• Si je mourais là-bas…

    L'hommage rendu à un héros de guerre me rappelle toujours que je n'ai pas connu la guerre. Ou plutôt que je n'ai vécu que des guerres fantasmées à travers  le cinéma, la littérature et mon imagination.
    Le personnage récurent auquel je m’identifie quand on évoque la guerre de 14/18 est alors celui d’un soldat grelottant de froid et de peur dans la boue d’une tranchée, en train d’écrire à sa belle, au milieu de la vermine, des cadavres et des rats.

    De temps en temps, la belle à qui j'écris est une petite garce infidèle, comme la Lou d'Apollinaire.


    Si je mourais là-bas…


    Si je mourais là-bas, sur le front de l’armée,
    Tu pleurerais un jour, ô Lou ma bien-aimée,
    Et puis mon souvenir s’éteindrait comme meurt
    Un obus éclatant sur le front de l’armée,
    Un bel obus semblable aux mimosas en fleur.

    Le fatal giclement de mon sang sur le monde
    Donnerait au soleil plus de vive clarté,
    Aux fleurs plus de couleur, plus de vitesse à l’onde,
    Un amour inouï descendrait sur le monde
    Ton amant serait plus fort dans ton corps écarté.

    Lou, si je meurs là-bas, -souvenir qu’on oublie-
    Souviens-toi quelquefois des instants de folie
    De jeunesse et d’amour et d’éclatante ardeur.
    Mon sang est la fontaine ardente du bonheur,
    Sois donc la plus heureuse étant la plus jolie.

    Ô mon unique amour et ma grande folie

    Guillaume Apollinaire

    « De quoi mourait-on il y a deux siècles ?L'actu quotidienne au temps du trumpisme »

    Tags Tags : , ,
  • Commentaires

    1
    Samedi 21 Novembre 2020 à 17:39

    Magnifique poème.

      • Samedi 21 Novembre 2020 à 23:23

        Oui, j'aime beaucoup

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :