• Les doutes du leader maximo

    Jean-Luc Mélenchon à RTL Soir le 14 mai 2020 :
    "Pour 2022, je sais que j'ai une décision à prendre. Je la prendrai le moment venu. Mais il faut aussi avoir un peu d'humilité devant la vie : avec le Coronavirus, nul ne peut savoir ce que seront les prochains mois. "


    " Etre ou ne pas être candidat, telle est la question.

    Y a-t-il plus de noblesse d’âme à subir un nouvel échec et le dédain d’électeurs outrageants, ou bien à faire le bilan d’une carrière trentenaire et à y mettre fin ?

    Renoncer… partir... dégager… et dire que, par ce départ, je mets fin aux supplices de Tantale et de Sisyphe qui furent le lot de ma vie politique : c’est là un dénouement que je  devrais souhaiter avec ferveur.

    Partir… prendre du recul... une retraite méritée.… 

    Oui, mais...

    Quel plaisir pourrait bien venir d'une retraite certes dorée mais débarrassée du tumulte de la vie politique ?

    Et qui reprendra le flambeau ? Qui saura, comme moi, manier l'injure et la menace, insulter la presse et humilier le bourgeois ?
    Qui d'autre que moi pour déclencher le bruit et la fureur?
    Qui pour dénoncer l'injustice de la loi, l’insolence du pouvoir, et rappeler le caractère sacré de ma personne tout en réclamant que les autres soient traités comme des citoyens ordinaires ?

    Qui, à part moi, pourrait tout à la fois porter le gilet jaune de la colère, grogner contre le Juif et flatter le Maure ?
    Qui d'autre que moi pourrait demain partir explorer la Terreur, cette terre à nous promise d’où nul opposant ne revient ?
    Qui, hormis moi, aura l'audace d'extirper ce pays du Vieux continent pour mieux l'implanter dans le Nouveau monde ?

    En vérité, aucun de nains qui me suivent n'est de taille à reprendre le flambeau ! Et il faudrait que je me désigne moi-même comme une victime du dégagisme ?

    Oui, mais...

    Faut-il prendre le risque d'affronter les affres de la défaite et l'ultime humiliation de sortir de l'Histoire par la porte des vaincus ? Laisser le souvenir d'un loser, d'un éternel perdant qui toute sa vie montra des crocs qui jamais n'ont mordu ? 

    Après tout, la trace laissée dans l'histoire des hommes  n'est pas toujours corrélée à l'exercice du pouvoir. Qui se souvient des dirigeants du temps de Jaurès ? Qui connait le nom de celui qui succéda à Blum ?

    Renoncer à l'action.  Devenir une référence.  Passer le reste de ce qui me reste à vivre comme un vieux sage respecté de tous, y compris (et peut-être surtout !) de ses adversaires,  une icône que l'on viendrait visiter juste pour la photo et à qui l'on confierait des présidences d'honneur et des titres honorifiques...?

    Les promesses de la victoire nous donnent des ailes,  le risque de la défaite fait de nous des lâches.

     

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