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    Paris au mois d'Août


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    Le titre "Une charogne" est très bon, très accrocheur, et la chute est géniale, coco ! Mais  le développement est trop long. On ne fait plus ça aujourd'hui, les gens n'ont pas le temps, mec ! Il faut du brut, du rapide !

    Les descriptions qui n'en finissent pas , c'est....comment dire... c'est de la littérature ! Aujourd'hui, ce qui marche, c'est des images qui vont directement dans l'imagination du lecteur, tu vois ce que je veux dire ? 

    Attends, je vais t'arranger ça !

    D'abord, tu commences par la chute, elle est vraiment trop géniale, pleine d'amour, de haine, de rancœur. On peut la répéter cent fois sans se lasser ! 

    Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine

    Qui vous mangera de baisers,

    Que j'ai gardé la forme et l'essence divine

    De mes amours décomposés ! 

     

    Après , flash-back !  comme au cinéma ! Tu retournes au début de l'histoire :

    Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,

    Ce beau matin d'été si doux :

    Au détour d'un sentier, une charogne infâme

    Sur un lit semé de cailloux,

     

    Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,

    Brûlante et suant les poisons,

    Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique

    Son ventre plein d'exhalaisons.

     

    Ensuite, y a trop de détails, Charly.   Je t'enlève les deux paragraphes suivants.  On garde juste ça pour son horrible  force d'évocation

    Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,

    D'où sortaient de noirs bataillons

    De larves, qui coulaient comme un épais liquide

    Le long de ces vivants haillons.

     

    Et on arrive à ta géniale déclaration d'amour, si tendre, si douloureuse, si amoureuse, si haineuse

    Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,

    A cette horrible infection,

    Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,

    Vous, mon ange et ma passion !

     

    Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,

    Après les derniers sacrements,

    Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,

    Moisir parmi les ossements.

     Et on reprend la chute finale

    Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine

    Qui vous mangera de baisers,

    Que j'ai gardé la forme et l'essence divine

    De mes amours décomposés ! (1)

     

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    (1) Je te dirai une autre fois , cher lecteur, pourquoi les amours de Baudelaire (et de bien d'autres encore) sont décomposés  et non décomposées 

     


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    J’habite une blessure sacrée

    j’habite des ancêtres imaginaires

    j’habite un vouloir obscur

    j’habite un long silence

    j’habite une soif irrémédiable

    j’habite un voyage de mille ans

    j’habite une guerre de trois cents ans

    j’habite un culte désaffecté

     ...

    j’habite de temps en temps une de mes plaies

    chaque minute je change d’appartement

    et toute paix m’effraie

    ...

    j’habite  une vaste pensée

    mais le plus souvent je préfère me confiner

    dans la plus petite de mes idées

    ou bien j’habite une formule magique

    les seuls premiers mots

    tout le reste étant oublié

    ...

    j’habite l’embâcle

    j’habite la débâcle

    j’habite le pan d’un grand désastre

     

    Moi, laminaire – Aimé Césaire (1982)


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