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Poésie : Covid 19 vu par Saint John...
En période de confinement, on s'amuse comme on peut. On peut par exemple s'amuser à pasticher... Saint John Perse. Son souffle épique et grandiose convient si bien aux grandes catastrophes !
Covid-19
Fils de la Faucheuse furent les grands virus en marche sur la Terre.Casqués de plume et haut-troussés, couronnées de piques délétères,
Comme les terribles Gorgones coiffées de leurs vipères,
Comme la Mort foulant le sol au seuil de nos demeures,
Ils arrivèrent d'Asie dans le souffle de nos frères,
Et peuplèrent d'immense malheur l'avril des grandes nations !
Et je n'ai garde d'oublier leur piétinement au seuil des salles de
réanimation :
Poison ô poison, par la toux et la goutte jusqu'à nous projeté,
Malheur ô malheur, par le sang animal sur notre sol importé !
Ce sont des fleuves de larmes versées
Ce sont des morts par charretées
De grands convois d'âmes pour l'Enfer
Une grande hécatombe pour nos vieux peuples genoux à terre
Saint-John Carlus
Pour ceux qui persistent malgré tout à préférer Alexis Léger à Carlus, voici un extrait original de son long poème qui évoque les pluies tropicales
Sœurs des guerriers d'Assur furent les hautes Pluies en marche sur la Terre :
Casquées de plume et haut-troussées, éperonnées d'argent et de cristal,
Comme Didon foulant l'ivoire aux portes de Carthage,
Comme l'épouse de Cortez, ivre d'argile et peinte, entre ses hautes plantes apocryphes...
Elles avivaient de nuit l'azur aux crosses de nos armes,
Elles peupleront l'Avril au fond des glaces de nos chambres !
Et je n'ai garde d'oublier leur piétinement au seuil des chambres d'ablution :
Guerrières, ô guerrières par la lance et le trait jusqu'à nous aiguisées,
Danseuses, ô danseuses par la danse et l’attrait au sol multipliées !
Ce sont des armes à brassées
Ce sont des filles par charretées
Une distribution d'aigles aux légions
Un soulèvement de piques aux faubourg pour les plus jeunes peuples de la terre
Saint-John Perse ("Pluies" extraits)