• No future

     

    Au début, la Terre était peuplée de bactéries, d’amibes, de petites choses comme ça qui vivaient au fond des océans dans une biodiversité plutôt harmonieuse. Jusqu’au jour où l’une d’elles trouva un moyen original de se nourrir en utilisant l’énergie du soleil et en relâchant parallèlement un gaz mortel pour toutes les autres espèces : l’oxygène. Ce fut une énorme catastrophe écologique qui dura plusieurs millions d’années et fit disparaître de la surface de la Terre la plus grande partie des espèces vivantes bientôt remplacées par des organismes apparentés aux meurtriers qui savaient s’accommoder de l’oxygène et même en tirer profit.
    Nous faisons partie de la longue lignée de ces génocidaires.


    Beaucoup plus tard, mais il y a quand même fort longtemps, la Terre se peupla de ce qu’il convient d’appeler aujourd’hui les Dinosaures. Herbivores gargantuesques, carnivores insatiables, prédateurs redoutables, ils envahirent la totalité de la surface de la Terre qu’ils dominèrent sans partage pendant des millions d’années. Jusqu’au jour où un météorite un peu plus gros que d’habitude heurta la Terre, soulevant un nuage de poussière qui plongea la planète bleue dans une nuit nucléaire de plusieurs années. Les maîtres de la Terre disparurent alors, faute de nourriture et de soleil.
    Alors et alors seulement, des formes de vie mineures purent sortir des terriers qui les avaient protégés de la catastrophe et purent à leur tour vivre au grand jour et se perpétuer en nombre.
    Nous faisons partie de ces formes de vies mineures qui ne sont devenues puissantes que grâce à une terrible catastrophe qui fit des milliards de victimes.


    Eh quoi ? Il faudrait que la série s’arrête là ? Que l’histoire de la planète prenne fin parce que cela ne nous arrange pas ? Il serait écrit quelque part dans le Livre d’Or de l’Univers que les lois du hasard et de l'évolution arrêteraient de s'appliquer à l’arrivée de l’Homme ?

    Allons, allons, mes amis, d’autres espèces, que nous ne soupçonnons pas, sont sur le pas de la porte et attendent en piaffant de se développer et de dominer à leur tour la planète. Alors, je vous en conjure, mes amis, soyons fair-play : respectons le cycle naturel de la vie et dépêchons-nous de disparaître afin de leur laisser la place.

    Jouissons sans entrave, tuons tout ce qui bouge, empoisonnons l’atmosphère, contaminons les océans, défigurons la nature, rasons les forêts ! Le temps qui nous était imparti est écoulé ! Demain sera un autre jour mais pour d’autres espèces ! Pour nous il n’y a pas de futur !

     

     

    « Quand je serai bien vieux... Il nous ôte toutes les raisons d'aimer la France »