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Les polissonneries de Voltaire
Quand Voltaire disait "Il faut cultiver notre jardin", il pensait peut-être déjà au "petit bois touffu", au "joli bocage" et à l'aimable "gazon" d'une jolie Aminthe pour qui il a écrit ce petit dialogue poétique qu'il a lui-même qualifié de polisson.
Résumé pour les gens pressés qui n'aiment pas les messages cachés :
1- Ma chérie, j'aimerais tant faire l'amour avec toi
2- Ah oui ? et si je tombe enceinte, je fais quoi ?
3- Mais non, chérie, je vais me retirer à temps !
4- C'est ça, ouais, je vais te croire !
Polissonnerie
Voltaire
– Je cherche un petit bois touffu,
Que vous portez, Aminthe,
Qui couvre, s’il n’est pas tondu,
Un gentil labyrinthe.
Tous les mois, on voit quelques fleurs
Colorer le rivage ;
Laissez-moi verser quelques pleurs
Dans ce joli bocage.– Allez, monsieur, porter vos pleurs
Sur un autre rivage ;
Vous pourriez bien gâter les fleurs
De mon joli bocage ;
Car, si vous pleuriez tout de bon,
Des pleurs comme les vôtres
Pourraient, dans une autre saison,
M’en faire verser d’autres.– Quoi ! vous craignez l’évènement
De l’amoureux mystère ?
Vous ne savez donc pas comment
On agit à Cythère ?
L’amant, modérant sa raison,
Dans cette aimable guerre,
Sait bien arroser le gazon
Sans imbiber la terre.– Je voudrais bien, mon cher amant,
Hasarder pour vous plaire ;
Mais dans ce fortuné moment
On ne se connait guère.
L’amour maîtrisant vos désirs,
Vous ne seriez plus maître
De retrancher de nos plaisirs
Ce qui vous donna l’être.Voltaire
Tags : pleurs, bocage, polissonnerie, voltaire, poésie, érotique