• Théâtre : L'Opération spéciale ( suite )

    Lieu : Bureau du Kremlin

    Personnages : 

    - Aède, directeur de conscience du Tsar

    - Des généraux revenant du front


      

    - Un général (le regard inquiet) : Comment a-t-on pu en arriver là ? (Croisant un aède) Hé, toi, l'aède, qui es dans le secret des dieux, qui es leur confident, dis-nous ce que peut bien cacher cette opération coloniale... spéciale, pardon,  d'un autre temps !

    - L'aède (lyrique) : C'est un cheminement astral, Messieurs les militaires, un voyage initiatique, une carte divine que vous ne pourrez jamais comprendre... 

    -Un général : Ca c'est notre affaire, Poète. Dis nous ce que tu sais !

    L'aède : Comme vous voudrez, Messieurs ! Asseyez-vous et écoutez

     

    Lorsque dans son bureau, au centre du Kremlin
    Échevelé, livide au milieu des médecins,
    Le Tsar sut que pour lui, ça sentait le sapin,
    Il décida, nerveux, de changer son destin
    En annexant de suite un des pays voisins.

    Mais alors que, fiévreux,  il ouvrait la fenêtre
    Il vit Volodimir, tout au fond des ténèbres,
    Et qui le regardait, de son regard  funèbre.

    " Qu’on lui envoie l’armée ", dit-il avec fureur.
    "Je vous donne quatre jours !" dit-il aux militaires
    "Après trois jours, trois nuits, sans repos et sans trêve
    Vous prendrez toute l’Ukraine et arriverez à Kiev
    Et capturerez ensuite le président acteur"

    Mais après ces trois jours, dans son monde irréel,
    Il vit Volodimir, tout au fond du grand ciel,
    Et qui le regardait, d'un regard plein de fiel.

    « Qu’on lui envoie Wagner », dit-il avec fureur.
    Il verra qui je suis ! Et ma parole d’honneur
    Que dans trois mois à peine, l’Ukraine sera en feu !
    Je fais le serment, moi, grand serviteur de Dieu
    Qu’on m’amènera la tête de ce minable acteur !

    Mais après ces trois mois, dans ses rêves enfiévrés,
    Il vit Volodimir, piètre acteur de télé,
    Dans un treillis seyant, qui le dévisageait.

    Alors il tressaillit en proie au noir frisson.
    « Qu’on envoie les Tchétchènes », hurla le baryton
    Qu’ils massacrent et qu’ils violent, vieillards, femmes et enfants
    Et qu’après leur passage, dans un peu moins d’un an
    Il ne reste de l’Ukraine que des cendres et du vent !

    Mais après plus d’un an, au fond de ses cauchemars,
    Il vit Volodimir, auréolé de gloire,
    Et qui le regardait en  T-shirt moulant noir.

     

     

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