• L'étrange marchand de Venise

    La pièce Le marchand de Venise de Shakepeare est-elle une pièce antisémite ?  Ca se discute, mais ça ne se tranche pas sans appel. Certes le juif Shylock est un usurier; certes il a demandé à Antonio, le marchand de Venise,  une livre de sa  chair comme gage. 

    Mais  il est malheureux : on a enlevé sa fille, on l'a humilié, on l'a enfermé dans le Ghetto. Et quand Antonio lui annonce qu'il ne pourra pas le rembourser, il décide de se venger et d'exige sa livre de chair.

     

    SHYLOCK 

    Il m’a humilié ; il m’a fait tort d’un demi-million ; il a ri de mes pertes ; il s’est moqué de mon gain ; il a insulté ma nation ; il a fait manquer mes marchés ; il a refroidi mes amis, échauffé mes ennemis, et pour quelle raison ? Parce que je suis un Juif.

    Un Juif n’a-t-il pas des yeux ? un Juif n’a-t-il pas des mains, des organes, des proportions, des sens, des affections, des passions ? ne se nourrit-il pas des mêmes aliments ? n’est-il pas blessé des mêmes armes, sujet aux mêmes maladies, guéri par les mêmes remèdes, réchauffé par le même été et glacé par le même hiver qu’un chrétien ? si vous nous piquez, ne saignons-nous pas ? si vous nous chatouillez, ne rions-nous pas ? si vous nous empoisonnez, ne mourons-nous pas ? et si vous nous outragez, ne nous vengerons-nous pas ? si nous sommes semblables à vous dans tout le reste, nous vous ressemblerons aussi en ce point. Si un Juif outrage un chrétien, quelle est la modération de celui-ci ? La vengeance. Si un chrétien outrage un Juif, comment doit-il le supporter, d’après l’exemple du chrétien ? En se vengeant. Je mettrai en pratique les scélératesses que vous m’apprenez ; et il y aura malheur si je ne surpasse pas mes maîtres

    William Shakespeare, Le Marchand de Venise, Acte III, scène 1

    « Sémantique du sémitismePauvre classe moyenne déclassée »