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Permutations religieuses
Au cours de mes voyages dans le temps, je me suis souvent heurté aux nouvelles religions.
- Quand j'étais un Romain des premiers siècles ab Urbe condita, j'étais fermement opposé à ce que ma cité s’approprie purement et simplement tous les dieux grecs en changeant seulement, summum du ridicule, leurs noms.
"Peuple de Rome, nous avons été assez forts pour vaincre et soumettre les cités grecques, mais nous ne serions pas assez doués pour trouver nos propres dieux ? Sommes-nous condamnés pour l’éternité à adorer les dieux de ceux que nous avons vaincus ? et reprendrons-nous à notre compte, toute honte bue, le mot d'Horace "la Grèce vaincue a vaincu son vainqueur" ?
- Quand j'étais Gaulois, j’ai regardé avec tristesse mon pauvre peuple vaincu abandonner progressivement ses dieux et ses druides pour adopter sans vergogne les dieux du vainqueur, les coutumes du vainqueur, le mode de vie du vainqueur.
"Ô mon fier peuple celte, ô valeureux descendants de Brennus et de Vercingétorix, je vous le dis avec tristesse : la plus grande de nos défaites sera, non d'avoir perdu la guerre contre Rome, mais d'être devenus des Gallo-romains. Et les livres d'histoire en témoigneront dans deux mille ans, je vous le dis ! Quelle honte !"
- A l'époque où j'étais Franc, j’ai observé avec beaucoup d’incompréhension et d'hostilité mon chef Clovis adopter une religion venue d’Arabie et qui n’était pratiquée que par les esclaves et le petit peuple des pays que nous avions vaincus. Et j'ai partagé mes craintes avec mon roi.
"Dis-moi, Clovis, ô mon roi, que peut bien apporter aux farouches guerriers que nous sommes cette religion de pleurnichards masochistes (1) ? Avons-nous donc conquis ces territoires juste pour les donner en offrande au Dieu de ta femme ?" (2)
- Devenu un Russe du XXe siècle, j’ai cru sincèrement que l’humanité en avait définitivement fini avec les religions et autres superstitions pour s’engager de façon irréversible sur la voie de la raison, du progrès technique et de la justice sociale. Et j'ai immédiatement adopté la nouvelle religion qui venait de naître, pauvre naïf que je suis.
"Il n’est pas de sauveurs suprêmes
Ni Dieu, ni César, ni Tribun,
A part, bien sûr Marx et Engels
Lénine, Staline, Mélenchon
C’est la lutte finaaale…"Aujourd'hui, devenu un Européen du XXIe siècle, je regarde avec crainte et colère les religions (et parmi elles, la plus stupide) conquérir les esprits avec beaucoup de savoir-faire, d’assurance et d’habileté... et de complicité de la part d'idiots utiles ne voyant pas plus loin que le bout de leur nez-lectoral
"Ô vous, leaders avisés et habiles qui avez décidé d'importer une base électorale que vous ne trouvez plus sur place, êtes-vous certains qu’au final ce ne seront pas vos enfants qui serviront de base prosélyte aux prophètes venus d’ailleurs ?"
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(1) : oui je sais, je sais, Sacher-Masoch n'était pas encore né. Mais peut-on vraiment reprocher un anachronisme à quelqu'un qui voyage dans le temps ?
(2) Il va de soi que, sachant que Clovis n'avait pas bien intégré les préceptes de pardon et de tolérance de sa nouvelle religion, tout de suite après cette remarque, j'ai préféré changer d'époque
Tags : religion, dieu, peuple, vainqueur, bien, mal