• La dette grecque : un problème sémantique ?

    Finalement, quand on observe les déclarations des uns et des autres au sujet des solutions à apporter au problème de la dette grecque, on se dit qu'il ne s'agit peut-être que d'un simple problème sémantique et rien d'autre.

    Exemples

    - Michel Sapin : « il faut respecter le vote grec et les règles européennes »
    Bravo ! magnifique proposition !

    Rappelons quand même que le vote grec, c'est "il faut annuler la dette"
    et que les règles européennes (et universelles, à vrai dire) c'est " il faut payer ses dettes"

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    Dans le même esprit de résolution sémantique des problèmes,  le gouvernement grec propose d'abandonner l'idée d'annuler la dette et  de transformer la dite dette en "Prêt perpétuel" !

    Là ça frise le génie : un emprunt qui n'est pas annulé mais dont le remboursement est reporté à perpèt ! Date d'échéance = éternité ! Génial, non ?

    Et pour ceux qui se disent "Oui, mais les intérêts continueraient à être versés", soyez certains que, aussitôt que le montant des intérêts payés aura dépassé le montant du capital, on n'hésitera pas à parler d'une énorme injustice. Et en plus , il y a déjà sur la table  la proposition que les intérêts ne soient payés que si la Grèce retrouve croissance et excédent budgétaire !

    Non, ils sont malins, ces mecs, reconnaissons-le !

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    Dans la rubrique "nous sommes leader en matière d'innovation sémantique", il y a aussi la proposition de mettre en place un "financement relais" le temps que la politique menée donne des résultats
    En résumé Tsipras ne veut plus continuer à endetter son pays. Noble objectif ! Terminé, fini, promis-juré il ne demandera plus d'emprunt nouveau !

    Non, il souhaite seulement bénéficier de "financement-relais" pour atteindre ses objectifs ! Ah ben voilà la solution du problème : fini les dettes et les emprunts ! Vive le financement-relais !

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    Il y a aussi le refus de rendre des comptes de l'utilisation de l'argent reçu, que les grecs présentent comme un refus de travailler avec  l'arrogante Troïka représentant les créanciers !

    Qu'à cela ne tienne, répondent en choeur les autres pays européens (par la bouche de Hollande entre autres)  :  C'est le mot Troïka qui vous gêne ? qu'importe, on va changer le nom !

    Moi à titre personnel, je pense que ça va s'appeler "Commission de contrôle démocratique et très respectueuse de l'utilisation des fonds que le peuple grec a eu l'extrême amabilité et la très grande générosité de bien vouloir accepter"
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    Bon, en plus des financements relais, comme autre moyen de financer  son projet, Tsipras propose de recouvrer plus efficacement l'impôt dans son pays.

    A ce propos, Hollande lui propose même son aide :
    (Le président) s'est dit prêt, dans un sourire, à apporter l'"expertise" de la France, "notamment sur la réforme fiscale dont chacun sait que nous sommes des spécialistes"

    (humour français, les grecs ne peuvent pas comprendre ! pas aujourd'hui en tout cas !)

    Le problème, c'est que les propres électeurs de Tsipras, très favorable à l'annulation de la dette, ne semblent pas souscrire à cette  deuxième proposition  :
    "pendant la campagne électorale, nombre de Grecs ont arrêté de payer leurs impôts, espérant obtenir une amnistie lors de l’arrivée de Syriza au pouvoir."

     

     

     

    « L'énigme de la femme sans tête et sans mainsPour la Saint Valentin »