• Le droit des peuples à disposer... de qui ?

     

    Le monde a bien changé. Dans ma jeunesse militante, le soutien des peuples en lutte contre la colonisation et pour leur indépendance tournait autour d'un slogan puissant, repris plus tard par l'ONU :

    Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes

    Le mot d'ordre était clair, logique, efficace. Il affirmait d'abord qu'il y avait des peuples, que ces peuples avaient des droits et que ces droits devaient s'exercer sur eux-mêmes, à l'intérieur d'un territoire donné protégé par des frontières.
    Il supportait toutes les variantes, ce slogan : Le féminisme résumé comme le droit des meufs à disposer d'elles-mêmes, le régime Khmer rouge comme le droit des Khmers à s'massacrer eux-mêmes, les dictatures comme le droit des chefs à s'désigner eux-mêmes, l'onanisme comme le droit des corps à se faire jouir eux-mêmes.

    Même lorsque l'URSS intervenait militairement dans les pays frères elle affirmait avec force qu'elle n'envoyait ses chars qu'à la demande des peuples pour leur permettre d'exercer leur droit à disposer d'eux-mêmes.

    Mais ce grand principe est battu en brèche depuis quelques années.

    D'abord par les Organisations Non Gouvernementales (en général occidentales) qui estiment que les peuples du Tiers-Monde ne savent pas gérer leurs problèmes et qu'il est nécessaire de les gérer à leur place. Pas question de confier de responsabilités importantes aux autochtones, ni de s'appuyer sur des structures locales.

    Battu en brèche ensuite par le fameux Droit d'ingérence proposé par le french doctor, défendu par la diplomatie française et adopté par le Conseil de Sécurité de l'ONU. Les peuples les plus forts ont le devoir et l'obligation morale de se soucier du respect des droits de l'homme dans les pays les plus faibles et éventuellement le droit d'intervenir militairement pour les faire respecter.

    Aujourd'hui, les mentalités ont tellement évolué qu'on en arrive à un principe que l'on pourrait résumer comme : le droit des peuples à disposer des autres.

    Quel étrange spectacle que ces milliers de Sud-Américains parcourant des milliers de kilomètres à pied pour se rendre aux USA dans l'intention de s'y installer et d'y vivre sans en avoir obtenu l'autorisation préalable. Le président du pays de destination a beau annoncer qu'il ne les laissera pas entrer, qu'il enverra l'armée pour les en empêcher, ces migrants continuent leur chemin, sûrs de leur bon droit et avec la conviction intime que ces menaces n'ont aucune valeur, qu'ils ont le DROIT de vivre dans le pays de leur choix et que la volonté des populations locales (exprimée par leurs dirigeants) est sans importance, illégale, nulle et non avenue. 

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    PS : je sais bien que les colonies de peuplement ont jalonné l'histoire  des hommes et que depuis le début de l'humanité les persécutés d'un pays ont trouvé refuge et racines dans les pays qui ont bien voulu les accueillir. Mon grand-père en est une illustration. Mais à l'époque on entrait dans le pays d'accueil avec humilité et avec la permission des autorités locales.   

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