• Y en a certains qui aiment...

     
    Nous faisions l'amour bien trop sagement à son goût. 
    - C'est à cause de ma corpulence , disait-elle! 
      - C'est à cause de ton innocence !
    Elle aimait les massages pudiques et les caresses sensuelles. 
    Sa spécialité au lit, fièrement revendiquée, était "la pluie de baisers". 
    J'en redemandais. 
    Après l'amour, elle aimait rester nue sous l'édredon à regarder la télé et à commenter. 
    Je m'ennuyais délicieusement. 
    Elle était jolie et avait un corps ferme. Elle savait se maquiller et s'habiller. 
    Elle me plaisait. 
    Elle se trouvait trop forte et manquait de confiance en elle. 
    Mais affirmait savoir faire preuve d'autorité. En tout cas comme monitrice de colonies de vacances, le seul travail (payé, précisait-elle!) qu'elle avait réussi à trouver. 
    Elle m'appelait " mon coeur" et rien d'autre. Elle aimait sa mère fantasque et son père malade. Elle n'aimait pas ses frères et leurs femmes. "Des apprentis intégristes "! disait-elle, l'air grave. 
    Elle avait adhéré à Ni Putes Ni Soumises. Mais elle l'avait fait en catimini, dans un autre quartier que le sien et n'avait jamais participé à aucune manifestation. Courageuse mais pas téméraire. 

    Mais c'était pour défendre « ses droits de femme » expliquait-elle. Ses droits de femmes menacés non par la société, non par des ministres, non par des juges ou des policiers, mais par son père, ses frères, ses cousins et ses oncles, tous de braves gens, honnêtes et travailleurs pour qui l'humanité s'arrête aux talons des femmes. Tous de braves gens attachés au culte de la virginité et à la polygamie comme étant des valeurs "culturelles". Tous de braves gens expliquant à qui veut bien entendre que les femmes sont trop émotives pour qu'on leur confie des responsabilités importantes. De braves gens qui se plaignent des brimades du policier et du videur de boîte de nuit tout en tout exerçant, en toute bonne conscience, les mêmes brimades envers leurs soeurs, leurs femmes, leurs filles et leurs cousines. 

     

    Elle s'était inscrite à 28 ans à la fac de Droit. Elle a abandonné après quelques mois. Trop compliqué. Trop surveillé. Trop mal compris par ses proches. Qu'elle aille à la fac, ce lieu de débauche bien connu, leur semblait tellement plus grave que les déboires de son frère avec la justice, que la maladie de son père, que le chômage de son oncle ! 

     

    Elle s'occupait de son père malade du cancer. Mais curieusement le "traumatisme de sa vie" a été d'apercevoir un jour au centre commercial sa mère embrasser furtivement un homme "sur la bouche". L'homme en question étant un vieil ami de son père qu'elle a toujours appelé "Tonton". 


    Un soir alors que je la raccompagnais chez elle, des jeunes en bande de sa communauté sont passés devant nous en disant assez fort pour être entendus: 
    "Y en a certains qui aiment les grosses PUTES !" 
    Elle a fait semblant de ne pas entendre. Moi aussi, avec ma lâcheté coutumière ! 

     

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