• Appel à la solidarité des cigales

     

    Parmi mes souvenirs d'enfance, il y a cette affiche. Je ne sais plus si c'était dans la boutique de mes parents ou chez d'autres commerçants, mais dans mon souvenir c'était une pancarte assez fréquente qui remplaçait le très sobre "La maison ne fait pas de crédit". Il y avait parfois aussi une autre affiche, plus agressive, qui disait en gros " Je te fais crédit. Tu ne me rembourses pas. Je me fâche. Alors, je préfère me fâcher tout de suite : pas de crédit !".

    C'est quand même un drôle de raisonnement, égocentrique et puéril, que de désigner comme principal responsable de vos problèmes d'argent  celui qui vous a avancé de l'argent quand vous en aviez besoin. On peut comprendre que l'emprunteur n'arrive pas à rembourser sa dette. Mais dans ce cas, c'est lui le responsable, pas le prêteur !

    L'antisémitisme en Europe est né d'ailleurs d'un raisonnement similaire. Les juifs étant les seuls dont la religion n'interdisait pas de prêter de l'argent avec intérêt, on leur empruntait gaiement et avec reconnaissance les sommes dont on avait besoin pour financer un projet, un maison ou une dot. Et c'est seulement au moment de rembourser que l'on se souvenait que ces gens étaient d'affreux usuriers qui, en plus, avaient tué le Christ !

    Quelque soit la façon dont on présente le problème, je ne peux m'empêcher d'être agacé par les arguments des cigales irresponsables qui déploient des trésors d'imagination pour emprunter et des arguments stupides et fallacieux pour ne pas rembourser.   "Le chômage a augmenté en Grèce, la mortalité infantile aussi !" nous dit un partisan de Siriza.  Et c'est la faute de l'Europe ? les grecs n'y sont pour rien ? C'est une conséquence inéluctable ? le seul fait de demander à un emprunteur de payer les échéances du prêt fait augmenter le chômage et la mortalité infantile ?

    Non, non, cher lecteur, ne me regarde pas comme un monstre qui ne souhaite que de voir les Grecs plonger dans la misère, le chômage et finalement se jeter dans les bras des pires nazis européens nommés Aube dorée.

    J'aime la Grèce. L'Europe doit l'essentiel de ce qu'elle est à la Grèce. Elle lui doit son âme et son esprit, basés sur la primauté de la science sur le religieux (Eureka), sur l'amour de la philosophie et de la  recherche fondamentale (le théorème de...), sur l'insolence des philosophes (ôte-toi de mon soleil !).  La Grèce fut l'enfance de l'Europe. Cette période de la vie qui forge le raisonnement, le caractère et les souvenirs. Ne serait-ce que pour des raisons historiques et sentimentales, l'Europe sans la Grèce ne serait pas vraiment l'Europe.

    Mais bon, si c'est notre amour et notre reconnaissance envers la Grèce antique qu'il faut financer, qu'on nous le dise franchement et surtout AVANT  ! 

    Non mais !!!

     

    « Surendettés de tous les pays...Un crédit vous enrage et doit être effacé ? »