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Audit philharmonique
Voici, un texte qui circulait il y a quelques années dans le cabinet d'audit où je bossais. Il s'agit des conclusions (imaginaires !) d'un rapport d'audit concernant les mesures d'économie à mettre en oeuvre de toute urgence pour sauver le grand orchestre philharmonique de Londres.
-Les quatre hautbois restent de longs moments sans avoir à jouer. Nous recommandons d’en réduire le nombre et d’étaler leur intervention tout au long du morceau, de manière à éliminer les pointes d’activité.
-Les douze premiers violons jouant à l’unisson, c'est-à-dire des notes identiques, on peut réduire considérablement leur nombre, quitte à utiliser, si une forte intensité sonore est requise, une amplification électronique.
- Le cœfficient d’utilisation du triangle est extrêmement faible. On a intérêt à utiliser plus largement cet instrument et même à en avoir plusieurs. Son prix d’achat étant extrêmement bas, l’investissement serait très rentable.
- Jouer les triples croches nécessite un effort considérable et représente une complication inutile. Nous suggérons que toutes les notes soient arrondies à la double croche la plus proche. De la sorte, on pourra, dans une plus large mesure, faire appel à des musiciens moins qualifiés.
- On constate que le même passage est répété trop souvent. Ces répétitions peuvent être sérieusement réduites. En outre, il est tout à fait inutile de faire jouer aux instruments à vent un thème déjà exposé par les cordes. On peut estimer que si toutes les redondances sont éliminées, un concert de deux heures peut tenir en vingt minutes, ce qui diminue les frais généraux et évite, de plus, la nécessité d’un entracte.
- Le remplacement du piano à queue par un piano droit, moins encombrant, permettrait d’utiliser plus rationnellement l’aire de stockage du magasin de rangement des instruments.
- De plus, les techniques d’exécution, qui semblent ne pas avoir évolué depuis des siècles, mériteraient une étude approfondie. Il est probable, par exemple, qu’une nouvelle conception du clavier rassemblant à portée immédiate des mains les touches les plus fréquemment utilisées pourrait améliorer les conditions de travail de l’interprète.
- Pour de nombreux autres exécutants, une des mains sert presque exclusivement à tenir l’instrument ; l’emploi d’un support permettrait de rendre la main oisive disponible pour une autre activité.
- On peut remarquer aussi, de temps en temps, l’effort excessif fourni par les joueurs d’instruments à vent, alors que l’emploi d’un compresseur pourrait procurer l’air nécessaire d’une façon adéquate et mieux contrôlée.
- L’obsolescence des instruments est aussi un point qui mérite d’être examiné : Ainsi, nous avons pu constater que l’instrument du premier violon a plus de cent ans. Si l'on applique le barème d’amortissement, on constate que la valeur de cet instrument est nulle et qu'il serait peut-être judicieux d'envisager l’achat d’un instrument plus moderne.