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Bain de sang et coups de pied
Analyse sémantique à l’attention des dirigeants prolétariens officiant à Tolbiac
Pour tenter de justifier les préparatifs "insurrectionnels" à Tolbiac (tour de garde, barricades et poste de contrôle entre les étages, cocktail Molotov), et aussi pour préparer la "convergence des luttes" qui ne manquerait de se produire après qu'un des étudiants aurait (forcément !) été blessé lors de l'assaut, bref, pour ne "rien lâcher" et pour motiver les troupes, les trotskistes affirmaient que la police préparait un bain de sang.
Oui oui, un bain de sang , rien que ça !
Finalement, ça a eu l'effet inverse : à la vue du premier casque de garde mobile, ils ont tous détalé comme des lapins pour échapper au bain de sang annoncé !
Pour ne pas perdre complètement la face, les organisateurs décident d'envoyer une militante (déguisée en étudiante de base) expliquer à la presser qu'ils ont reçu, (ô mon Dieu, les pauvres !)... des coups de pieds !
Bon, nous sommes d'accord, camarades intellectuels au service du prolétariat, "coup de pied au cul" c'est franchement moins classe que "bain de sang", "répression sanglante", ou même "intervention brutale".
Mais en même temps, ça a l'avantage de mieux coller à cette "réalité" dont vous émaillez tous vos discours sans jamais comprendre de quoi il s'agit exactement !
Alors un conseil, camarades fer de lance du prolétariat, avant-garde clairvoyante, continuez dans cette voie : adaptez vos slogans et vos mots d'ordre à la réalité. La prochaine fois ne dites plus :
le pouvoir capitaliste va envoyer ses forces de répression procéder à un bain de sang
mais
Le pouvoir capitaliste va envoyer ses forces de répression libérer le passage à coups de pieds au cul .
Comme ça au moins vous collerez davantage à la réalité et, en plus, vous serez moins ridicules car vous pourrez dire : Nous l'avions annoncé !