• Surendettés de tous les pays...

    Deux phrases résument bien, à mon avis,  la négociation qui s'annonce entre l'Union Européenne et la  Grèce, si Siriza gagne les élections, comme annoncé par les sondages.

    Alexis Tsipras : (la position allemande relève d'une) "logique protestante, à savoir : Nous avons des règles, les règles ne sont pas modifiables, qu'elles conduisent à des résultats positifs ou négatifs, et nous mettons en oeuvre les lois, qu'elles soient efficaces ou pas".

    Et la position de Christine Lagarde, directrice du FMI

     « Une dette est une dette, c'est un contrat. Faire défaut, restructurer, changer les termes a des conséquences sur la signature » d'un pays, a prévenu la directrice du FMI, Christine Lagarde.


    Conséquence sur la signature, c'est-à-dire sur la capacité d'emprunter à l'avenir. Il y a un aspect dans la position de Tsipras dont on ne parle pas beaucoup dans la presse, mais qui à mon avis constitue le noeud du problème : Tsipras ne se bat pas seulement pour restructurer ou effacer la dette grecque, mais aussi pour pouvoir recommencer à emprunter tout de suite après !


    J'ai participé il y a une dizaine d'années à une Commission de surendettement. J'ai vu des surendettés accidentels qui faisaient ce qu'on leur demandait de faire et remerciaient sincèrement la Commission pour ce qu'elle leur avait apporté (en général, l'effacement d'une partie de la dette et l'étalement du reste).  

    J'ai vu aussi beaucoup de surendettés chroniques qui avaient au moins  quatre caractéristiques communes :
     
    - L’arrogance et le refus de se serrer la ceinture. Leur proposer de renoncer à l'abonnement Canal Plus, ou de prendre un abonnement téléphonique moins cher avait le don de les énerver.

    - Le cynisme : beaucoup d'entre eux, par exemple, avaient entendu dire qu'on pouvait  poursuivre une banque pour "soutien abusif" ou pour  avoir accordé avec légèreté des prêts. Et bien sûr, ils voulaient poursuivre leurs banques, alors qu'en général, ils avaient caché leur endettement et menti délibérément lors de la constitution du dossier de demande de prêt.

    - Ils étaient tous persuadés qu'il existait des astuces (juridiques ou autre) permettant, de façon certaine, d'effacer l'endettement d'un trait de plume (le fameux "bof, on peut changer les règles du jeu quand on veut" de Tsipras ). Et que s'ils n'en bénéficiaient pas, c'est par pure méchanceté des membres de la commission qui  réservaient cette possibilité pour leurs amis

    - Et enfin, on sentait bien, pour les plus mordus, qu'ils avaient déjà le regard fixé sur l'endettement de l'après désendettement. Je veux dire par là : des gens heureux d'apprendre qu'on a trouvé une solution et qui deviennent brusquement très déçus et même très agressifs quand on leur apprend qu'ils seront fichés à la banque de France et qu'ils ne pourront pas obtenir de prêts pendant cinq ans.

     
    On retrouve ces quatre caractéristiques dans la position de Siriza :
    - Ils ne proposent pas le moindre sacrifice pour  désendetter leur pays
    - Ils rendent les organismes prêteurs responsables de leurs problèmes
    - Ils comptent sur un "rapport de force" pour modifier un contrat en cours
    - Mais ils veulent dès le lendemain du désendettement pouvoir recommencer à contracter des prêts comme si de rien n'était !

    C'est pour cela qu'ils ne souhaitent quitter ni l'Union Européenne, ni l'euro ! Vous m'en direz tant ! 

     

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