• Onfray, le philobeauf

    Quand un philosophe s'exprime et pense comme le beauf de Cabu, il reste philosophe ou pas ? Peut-être, oui, malgré tout.

    Le philobeauf

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Dire grosso modo, "j’ai vu à la télé qu’un type l’avait giflé et qu’un autre a craché sur son passage, DONC (donc ! Vérifiez, il y a bien un lien de causalité !) donc, les sondages qui le donnent à plus de 20 % sont truqués et je n’y crois pas", c’est typiquement le raisonnement du beauf version 2.1 dit "le beauf des réseaux sociaux". Ca consiste à faire fi de de tous les travaux de recherche, de toutes les enquêtes d’opinion, de tous les points de vue opposés au sien, et de présenter sa propre perception tordue par sa subjectivité comme étant une analyse sociologique ou politique ou philosophique.

    C’est du Zemmour qui regarde les femmes et qui se dit "Non mais franchement, regardez-les, elles ne sont pas faites pour commander, enfin voyons !", c’est du Marwan Muhammad qui regarde les coreligionnaires et qui nous dit "mais vous voyez bien que les musulmans français sont traités en France comme les juifs sous Hitler". Bref c’est de l'hallucination idéologique se présentant comme de l’observation du réel et de la pensée rationnelle. 

    Onfray continue à se dire de gauche ("gauche réfractaire" éventuellement). C’est un vieux réflexe des années 80 dont les gens de notre génération ne réussissent pas à se débarrasser. Finkielkraut a le même problème. Naulleau également. Et moi aussi d'ailleurs (si si, cher lecteur, je continue à me considérer encore comme étant de gauche, même si j’ai voté Fillon il y a 5 ans,  Pécresse hier et Macron dans quinze jours :-). Mais qu’est-ce qu’il y a de gauche chez Onfray depuis une dizaine d’années ? Il préconise les traitements du professeur Raoult (sauf quand il tombe malade du Covid, mais ça, c’est un autre problème) comme toutes les personnalités d’extrême droite, il est d’accord avec Zemmour sur l’essentiel et "pourrait voter pour lui" (mais à condition qu’il "muscle son bras gauche", ah le Tartuffe !), il admire l’islam intégriste pour le respect qu’il a de la femme (je ne retrouve plus la vidéo), et quand il écrit un livre sur Freud, c’est pour rejeter en bloc et sans nuance toute son œuvre et pour le qualifier même de nazi (parce que, semble-t-il, pour fuir l’Autriche avec sa famille, Freud a écrit une lettre de flatterie à un responsable nazi).

    Et puis... beauf encore,  après avoir fait un AVC, il s'en prend à ceux qu'il estime responsables de son problème de santé, à savoir les médecins ( des guignols, des médecins d'opérette, des sadiques, des corporatistes)  et la médecine (qui  relève de l'art diplomatique de mentir). Notons quand même que ces chiens de médecins l'ont bien soigné et qu'il s'en est sorti sans aucune séquelle.

    Il a une immense culture, mais on ne trouve pas chez lui ce désir de plaire et de convaincre qu’on trouve chez Enthoven, ni cette passion dans l'argumentation qu’on trouve chez Finkielkraut (et qui l’amène parfois à sortir de ses gonds). Non, lui, il parle ex cathedra, sans émotion, le visage toujours placide comme un professeur hautain s’adressant sur un ton condescendant à des élèves qu’il méprise.

    Mais pourquoi je raconte tout ça, moi ? Hé bien… parce que… euh…comment dire… ? Normalement j’aime bien les philosophes ! Mais Onfray, ben,  je ne l’aime pas, je ne sais pas pourquoi ( enfin... si, quand même un peu) !

    Ben quoi, j’ai le droit, non ?

     

     

     

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