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Le débat de la mort
Macron ne veut pas débattre, en tout cas au premier tour, si j’ai bien compris. Et peut-être aussi au deuxième, mais il sera moralement et politiquement obligé de s’y plier, à mon avis.
Qu’est-ce qui se cache derrière l’envie de débattre des uns et la réticence des autres ? On peut dire en résumé que moins on a de chances de gagner, plus on a envie de débattre et vice et versa. Et ce pour au moins deux raisons
1- La petite phrase assassineDepuis les fameux "Monsieur Mitterand, vous n’avez pas le monopole du cœur" et "Vous êtes l’homme du passé" censés avoir fait gagner Giscard, tous les politiques sont persuadés (à tort ou à raison) qu’une petite pique assassine peut faire gagner une élection. On ne débat donc pas pour dérouler son programme et critiquer celui de l’autre (ça, on peut le faire tout seul ou face à des journalistes) mais principalement pour sortir une formule assassine préparée à l’avance qui collera à la peau du l'adversaire. De quoi se souvient-on des derniers débats ou propos de campagne présidentiels de ces dernières années ? En vrac,
- De Mitterrand rétorquant sept ans plus tard à Giscard "vous êtes l’homme du passif"
- D’un Mitterrand, fort de son statut de Président sortant, répondant à Chirac avec un sourire condescendant, "Vous avez raison, Monsieur le Premier ministre".
- De la colère manifestement feinte et préparée de longue date de Ségolène,
- De l’insignifiant Poutou obtenant rires et applaudissements avec sa formule "moi, je n’ai pas d’immunité ouvrière",
- Des "pudeurs de gazelle" de Mélenchon,
- De Zemmour déclarant avec un sourire satisfait "Madame Pécresse est Madame 20 h 02"
2- Le suicide en directMais s'il y a l'envie de tuer l'adversaire avec le petit mot assassin, il y a aussi la crainte du suicide en plein vol au cours du débat, la connerie qui aura pour conséquence de vous disqualifier ou pire encore d’offrir sur un plateau un moment de gloire à votre contradicteur. Il y a deux exemples qui me viennent à l’esprit :
- La peine de mort de Giscard
Grossière erreur de Giscard qui tente de mettre Mitterrand en porte-à-faux avec la majorité des Français majoritairement favorable à la peine de mort. Il offre alors à son adversaire l’occasion de s’exprimer avec une hauteur et une dignité qui seront louées le lendemain par la presse et même par des soutiens de Giscard.
- "Ils sont partout" de Marine Le Pen
Là c’est Marine Le Pen qui se ridiculise devant un Macron qui n'en demandait pas tant. Déstabilisée, elle fera par la suite de grossières erreurs factuelles sur des questions économiques que Macron ne manquera pas de corriger en direct, ce qui a eu pour effet d’accentuer l'impression de compétence économique qu’il souhaitait justement mettre en avant.
Tags : debat, giscard, mitterand, macron, le pen, chirac
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Commentaires
Souvenirs...souvenirs...
Ca ne nous rajeunit pas !