• La démocratie 2.0

     

    A chaque crise, désormais, le problème se pose de savoir si nous sommes bien représentés par nos élus. Pas pour conclure qu’on devrait changer les élus, non ! Pour trouver d’autres formes de représentation de la volonté populaire : référendum d’initiative populaire, quota d’élus choisis par tirage au sort, voire d'être représentés par tous ceux qui enfileraient un gilet jaune !

    Pourtant d’autres, de par le monde, ont déjà réglé le problème en innovant et c’est peut-être vers ces innovations qu’on veut nous emmener sans le dire vraiment. Quelques exemples :

     

    Syrie

    Il y a des élections en Syrie. Mais la moitié des sièges du parlement revient d’office aux membres du parti Baas

    L’autre moitié est répartie au prorata des suffrages issus des élections (y compris donc le parti Baas).

    Autrement dit, même si le parti Baas obtenait 1 % des suffrages, il aurait la majorité absolue. Mais je vous rassure, cher lecteur inquiet, le parti Baas fait beaucoup plus que 1 %

     

    Iran

    Les élections sont souvent relativement bien organisées (isoloirs, representants des différents candidats) mais c’est en amont que le tri a lieu : Toutes les candidatures doivent être validées par un Conseil des Gardiens de la Constitution.

    Exemple des critères de tri : Lors d'élections législatives en 2016, la candidature du petit-fils de l’ayatollah Khomeini a été refusée pour "insuffisance de compétence scientifique" (c'est-à-dire : islamique). En effet le brave rejeton du l'ex guide suprême avait cru, en raison de sa prestigieuse filiation, pouvoir se dispenser de se soumettre à un examen de théologie islamique organisé par le Conseil Gardiens de la Constitution, examen auquel s'étaient soumis les quelques 400 autres candidats.

     

    Cuba

    Il y a des élections à Cuba. Les candidatures sont proposés par des assemblées contrôlées par le Parti : "mouvements des travailleurs, de la jeunesse, des femmes, des étudiants et des paysans, ainsi que les membres des Comités de défense de la Révolution" .

    Les candidats ainsi désignés sont les seuls à pouvoir se présenter et sont élus au suffrage universel à bulletin secret. 

    Preuve de la supériorité de la démocratie cubaine et grande fierté du régime cubain : le contrôle des urnes électorales et leur dépouillement sont confiés exclusivement à ... des collégiens !

    (Vue l'importance de l'enjeu, on s'étonne même qu'ils n'aient pas confié cette tâche aux élèves des écoles maternelles)

     

    Venezuela

    Pour contourner un parlement gagné par l’opposition, le parti de Maduro a décidé de créer une assemblée constituante ayant tous les pouvoirs. Une partie de cette constituante a été élue au suffrage direct (mais les membres des partis politiques n’étaient pas autorisés à se présenter) et l’autre partie en fonction des groupes sociaux  avec des coefficients différents en fonction de leur importance dans la société (syndicats, retraités, étudiants, paysans, handicapés…)

    Beaucoup de gens, choisis par le régime, ont donc été invités, conformément à cette loi,  à voter plusieurs fois, par exemple une fois en tant que jeune, une autre fois comme "étudiant" voire peut-être une troisième fois dans le groupe des électeurs "handicapés".

     

    Liban

    Le Liban a un système électoral extrêmement complexe. Ce sont de vraies élections démocratique qui se font au scrutin direct pour des listes élues à la proportionnelle. Mais comme, au final, la constitution prévoit que le parlement doit être composé pour moitié de chrétiens pour moitié de musulmans, c’est donc à l’intérieur des deux grandes religions que les vraies batailles électorales ont lieu. 

    En effet les chrétiens étant assurés d’avoir la moitié des sièges du parlement, le seul problème qui se pose est de savoir qui des maronites, des grecs orthodoxes, des catholiques romains ou des coptes auront le plus d’influence à l’intérieur du camp chrétien. Et c’est souvent sur l’utilité d’une alliance avec telle ou telle obédience musulmane que les grandes familles  chrétiennes s’opposeront.

     

    Libye

    Quand on reprochait à Kadhafi l'absence d'élections dans son pays, il répondait (je cite de mémoire) " Pas besoin d’intermédiaires. Quand j'ai une décision à prendre, je descends dans la rue, j’interroge directement mon peuple et j'applique sa volonté"

    C'est le système le plus proche de ce que proposent certains Gilets jaunes : aller les interroger sur les ronds-points et faire ce qu'ils demandent sans passer par ces institutions stupides et inutiles que sont les assemblées parlementaires.  

     

    Et vous savez quoi ? On va y arriver un jour, vous verrez, à l'une ou à l'autre de ces formes supérieures de la démocratie !

     

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