• La nature se cherche

    En matière de pédophilie,  j'ai, moi aussi, ma petite histoire à raconter.

    La coordination lycéenne avait fixé au boulevard Voltaire le lieu de rassemblement pour se rendre à la manif qui devait célébrer la victoire de Salvador Allende. Mais la foule massée place de la République était déjà si importante que le boulevard Voltaire lui même était noir de monde quand nous sommes arrivés. Tout le lycée était là et nous nous sommes rapidement laissés porter par l’ambiance joyeuse propre aux manifestations lycéennes. L’après-midi s’est passé à draguer et à rire, à scander "Chile, Chile, Chile, solidarité ! Allende président ! au milieu de drapeaux rouges, des photos géantes de Salvador Allende et de Che Guevara et à écouter parler ces prestigieux orateurs qu’on ne voit d’habitude qu’à la télé. A la nuit tombée, la foule était toujours aussi dense mais il ne restait plus beaucoup de jeunes du lycée, en tout cas pas de filles, et nous avons décidé de rentrer. Les copains ont pris le métro et moi, comme j’habitais dans le quartier, j’ai décidé de rentrer à pied.

    Au moment où je traversais la foule pour emprunter le boulevard de la république, j’ai entendu dans les haut-parleurs la voix si caractéristique de Michel Rocard, un des dirigeants du PSU, et je me suis arrêté un moment pour tenter de l’apercevoir. J’allais repartir quand quelqu’un m’a tapoté l’épaule. Un homme de quarante/cinquante ans, un bellâtre aux cheveux gominés habillé d’un costume de lin clair qui me demandait du feu. Un prétexte puisque je ne fumais pas à ce moment-là. Il enchaîna tout de suite "C’est formidable, ce qui se passe ici ! Les gens là-bas seront très touchés du soutien des Français". Nous sommes restés là à discuter un moment. Il n’y avait pas de malentendu de mon côté. Malgré mon jeune âge je savais faire la différence entre un propos amical et militant et les propos d’un "vieux pédé" en train de draguer. Mais je suis quand même resté là à me dire "pourquoi pas, au fond ? ".

    Il se trouve que j’avais un problème à régler avec moi-même à ce moment-là.
    Je sortais depuis quelques mois avec Martine et même si nous n'avions pas franchi le pas, nous passions de longs moments à nous caresser réciproquement dans sa chambre ou dans la mienne quand les parents n'étaient pas là. Mais au fur et à mesure que notre relation se prolongeait un gros problème se posait à moi : Il fallait que j’attende ses caresses directement sur mon sexe pour avoir une érection. Cela me paraissait pour le moins bizarre comme situation car quand j’étais seul avec moi-même, il suffisait que je pense à une fille à poil pour que la trique surgisse immédiatement. J’en avais parlé aux copains et ils étaient tombés d’accord pour dire que c’était assez grave comme problème et que ça voulait peut-être dire que j’étais "un petit peu pédé sur les bords".
    Et alors que cette idée me travaillait depuis des semaines, voilà mon père qui affirme à ses amis, dans une crise de fou rire après un repas bien arrosé, que la vie l’a comblé en lui donnant deux fils et que la seule chose qui pourrait aujourd’hui le rendre vraiment malheureux serait d’apprendre que l’un d’entre eux soit de la "jaquette flottante".
    Et je dois dire que la perspective de rendre malheureux ce salaud qui faisait souffrir ma mère avec ses innombrables maîtresses avait quelque chose d’assez attrayant pour moi.

    Je me mis à discuter avec le bellâtre lubrique et il me parla de sa vie : il était français mais vivait en Patagonie où il exploitait une ferme d’élevage de moutons. Dès qu’il retournerait là-bas, il ferait "savoir aux Chiliens que les Français soutenaient leur lutte pour la démocratie et le socialisme". Je me mis à lui poser des questions plus personnelles sur sa vie. Il finit par me dire qu’il recevait dans sa ferme des "jeunes hommes" en précisant tout de suite que ceux-ci lui étaient "reconnaissants de leur faire découvrir des choses". Quand je lui fis savoir que j’aurais bien aimé moi aussi "découvrir des choses", sa joie fut telle qu’il en était presque touchant ! Il n’en revenait pas que cela ait été si facile ! Ses yeux se mirent à briller comme embués de larmes, et c’est avec de l’émotion dans la voix qu’il m’invita à prendre un verre dans un bistrot des alentours. Je lui répondis que je ne pouvais pas rentrer trop tard chez moi et qu’on avait deux heures maxi devant nous. Il m’invita alors à prendre le verre chez lui. Nous prîmes le métro et vingt minutes plus tard, me voilà assis sur le canapé de son salon le coeur battant prêt à me livrer à une grande expérience.


    Il me propose un petit alcool ce que, prudent, je refuse. Il m’apporte alors un Coca-Cola puis vient s’asseoir près de moi et passe sa main dans mes cheveux.
    - "Tu es un très beau garçon, tu sais ? Tu fais du théâtre au lycée ? Non ? Oh, tu devrais, je t’assure ! Je vais te dire quelque chose : les beaux garçons sont plus rares que les jolies filles mais quand c’est le cas…. Ohlala... elles peuvent aller se rhabiller les filles… ! hihihi !"

    Il me drague comme si j’étais une fille ! Ah mais bien sûr, suis-je bête ? Pour lui j’en suis une ! Je commence à me sentir un peu mal dans ma peau quand même !
    Il me sent réticent et ne veut pas tout gâcher par un excès de précipitation. Sa voix est suave et chaude. Il parle lentement en cherchant les mots justes. Je me laisse bercer… Je n’ai rien d’autre à faire qu’à me laisser faire… Il continue à parler tout en me passant légèrement la main sur les joues ou dans les cheveux.

    -"Et tu sais ce que faisaient les héros grecs après les batailles ? Hé bien… Ils faisaient venir sous leur tente de jeunes éphèbes…. beaux comme toi… Ils dînaient de façon frugale puis ils prenaient tous ensemble un bain agrémenté de sels aux senteurs divines… puis ils s’enduisaient d’huiles parfumées et se massaient longuement le corps en se récitant des poèmes ou en se racontant les faits d’armes de leurs glorieux ancêtres…"
    Il dépose la main sur mon genou. Je me crispe. Non, je ne suis plus du tout certain d’avoir envie de me livrer à cette expérience !
    -"Tu es tendu ! Calme-toi ! Laisse-toi aller ! Tout se passera bien ! Tiens, tu aimes la poésie ? Non ? C’est dommage, mais je te la ferai découvrir, tu verras, c’est magique ! On réussira à faire quelque chose de toi, mon beau diamant brut. Je ferai de toi ma perle rare, mon joyau de lumière…"
    Il parle bien, le bougre ! Il a l’air aussi cultivé que mon prof de français. Mais il me traite déjà comme son "mignon"… Je me sens de plus en plus mal à l’aise. Sa main est maintenant à mi-cuisses et remonte lentement… Il parle, parle sans arrêt ! Je décroche quelquefois et m’imagine à quatre pattes sur le canapé en train de me faire sodomiser par ce vieil esthète pédophile.

    -" Tu m’écoutes ? C’est normal que tu sois troublé, tu sais… ! Laisse-toi aller, tout se passera bien, tu verras ! Tiens, écoute cela, c’est d’un grand poète romain, ça semble avoir été écrit pour toi… Oh, je sais , on ne vous apprend certainement pas cela au lycée !

    "Dans leurs longs cheveux bouclés,
    Dans leurs grands yeux étonnés
    Dans leurs démarches chaloupées
    La nature se cherche et ne se trouve pas.
    Que l’on arrête la fuite du temps
    Que l’on suspende le cours des ans
    Qu’on nous accorde juste un moment
    Pour ravir la virilité
    De ces jeunes gens à peine formés."

    Ses mains remontent encore le long de mes cuisses. Non ! Décidément non, je ne peux pas ! Je me lève brusquement sans un mot. Il paraît un peu décontenancé, l’amateur de poésie gréco-romaine. Mais il réagit vite. Il se lève à son tour et me dit "tu es tendu, laisse-toi aller, tout ira bien, je t’assure ! Tu n’as aucune raison d’avoir peur de moi"

    Il s’approche de moi, m’enlace, colle ses joues aux miennes et commence à me faire des léchouilles dans le cou. Le frottement de cette joue hérissée d’une barbe de deux jours me fait tout drôle.  Ca me rappelle... ça me rappelle, oh mon Dieu,  la joue de mon père quand il me fait la bise le matin dans la cuisine !

    Oh mon Dieu, Papa !!! S’il nous voyait là en ce moment, il ferait une crise cardiaque, c’est sûr ! Non, non ! Il nous tuerait tous les deux d’abord et ferait sa crise cardiaque APRES !


    Je commence à paniquer. Je me libère de son étreinte et lui dis "il est tard ! Il faut que j’y aille !" en prenant la direction de la sortie. Mais il me rattrape par le bras, m’attire contre lui et me dit "attends, s’il te plaît ! Donne-moi une dernière chance ! Je vais te sucer comme on ne t’a jamais sucé" tout en se mettant à genoux devant moi. Sa promesse ne sera pas difficile à tenir, on ne m’a jamais sucé ! cette garce de Martine n’a jamais voulu. Pourtant moi je le lui ai fait… ! Je me laisse faire. Sa fellation goulue est agréable mais le cœur n’y est pas. Et puis voir un homme comme lui s’humilier ainsi à genoux devant moi m’est insupportable. Et puis je pense à mon père ! Je me dégage de son étreinte et lui crie "ARRÊTE !!! il faut que j’y aille ! Mes parents vont s’inquiéter !"


    Il me lâche, se lève lentement et me regarde fixement…
    - "Tu connais mon adresse. Tu reviendras ?"
    - "Je ne sais pas… Oui… Peut-être…"
    - "Menteur ! Si c’est vrai, donne moi en gage ta gourmette, je te donne en gage un bijou de plus grande valeur".
    - Non, je ne peux pas ! Mes parents vont le remarquer, si je ne l’ai pas !

    Pendant quelques secondes il regarde le sol, l'air pensif puis il relève la tête et me dit, l'air agacé :
    - Allez, va-t'en, dépêche-toi ! Va-t'en  avant que je change d'avis ! 

     

     

     

    « Carlus, grand journaliste devant l'EternelLe poète a toujours raison ? Même Aragon ? »