• "Nous n'aurons bientôt plus que l'impôt sur les os"          (Michel Audiart )

     

    Je fais partie de ceux qui sont atteints par le ras-le-bol fiscal. Chaque nouvelle création de taxe me met hors de moi surtout quand elle s’habille de bons sentiments et de nobles objectifs comme la justice sociale, la solidarité, le social, l’écologie, le coût carbone .

    Y en a marre vraiment !

    La politique économique se résume aujourd’hui à la recherche de nouveaux prétextes pour créer de nouvelles taxes. Le sucre n’est pas bon pour la santé ? taxons-la ! Les camions polluent ? Taxons-les ! Les gens voyagent beaucoup ? Taxons les billets d’avion ! Le diesel est mauvais pour les poumons ? Augmentons les taxes sur le diesel ! La Sécu est en déficit ? Créons une taxe "contribution pour le Remboursement de la Dette Sociale".

    Sans compter les taxes "par destination" : un ravalement obligatoire tous les dix ans si vous habitez une grande ville, des taxes d’aéroport plus élevées que le prix du billet, des radars sur toutes les routes…

    Y en a vraiment marre marre marre, ras le bol !

    La fiscalité par sa complexité est le domaine des magouilles ! Savez-vous par exemple que, dans les restaurants, les plats "à emporter" ont un taux de TVA inférieur aux plats consommés sur place ? Pourquoi ? Personne ne sait vraiment ! Peut-être un amendement déposé un jour par un député gérant un Mac Do, qui sait ?

    La fiscalité est le domaine des abus de pouvoir de la part de l’Etat. Savez-vous qu’il existe un délit intitulé "abus de droit" ? En quoi consiste-t-il ? Si vous avez appliqué une loi uniquement dans le but de vous soustraire en partie à l’impôt, vous vous êtes rendus coupable d’un abus de droit ! Autrement dit, vous n’avez rien fait d’illégal au regard des textes de lois, mais comme vous l’avez fait pour échapper à l’impôt, vous êtes sévèrement puni.

     

     

    Pour toutes ces raisons, je me sens toujours proche au départ des révoltes populaires contre le trop d’impôt, de manière intime et spontanée. Mais c’est en sachant que ces revendications seront souvent associées à d'autres  que je ne partage pas. Pour des raisons que j’ignore, ces révoltes débouchent souvent sur de l’antiparlementarisme, sur des slogans anti-européens, sur des propos anti-migrants, parfois racistes, bref, sur des positions finales souvent assez proches de celles de l’extrême droite.

    Le mouvement actuel des gilets jaunes n’échappe pas totalement à ce soupçon, le programme présenté à un ministre comme étant celui des gilets jaunes en témoigne :

    "... l’abandon du projet de renouvellement du parc automobile français en électrique.

    C'est quoi cette revendication de merde ? Pourquoi faudrait-il abandonner cet objectif ? En quoi cela va augmenter leur pouvoir d’achat ?

    "... une consultation plus fréquente du peuple par voie de référendum national… la suppression du Sénat… la reconnaissance du vote blanc lors des scrutins électoraux…"

    Bref, revendications purement politiques ! tous les vieux poncifs de l’extrême droite et de l’extrême gauche pour faire passer des mesures démagogiques sans être responsables des conséquences.

     

    "... La baisse des charges patronales, la hausse des aides publiques l’augmentation des retraites et des aides financières aux étudiants, la réévaluation de l’aide personnalisée au logement…"

    Rengaine habituelle des propos de bistrots : il faut diminuer les impôts et en même temps augmenter les aides et les subventions de toutes natures.

    Mais où va-t-on prendre l’argent alors ? Là !

    "... réduction significative des salaires des membres du gouvernement, la suppression des privilèges pour les élus, notamment après leur mandat, un contrôle des notes de frais des élus !"

    Ben voyons ! On va aller loin avec ça !

     

    PS: A noter qu’ils n’ont pas exigé une lutte renforcée contre la fraude fiscale (gros marqueur de gauche), ce qui prouve d’une part qu’ils sont cohérents avec eux-mêmes et d’autre part qu’ils ne sont pas de gauche. Mais ça, on s’en doutait un peu déjà  !

     


  •  

    Des gens sont encore passés me voir ce matin. Rituel immuable. Deux jeunes au regard apeuré sommés de m’embrasser et dire "Bonjour papy" et les vieux cons qui semblent leur servir de parents qui s’adressent à moi comme si on avait élevé les cochons ensemble !

     

    Ils m’ont demandé qui j’avais rencontré ces derniers temps. J’ai préféré ne pas répondre. J’ai bien reçu la visite de mon vieux frère Hérodote, mais je ne veux pas avoir de problème. La réputation qu’a ce vieux gredin d'affabuler pourrait leur laisser penser que, moi aussi, j’invente les histoires que je raconte. Je pourrais pourtant garantir que cet homme - mon ami, mon frère - n’a jamais rien inventé et que tous ces récits sont le reflet exact de ce qu’il a vu et de ce qu’on lui a raconté, mais qui me croirait ? On me rétorquerait que c’est par amitié que j’affirme cela et que "qui se ressemble s’assemble" !

     

    Ceci dit, qu’il soit bien clair que je n’ai aucun problème à être comparé à mon ami Hérodote ! Car nous avons été amis malgré nos disputes incessantes, peut-être même du fait de nos disputes incessantes ! Il était originaire d’Halicarnasse, moi de Mésopotamie. Sa famille avait émigré à Samos pour fuir la tyrannie. La mienne aussi.

     

    Au moment où nous nous sommes connus, il voulait voyager et raconter l’histoire des hommes ! De tous les hommes "tant les Grecs que les Barbares" précisait-il. A cette époque, nous manquions de modestie et voulions tous les deux être Homère ! "Homère ou rien", chantions-nous à tue-tête les soirs de beuverie ! Mais alors que moi je me prenais à l’époque pour un aède, un poète lyrique, lui se sentait plutôt l’âme de ce qu’on appellerait aujourd’hui un "journaliste". Il voulait raconter non pas de lointains événements, comme la guerre de Troie mais l’histoire de son temps ! "La littérature et la poésie, lui disais-je, imbu de moi-même, il n’y a que cela pour vous garantir la postérité !" — "Le récit  et les témoignages sont un moyen plus modeste mais plus sûr", rétorquait-il ! 

     

    La suite lui a donné raison. Je n’ai jamais pu écrire le chef-d’oeuvre que j’avais pourtant là, quelque part dans un recoin de mon cerveau. Lui, a voyagé et raconté. Il est devenu une célébrité de son vivant. Oh certes, il fut très critiqué ! Plutarque de Chéronée  lui consacre même un ouvrage tout entier intitulé " De la mauvaise foi d’Hérodote " et Aristote le qualifie de « mythologue ». En fait, ce qu’on lui reproche est d’avoir la même bienveillance pour les barbares et pour les grecs, la même curiosité amusée pour décrire l'histoire et les coutumes persanes ou égyptiennes et celles des cités grecques.

     

    Mais bien des siècles plus tard, alors que la trace des hommes de son temps était en train de s’estomper dans le sol et dans les mémoires, son oeuvre fut redécouverte et son talent reconnu. Des ouvrages lui sont à nouveau consacrés en pleine renaissance européenne "Apologie pour Hérodote", "Voyage du jeune Anarchasis en Grèce",. 

     

    Plus tard encore, au vingtième siècle, les chercheurs en train de redéfinir les contours de sciences telles que l’histoire, la géographie ou l’ethnologie le considéreront comme le premier d’entre eux.

     

    Jacques Laccariere dans son ouvrage " en cheminant avec Hérodote" dit de lui "Grâce au génie du conteur, le monde « barbare » revit sous nos yeux. Qu’il raconte les suicides de chats en Egypte, la capture des crocodiles sacrés ou les mésaventures du roi Khampsinite, Hérodote nous tient littéralement sous le charme. Et l’émotion nous gagne peu à peu, lorsqu’apparaissent en filigrane « le mouvement du visage, la silhouette de la tendresse » de ceux qui demeurent pour nous l’enfance de l’humanité. "

     

    Et je peux, de mon côté modestement, confirmer à la face du monde que s’il y a bien quelque chose que l’on a envie de faire avec toi, Hérodote, mon ami, mon frère, c’est bien de cheminer à travers le monde en dissertant aimablement avec l' homme de bonne compagnie et de grande culture que tu es !


    votre commentaire
  •  

    Quand le ciel est gris, le temps médiocre et l'actualité minable, un conseil d'ami : réfugiez-vous dans la poésie, et plus spécialement dans la poésie érotique... non, non, la poésie biblique, ... enfin disons la poésie érotico-biblique.

    Voici quelques exemples tirés du  Cantique des cantiques, premier long poème érotique de notre civilisation judéo-chrétienne ! Qui prouve qu'avant de se toucher et de s'embrasser, les hommes et les femmes ont coutume,  depuis fort longtemps, de se livrer à un minimum de parade nuptiale sous forme d'échange de compliments poétiques. 

    Bon, en tout cas, c'est beau et ça vaut le détour ! 

    Tout d'abord, ce que Monsieur dit à Madame :

      

    Que tu es belle, mon amie, que tu es belle! 

    A la jument qu'on attelle aux chars de Pharaon,

    je te compare, ma sœur, ma bien-aimée.

    Tes cheveux sont un troupeau de chèvres, 

    Suspendues aux flancs de la montagne de Galaad.

    Tes dents un troupeau de brebis tondues, 

    Qui remontent de l'abreuvoir; 

    Tes lèvres sont un fil cramoisi, 

    Et ta bouche est charmante

    Ta joue est une moitié de grenade

    Ton cou est comme la tour de David, 

    Bâtie pour être un arsenal; 

    Mille boucliers y sont suspendus

    Tes deux seins sont deux faons, 

    Jumeaux d'une gazelle, 

    Qui paissent au milieu des lis

    Tu es un jardin fermé, ma sœur, ma fiancée, 

    Une source fermée, une fontaine scellée.

    Ton sein est une coupe arrondie, 

    Où le vin parfumé ne manque pas; 

    Ton corps est un tas de froment, 

    Entouré de lis

    Tes yeux sont comme les étangs de Hesbon, 

    Près de la porte de Bath Rabbim;

    Ton nez est comme la tour du Liban

    Ta taille ressemble au palmier, 

    Et tes seins à des grappes. 

    Je monterai sur le palmier, j'en saisirai les rameaux! 

     ____________________________________________________

    Et comment elle, la bien-aimée, répond-t-elle à son amoureux ? 

    Ben c'est plus soft déjà.  A part les yeux comme des colombes, pas de comparaison animalière ! 

     ____________________________________________________

     

    Mon bien-aimé est blanc et vermeil; 

    Il se distingue entre dix mille. 

    Sa tête est de l'or pur; 

    Ses boucles sont flottantes

    Et noires comme le corbeau. 

    Ses yeux sont des colombes au bord des ruisseaux, 

    Se baignant dans le lait, 

    Reposant au sein de l'abondance. 

    Ses joues sont un parterre d'aromates, 

    Une couche de plantes odorantes; 

    Ses lèvres sont des lis, 

    D'où coule la myrrhe. 

    Ses mains sont des anneaux d'or, 

    Garnis de chrysolithes; 

    Son corps est de l'ivoire poli, 

    Couvert de saphirs; 

    Ses jambes sont des colonnes de marbre blanc, 

    Posées sur des bases d'or pur. 

    Son aspect est comme le Liban, 

    Distingué comme les cèdres. 

    Son palais n'est que douceur, 

    Et toute sa personne est pleine de charme. 

    Tel est mon bien-aimé,

    Tel est mon ami, Filles de Jérusalem!

     


    votre commentaire
  • Mezzé bien sûr

    La cuisine est la même mais les restaurants sont "libanais" à Paris et "syriens" à Marseille. Pourquoi ? Je n’en sais rien. Peut-être tout simplement parce qu'il y a davantage de Libanais à Paris et davantage de Syriens à Marseille. Peut-être.

                                                   °  °  °                                   

    A combien la livre ?

    Après avoir été indexée sur le Franc puis sur la Livre Sterling, la valeur de la monnaie libanaise est aujourd'hui ancrée à celle du dollar au taux fixe de 1507 livres  pour un dollar.  Cela veut dire que le Liban a une monnaie forte convertible partout dans le monde. 

    La livre syrienne, elle, même si l'effigie de Hafez El Assad n'y figure plus, possède à peu près la même valeur que le peso cubain ou le won nord coréen.

                                                 °  °  °                                                          Anti... sémantisme    

    L’Etat syrien ne reconnaît pas Israël. Dans les discours officiels, Israël est désigné sous l’appellation "Palestine occupée"

                                                  °  °  °                                          

    Mégalomanie orientale

    Il existe depuis l’indépendance un petit parti d’opposition nationaliste et laïc très connu, plus ou moins encouragé par le pouvoir en Syrie qui s’appelle parti populaire syrien. Pour le fondateur de ce parti, Saadé Antoine (oui, il était chrétien) la Syrie naturelle, la Grande Syrie donc, se compose de la Syrie actuelle (normal) du Liban (bien sûr) de la Jordanie et de l’Irak (mais oui) et de la Palestine (Palestine occupée comprise, bien entendu).
    Si ce vaste programme de réunification était appliqué aujourd’hui la Syrie actuelle serait dans le meilleur des cas, une province pauvre de ce qui serait devenu le Grand Liban et, dans le pire des cas, un territoire occupé administré par le Grand Israël. 

                                                  °  °  °                                         

    Allah oui

    Ce qui aux yeux des islamistes sunnites rend le clan Assad illégitime au pouvoir c’est qu’ils sont de religion alaouite (branche minoritaire du chiisme, lui-même minoritaire par rapport au sunnisme). Pourtant, Hafez et son fils Bachar se sont bien convertis au sunnisme et ceci pour une raison très simple : la constitution syrienne précise, comme dans la grande majorité des pays musulmans, que le président doit être de religion musulmane. Et musulmane sans précision signifie Sunnite.
    Mais personne n’est dupe : tous les Syriens savent qu’ils se sont convertis parce que "Damas vaut bien une messe"

                                                  °  °  °                                     

    Vivre ensemble  

    Avant la guerre, le grief qu’on entendait le plus souvent dans la bouche des sunnites hostiles au régime Assad n’était pas du tout "ce sont de féroces  dictateurs" mais plutôt "ces chiens d’Alaouites n’avaient même pas le droit de nous regarder dans les yeux, et maintenant ils veulent nous gouverner ?"

                                                  °  °  °                                       

    Chapeau Baas, Michel  

    Le parti Baas (Parti socialiste de la résurrection arabe), qui est le parti du clan Assad au pouvoir en Syrie (mais qui était aussi celui du frère ennemi irakien Sadam Hussein), a été créé en 1947 et son principal fondateur et idéologue était... un chrétien orthodoxe : Michel Aflak.

                                                  °  °  °                   

    Los Turcos

    En Amérique latine, tous les migrants originaires du Moyen-Orient ont longtemps été appelés "Turcos" ( les Turcs)  alors que pour une bonne partie (dans les premières vagues, en tout cas) ils fuyaient la féroce occupation ottomane.

    L'écrivain brésilien Jorge Amado raconte une histoire de migrants syro-libanais arrivés au Brésil au début du 20e siècle dans un livre intitulé avec humour "La découverte de l'Amérique par les Turcs" (les "Turcs" étant donc paradoxalement les Libanais et les Syriens fuyant les Turcs)

                                                   °  °  °                   

    Diasporama

    La diaspora syrienne (avant la guerre) était estimée par le ministère syrien des expatriés à 15 millions de personnes pour une population sur place de 20 millions d’habitants.
    Mais ce chiffre comporte des descendants de 1re, 2e, 3e ou de 4e génération, c’est-à-dire des gens qui n’ont plus grand-chose à voir avec le pays de leurs arrière-grands-pères.

                                                  °  °  °                                       

    Galerie de portraits

    Plus grand-chose à voir, en effet, car les migrants syro-libanais (beaucoup sont de religion chrétienne) s’intègrent très rapidement (souvent en une génération) aux sociétés dans lesquelles ils vivent.
    Illustration : voici, parmi beaucoup d’autres, quelques personnalités connues ayant des origines syriennes ou libanaises, en vrac :

    Steve Jobs (fondateur d'Apple)

    Carlos Menem président argentin de 1989 à 1999

    Michel Temer, président par intérim du Brésil en 2018

    Jamil Mahuad président de l’Équateur de 1998 à 2000

    Fidel Castro leader maximo

    Jorge Amado , écrivain

    Mario Abdo Benitez, actuel président du Paraguay

    Fernando Haddad, candidat à la dernière présidentielle brésilienne

    Carlos Ghosn, PDG des groupes Nissan et Renault

    Paul Anka, chanteur

    Louis Chedid (et donc son fils Matthieu)

    Shakira, chanteuse

    Mika, chanteur

    et... (moins connu mais tout aussi talentueux)

    votre serviteur Carlus, blogueur

                                                °  °  °                                          

    Par contre, si un Libanais vous dit que Shakespeare avait des origines libanaises et que son vrai nom était Cheikh Ispir, sachez qu'il s'agit d'un trait d'humour ! 

     






    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires