• Mais où est donc passé Saint Louis ?

     

    Lorsque les sans-culottes ouvrirent le tombeau de Saint Louis pour le profaner et jeter son corps, comme les autres, à la fosse commune, ils ne trouvèrent que… deux phalanges !

    Que s’est-il passé ? Où a-t-on bien pu inhumer le corps de Louis IX ?

    La réponse est toute simple : Louis IX a été canonisé et est devenu Saint Louis. Et, au Moyen-Age, qui dit saint dit… reliques !

    En effet, les religions monothéistes, si elles appellent à la spiritualité et au mépris de la chair, ont toujours suscité chez leurs fidèles des pratiques, proches de la nécrophilie, consistant à adorer ou se croire protégés par des morceaux de cadavres humains.

    Le corps de Saint Louis a donc été au cours des siècles pour ainsi dire "éparpillé façon puzzle, ventilé, dispersé par petits bouts,…" mis en conserve dans des reliquaires pour être exportés dans le vaste monde chrétien.

    Voici quelques utilisations -non exhaustives- du cadavre du saint homme que les historiens ont pu recenser.

    - Déjà avant même la canonisation, après sa mort en croisade devant les remparts de Tunis, les proches de Louis IX se disputent son cadavre. Son frère, roi des deux Sicile, veut l’inhumer en Sicile alors que son fils Philippe le hardi exige qu’il soit ramené en France. Un compromis est vite trouvé :
    Le corps est divisé en 3 parties, le coeur est mis à part dans un reliquaire pour l’Eglise conformément à la tradition, les viscères sont envoyés en Sicile et les ossements en France à Saint-Denis lieu de sépulture des rois de France.

    Les choses auraient dû s’arrêter là. Mais moins de 30 ans après, le roi Louis IX est canonisé et devient Saint Louis. Et là, pour ses successeurs, ça devient le pactole ! Open Bar comme on dit aujourd’hui !

    - Philippe le bel, son petit-fils, fait transférer son coeur et son crâne (mais sans sa mandibule, allez savoir pourquoi, certainement pour pouvoir l’offrir) à la sainte chapelle et fait don d’une côte à Notre dame de paris.

    - Quelque temps après, il fait don de plusieurs phalanges de doigts au roi de Norvège pour la construction d’une église dédiée à Saint Louis.

    - En 1330, quelques os du saint destinés à une église à Prague sont envoyés à l’empereur du Saint Empire romain germanique
    - En 1392, une côte et un autre os sont offerts au pape
    - en 1 430 plusieurs os sont envoyés à louis VII de Bavière.
    - En 1 616 Anne d’Autriche se fait offrir une côte pour elle et un autre os pour offrir aux jésuites.

    Et les entrailles déposées en Sicile ? Chassés par Garibaldi, les souverains déchus les ont emportés dans leur fuite et s’en sont servis pour payer et récompenser leurs soutiens et protecteurs. Les saints boyaux se sont donc retrouvés par la suite dispersés dans le monde chrétien par dons, héritages, gages, prêts. On en a localisé à Rome, en Autriche, à Carthage, dans le Missouri, à Versailles.

    - Au XXe siècle encore, en 1926, un cardinal a offert un morceau de côte de Saint Louis à l’église Saint-Louis-de-France de Montréal.

    Bon, ceci dit, après le pillage des tombes royales de Saint-Denis par les sans-culottes et la mise des ossements royaux à la fosse commune, les plus identifiables des os de rois restent encore ceux de Saint Louis, "celui que, chez nous, nous appelons Louis IX", précise, dans un souci de polémique un peu anachronique, Jean-Luc Mélenchon.

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