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Le titre "Une charogne" est très bon, très accrocheur, et la chute est géniale, coco ! Mais le développement est trop long. On ne fait plus ça aujourd'hui, les gens n'ont pas le temps, mec ! Il faut du brut, du rapide !
Les descriptions qui n'en finissent pas , c'est....comment dire... c'est de la littérature ! Aujourd'hui, ce qui marche, c'est des images qui vont directement dans l'imagination du lecteur, tu vois ce que je veux dire ?
Attends, je vais t'arranger ça !
D'abord, tu commences par la chute, elle est vraiment trop géniale, pleine d'amour, de haine, de rancœur. On peut la répéter cent fois sans se lasser !
Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés !
Après , flash-back ! comme au cinéma ! Tu retournes au début de l'histoire :
Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux :
Au détour d'un sentier, une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,
Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.
Ensuite, y a trop de détails, Charly. Je t'enlève les deux paragraphes suivants. On garde juste ça pour son horrible force d'évocation
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.
Et on arrive à ta géniale déclaration d'amour, si tendre, si douloureuse, si amoureuse, si haineuse
Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !
Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.
Et on reprend la chute finale
Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés ! (1)
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(1) Je te dirai une autre fois , cher lecteur, pourquoi les amours de Baudelaire (et de bien d'autres encore) sont décomposés et non décomposées
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J’habite une blessure sacrée
j’habite des ancêtres imaginaires
j’habite un vouloir obscur
j’habite un long silence
j’habite une soif irrémédiable
j’habite un voyage de mille ans
j’habite une guerre de trois cents ans
j’habite un culte désaffecté
...
j’habite de temps en temps une de mes plaies
chaque minute je change d’appartement
et toute paix m’effraie
...
j’habite une vaste pensée
mais le plus souvent je préfère me confiner
dans la plus petite de mes idées
ou bien j’habite une formule magique
les seuls premiers mots
tout le reste étant oublié
...
j’habite l’embâcle
j’habite la débâcle
j’habite le pan d’un grand désastre
Moi, laminaire – Aimé Césaire (1982)
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