• Léonard de Vinci, mon pote LGBT

     

    Résumé pour mes amis qui n'aiment pas les chichis et les développements à la noix : Léonard de Vinci n’a peut-être jamais eu de relations sexuelles de sa vie. S'il en a eu, elles étaient homosexuelles. 

    Voilà, c’est tout ! Une vie tranquille, sans sexe, consacrée aux arts et aux sciences.

    Et voici la version réservée aux adeptes de la tétrapilectomie .

    (Tous les passages soulignés en vert sont de Sigmund Freud)

    (Mes digressions et tentatives désespérées de prendre la défense de mon ami Léonardo sont grises)


     

    Léonard de Vinci a laissé dans ses carnets la confession suivante :

    "Il me vient à l’esprit comme tout premier souvenir qu’étant encore au berceau, un vautour est descendu jusqu’à moi, m’a ouvert la bouche de sa queue et, à plusieurs reprises, a heurté mes lèvres de cette même queue".

    Ô mon Dieu ! Une queue dans la bouche ? Que n’avait-il dit là ? Du pain béni pour les psychanalystes quelques siècles plus tard !

    Quel pouvait bien être le sens caché de ce rêve ? C’est le grand Sigmund Freud en personne qui s’y colle en écrivant un ouvrage intitulé "Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci" qui a pour objectif de démontrer que Léonard de Vinci était homosexuel !

    Un homosexuel refoulé, bien entendu, sinon ça n’a aucun intérêt pour Freud !

    Quels sont les arguments avancés par Freud ? Oui, je sais, vous me direz qu’à partir du moment où un psychanalyste vous a qualifié d’homosexuel refoulé,, ce sont vos dénégations qui sont ses arguments !  Mais je vous répondrais que si ses émules fonctionnent volontiers comme ça, Freud, lui, argumente ! Quels sont donc ses arguments ?

    Il y a, au départ, ce rêve qu’il appellera "le fantasme au vautour" qui, selon lui, traduit le fantasme de fellation forcée propre aux homosexuels refoulés. (Notons que Freud considère aussi comme indice d'homosexualité le fait de tenir un journal intime ! Mais oui cher diariste, qui comme moi, tenez un blog qui ressemble parfois un peu à un journal intime, vous savez maintenant ce que Freud pense de vous !) Mais ensuite ?

    - 1) Hé bien, on ne lui connaît quasiment aucune liaison amoureuse ou sexuelle affichée avec des femmes.

    Je tente de prendre sa défense : Oui mais bon, peut-être qu’il le faisait en cachette, qu’il ne voulait pas être perturbé dans sa vie d’artiste par une femme régulière et qu’il faisait appel en catimini à des call-girls…

    - 2) Il aimait sa maman de façon excessive. Il était fils illégitime d’une notaire et d’une paysanne. Il a vécu une enfance heureuse seul avec sa mère. Puis, son père ne pouvant pas avoir d’enfant avec son épouse, décida de le récupérer et l’arracha brutalement à sa mère pour l’emmener vivre avec lui.

    Ah non ! Si tous les hommes qui aiment beaucoup leurs mamans étaient gays, moi j’aurais été gay ! (bien sûr sans le dire à maman, pour ne pas la tuer !)

    - 3) Autre indice : Léonard aimait, semble-t-il, les beaux garçons

    "Il se choisit des élèves jeunes et beaux, mais rien n’indique qu’il ait eu des relations sexuelles directes avec eux."

    Oui bon... peut-être que les conseils de classe n’orientaient pas les filles vers les filières artistique à cette époque

    - 4) Mais il est précisé ensuite qu’aucun de ses élèves n’a laissé une œuvre quelconque, même médiocre (contrairement aux élèves des autres maîtres), ce qui laisserait entendre qu’ils ne branlaient rien (enfin… ! façon de parler) dans l’atelier du grand maître et qu’ils étaient là juste pour être regardés !

    Pour sa défense je dirais que ses élèves étaient peut-être issus de quartiers difficiles, pas parfaitement italianophone, ou handicapés par une double culture... ce sont des arguments intemporels qui expliquent l'échec scolaire, non ?

    -5) Autre indice : Il a eu des démêlés avec la justice pour acte de sodomie. Mais il a été prouvé que l’accusation était malveillante et il a été acquitté !

    Ah oui, accusation malveillante, comme Macron ? heureusement, il semble que la présomption d'innocence existait déjà et  les fact-checkers aussi !

    -6) Autre indice ? Et c’est pour moi le plus troublant : Léonard trouvait l’acte et les organes sexuels laids !

    "Il montre un extraordinaire refoulement sexuel, que confirme une phrase tirée de ses carnets :

    « L’acte de procréation et ses organes sont caractérisés par une telle laideur que, n’était la beauté du reste du corps, la race humaine se serait éteinte depuis longtemps. »

    C’est pas terrible et poignant, ça ? Ce type est LE grand génie de l’humanité, artiste, scientifique, ingénieur, inventeur, anatomiste, peintre, sculpteur, architecte, urbaniste et philosophe, il est considéré généralement comme la personne la plus talentueuse ayant jamais vécu sur cette Terre ; une copie d’une de ses œuvres a été envoyée dans l’espace pour un voyage de 35 000 ans et quand la Terre aura disparu, il sera peut-être le seul représentant de l’humanité à être un jour connu dans l’univers !

    Hé bien, ce type-là, dans sa chambre, en chemise de nuit, face à lui-même, en écrivant son journal intime à la lueur des bougies, se disait : l’acte sexuel et les organes sexuels sont horriblement laids ! C’est… comment dire ? humain, fragile, émouvant ! Il aimait sa maman de façon tendre et exclusive, il n’aimait pas les femmes, trop… humides, trop goulues, il aimait les beaux jeunes hommes, mais n’osait pas les toucher… alors il bossait, il inventait, il peignait, il sculptait, il regardait le ciel et les oiseaux et inventait des machines à voler, il regardait la mer, les poissons et dessinait des sous-marins, et puis il pensait encore à son enfance et la douceur de l’amour maternel, puis à la laideur des organes sexuels et à la position ridicule que les hommes et les femmes prennent pour s’accoupler…

    Vous savez quoi ? je vais vous dire (mais je vous en prie, ne le répétez pas à Freud, cela pourrait donner lieu à une interprétation erronée me concernant ) je crois que l’aime, ce type !

    Oui, je sais, c'est facile, tout le monde l'aime ! Mais moi, je l’aime parce que je m'identifie et je me dis parfois que si je n'avais connu aucune femme de ma vie, si j'avais été dans l'enfance arraché à ma mère, si j'avais eu la chance de trouver les organes génitaux féminins d'une grande laideur, si j'aimais être entouré de beaux garçons, j'aurais peut-être été, comme lui, un immense.... Non, non, laissons tomber, ce n'est pas plausible !  Même en cumulant tous les arguments de Freud, ça n'aurait pas marché avec moi !

     

    Léonard de Vinci mon ami LGBT

     

    « Nous n'aurons jamais d'agence de notation française Cassandre, mon amour, tu n'es pas des leurs ! »

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