

    Je me fais joie du gros oeil à facettes: 

    anguleux, imprévu.

    Ou bien... j`ai une alliance avec les pierres veinées-bleu:

    et vous me laissez également, assis, dans l’amitié de mes genoux. 

     

    Dans l'amitié de mes genoux

     

     

     

     

     






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