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Petit tournant dans ma vie d'ado. Ma mère est choquée en écoutant George Chelon chanter Barabbas. Et l'ado que je suis découvre qu'une chanson peut avoir un texte, qu'un chanteur peut dire quelque chose d'interdit, de scandaleux et même d'assez dangereux pour l'envoyer en enfer !
Si pour que je sois Jésus
Il fallut que mon père
Commette l'adultère
Avec une inconnue
Si pour que je sois Jésus
Il fallut que mon père
Et Marie et ma mère
Soient chassés de la rue
Et que dans une étable
De l'autre côté du sable
Afin de fuir la scandale
Au point d'une aube pâle
J'entrouvre les yeux
Sur quelques curieux
Moi je préfère m'appeler Barabbas
Avoir vu mon père et ma mère bien en face
Moi je préfère m'appeler Barabbas
Et être né sur la grande place
Si pour que je sois Jésus
Tout ce qui me fait homme
Ne se résume en somme
Qu'à un bout de vertu
Si pour que je sois Jésus
Je trouve mon plaisir
Dans le fait de souffrir
Ou bien d'être battu
Que je n'aie point de dame
Que je n'aie pas ma femme
Rien, pas chef de famille
Pas de fils, pas de fille
Rien qu'un célibataire
Egaré sur la terre
Moi je préfère m'appeler Barabbas
Avoir connu toutes mes amours de passe
Moi je préfère m'appeler Barabbas
Même si je manque de classe
Si, si pour être Jésus
Il suffit d'une croix
Pour bien tendre ses bras
Pour y mourir dessus
Si, si pour être Jésus
Il ne faut qu'une croix
Moi je ne comprends pas
Qu'il n'y en ait pas plus
Moi je préfère m'appeler Barabbas
A qui le peuple tout entier a fait grâce
Moi je préfère m'appeler Barabbas
Et mourir sans laisser de trace.
Enfin chacun fait son lit comme il se couche
Moi je l'ai fait rien qu'en détroussant les bourses
Enfin chacun fait son lit comme il se couche
Chacun pour soi et Dieu pour tous !
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Moi, je crois tout ce l'on me dit.
- Alors OK passons sur le fait que les populations civiles allemandes ont été copieusement bombardées par les Alliés à la fin de la guerre. Il s’agissait de casser le moral des Allemands pour en finir plus vite avec cette guerre.
- OK Passons sur le fait que des centaines de milliers de viols ont été commis en toute impunité en Allemagne pendant que la guerre était en train d’être gagnée. Un simple dommage collatéral
- OK passons sur le fait que les deux bombes atomiques américaines ont visé explicitement des populations civiles du Japon. Il s’agissait de précipiter la fin d'une guerre qui risquait de s’éterniser et donc d’éviter ainsi des centaines de milliers de morts futurs.
- OK passons sur le fait que les USA ont déversé sur la population civile du Viet Nam un déluge de bombes et de Napalm et d’agent Orange. Comment faire autrement quand ces salauds de Viets-Cong se cachent au milieu de la population ?
OK passons, passons, c’est de l’histoire ancienne !
Mais les civils d’Alep ? le pire crime contre l'humanité jamais observé ?
En Syrie, il ne s’agit pas d’une guerre du mal contre le bien, d’une guerre de la dictature contre la démocratie mais, dans le meilleur ( ou le pire) des cas, d’une guerre entre le mal et le pire. D’une guerre entre une dictature laïque et des djihadistes fanatiques.
Les modérés de l’ASL (Armée Syrienne Libre) ont disparu et de toute façon n’ont jamais rien représenté en Syrie. Les mouvements syriens contre lesquels lutte la dictature de Bachar s’appellent Al Nosra (branche d’Al Qaïda), Armée de l’Islam, Front Islamique, Ansar Al Charia. Le principal grief qu’ils font à Bachar n’est pas qu’il est un dictateur mais qu’il est un apostat alaouite (branche minoritaire de l'Islam) et qu’à ce titre il mérite la mort, comme tous ses coreligionnaires. Je vous laisse deviner ce qu’ils pensent des chrétiens.
Si le régime de Bachar n'est pas encore tombé, c’est aussi parce qu’il a le soutien d'une partie de la population syrienne. Tout d’abord, tous ceux qui ne sont pas de confession sunnite, à savoir les chrétiens, les Alaouites, les chiites, les Ismaélites, etc. (il y a 18 religions officielles en Syrie) c’est-à-dire près d’un tiers de la population syrienne. Pour tous ces gens, question de vie ou de mort, le soutien est inconditionnel. Bachar bénéficie aussi du soutien de la partie des musulmans sunnites qui est citadine, jeune et riche. Ils craignent tous les exactions, les viols et les massacres de masse si Bachar est vaincu. Ils ont tous peur d'être les cibles privilégiées de la guerre civile entre les différentes composantes djihadistes qui ne manquera pas de se produire en l'absence d'armée régulière.
Pourquoi leurs craintes et leurs angoisses ne seraient-elles pas prises en considération dans cette histoire ? Pourquoi considérerions-nous qu'ils se trompent en soutenant Bachar et que le seul avenir pour la Syrie est de devenir la capitale mondiale du Djihad et du terrorisme ?
Sommes-nous les mieux placés pour exiger que cette guerre soit la première guerre propre et sans victimes civiles de l’histoire de l’humanité ?
Aurait-on autant évoqué les victimes civiles d’Alep si celles-ci étaient des minorités religieuses massacrées par des djihadistes ? On a certes parlé du massacre des Yézidis, mais a-t-on proposé de faire intervenir l’ONU à cette occasion ?
A-t-on vu une telle réprobation lorsque des populations civiles se faisaient bombarder au Yémen il y a quelques semaines par l'Arabie Saoudite ou lorsque les djihadistes pilonnaient les quartiers "pro-régime" d'Alep ? A-t-on demandé la convocation du Conseil de Sécurité à cette occasion ?
On a un peu l'impression qu'il y a deux poids deux mesures dans cette guerre civile syrienne et que nous ne reprenons à notre compte que l'indignation des représentants les plus fanatiques des musulmans sunnites.
Mélenchon a raison (oui, pour une fois) quand il dit que toutes les guerres sont sales et horribles et TOUTES les guerres, pas seulement celle des Syriens qui s'opposent à la charia, au génocide, au viol de masse et l’esclavage sexuel.
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Les électeurs italiens ont voté NON au référendum sur… sur quoi déjà ? En fait, dans un référendum la question formelle, on s’en fout toujours ! On répond toujours à la question "Tu ne m’aimes plus ? Tu veux qu’on fasse un break ?"
Les raisons de ne pas céder au chantage affectif et de répondre "Non, je ne t'aime plus, faisons un break" sont nombreuses : ou on le veut vraiment et définitivement, ou bien on le souhaite au moins temporairement, ou alors on a envie d’emmerder ou d’humilier celui qui pose la question ou encore on a trop d’orgueil pour répondre " je veux rester avec toi' !
Les Italiens ont donc dit à Renzi "Non, je ne t'aime plus, faisons un break, c’est peut-être mieux comme ça" . Que Matteo se rassure, ils auraient dit la même chose à n’importe quel autre politicien aux affaires depuis plus d’un an.
L’absurdité des référendums c’est, en plus du caractère irrationnel de la réponse, que les fronts du refus auxquels ils donnent lieu sont composés de minorités totalement opposées entre elles, souvent extrémistes, qui revendiquent chacune la victoire pour elles seules et sont incapables de gouverner ensemble. On le voit en Grande Bretagne. Quand un NON a l’union européenne est acquise grâce aux voix de l’extrême droite et celles de l’extrême gauche, comment gérer cela ? Peuvent-ils s'allier et mener ensemble une politique cohérente ? Non. Alors on nous invente des solutions bâtardes et à la limite de la démocratie : Ceux qui ont voté NON confie le pouvoir à un politicien qui a appelé à voter OUI et défendent l’idée que le parlement n’aurait pas son mot à dire.
A quoi sert un parlement alors ? C'est la nouvelle forme d'anti-parlementarisme propre aux extrêmes. L’avenir de la démocratie ce serait donc une décision prise par référendum et un politicien pris au hasard, peu importe son opinion sur la question, chargé de la mettre en œuvre avec interdiction au parlement de se prononcer là-dessus ?
C’est possible. J’ai d’ailleurs noté que dans la campagne électorale en France en évoquait de plus en plus de confier des pouvoirs législatifs (au Sénat, pour l'instant) non plus à des citoyens élus mais à des "citoyens tirés au sort".
Le tirage au sort, stade ultime de la démocratie !
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