• Aime-moi ou quitte-moi

    Cette chanson de Nina Simone est certainement celle que j’ai le plus écoutée dans ma longue vie. Par périodes, bien sûr, pas en continu. Et pour une tonne de raisons :

     

    - La première étant qu’on ne peut pas l’écouter sans bouger, sans battre la mesure avec les pieds ou les doigts. Une sorte de petite décharge d’adrénaline à écouter en boucle quand on se sent mou et raplapla ou, au contraire, quand tout va bien et qu'on a envie de bouger. 


    - La deuxième raison est que pour moi le Jazz c’est ça : Des gens qui prennent du plaisir à jouer de leur instrument. Le long solo de piano de ce titre n’est ni une démonstration de virtuosité, ni une pure formalité mais une parenthèse ludique. Ca relève davantage de l’improvisation de musicien faisant un boeuf. On sent le plaisir d’être musicien et la joie de partager avec le public l’amour qu’on porte à un instrument. Je n’ai d’ailleurs jamais compris comment les plateformes de musique pouvaient classer dans la rubrique Jazz des chanteurs non musiciens comme le sirupeux Nat King Col ou le mielleux Frank Sinatra.


    - La troisième raison est parce qu’elle transforme une chanson de soumission en un cri d’orgueil et de bravade. A l’origine, d’ailleurs, cette chanson est plutôt mollassonne (voir ici chantée par Billie Hooliday). Face au "ne me quitte pas" des hommes (qui peut devenir assez facilement "sinon je te tue") il y a le sublime "si tu ne m’aimes pas , va-t'en" ou "si tu ne m’aimes pas, je préfère m’en aller " des femmes fières et orgueilleuses pour qui la menace suprême consiste à priver de leur présence et de leur amour ceux qui ne le méritent pas.

     

     

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