• Théorie du genre : que nous apprend Jacquouille la fripouille ?

    Je fais souvent des plaisanteries  douteuses sur la théorie du genre, en précisant à chaque fois que c'est de l'humour. Tout simplement parce que, sans avoir de position définitive sur le sujet, je ne suis pas hostile par principe à cette réflexion et parce que je crois que les tenants de ces "études" posent quand même une bonne question philosophique à la base : qu'est-ce qui est masculin et féminin dans le comportement des êtres humains ? Quelle est la part de l'inné (du génétique) et quelle est la part de l'acquis (du culturel) dans les attitudes et comportements des hommes et des femmes ?  Un article de blog n'est pas le lieu pour faire de long développement. Je donnerai donc juste quelques repères pour expliquer mes hésitations .


    Des nombreuses lectures marxistes de ma jeunesse estudiantine, je conserve une idée qui me paraît vraie :  l'idéologie (le culturel) se cache très souvent derrière le masque du naturel, de l'évident, du " cela va de soi" !  Toutes les formes de domination ont été considérées comme étant conforme à l'ordre naturel des choses, y compris par les dominés : le servage en Europe, l'esclavage dans les colonies, la supériorité de la race blanche, l'infériorité  des femmes, que sais-je encore !
    C'est ce côté naturel, évident qui nous empêche de réfléchir aux choses avec objectivité.  Il y a des "pré-acquis" dans nos cerveaux et ces "pré-acquis" sont d'autant plus puissants qu'ils sont invisibles à nos yeux. Les conservateurs se revendiquent d'ailleurs souvent du bon sens et de la simple observation de la réalité matérielle qui nous entoure :  Et c'est vrai qu'en observant les choses sans "préjugé idéologique", on serait tenté de dire avec eux que la Terre est plate est que c'est le soleil qui lui tourne autour, tout le reste n'étant que fariboles d'intellectuels déconnectés de la réalité et, accessoirement, ennemis de Dieu (oui, pendant qu'on y est !)


    Et cette invisibilité de l'idéologie, personne n'y échappe! Prenons un exemple un peu rigolo et qui n'a rien à voir avec le "genre" : le film à succès "les visiteurs" raconte l'histoire de deux hommes du Moyen-Âge, un aristocrate, le comte de Montmirail  et son laquais Jacquouille la fripouille, qui par l'effet de la magie, débarquent dans notre siècle et rencontrent leurs descendants respectifs. Rires garantis !
    Mais personne ne remarque comme une anomalie que la "petite-petite-petite- fillotte"  de l'aristocrate, même devenue pauvre, a gardé la noblesse d'esprit et de coeur, la générosité et  la classe de son ancêtre alors que le descendant de Jacquouille la Fripouille, qui est aujourd'hui riche, est resté un parvenu mal embouché qui à du mal à cacher la médiocrité et la pauvreté intellectuelle qui caractérisaient déjà  son ancêtre mille ans plus tôt !
    Les auteurs nous disent donc, à travers leur film, que le régime féodal était un système "naturel" dans lequel les gens qui avaient du courage, de l'honneur, de la générosité et de la noblesse dans leurs gènes (dans leur sang !) dirigeaient la société et que  les crapules ridicules, misérables et sans envergure avaient dans cette société la place qu'ils méritaient : laquais ou porchers.
    Si les auteurs avaient dit le contraire, tout le monde y aurait vu un message politique  (pour approuver ou désapprouver, peu importe ! Ce n'est pas le sujet) !  Mais dans ce sens, aucun message idéologique n'apparaît à nos yeux. Or pourtant il y en a un.

     

    C'est ce qui  guette la plupart d'entre nous (y compris moi, bien sûr!) dans les débats sur le féminisme ou sur le "genre" : croire que les idéologues sont seulement ceux d'en face et que nous, quand nous parlons des hommes et des femmes, par exemple, sujets que nous connaissons si bien, nous  sommes dénués de toute idéologie et que nous nous en tenons aux faits, rien qu'aux faits !

     

    Est-ce à dire pour autant que je suis partisan de ceux qui voient l'Homme comme une page sur laquelle on pourrait écrire ce qu'on veut  (après avoir effacé sans ménagement le contenu précédent ! ) Non, bien sûr!  Je considère même comme des ennemis de l'humanité tous ceux qui aujourd'hui voudrait créer un Homme nouveau, totalement libéré de ses racines culturelles mais aussi animales et même parfois de toutes contraintes hormonales ! Les marxistes, de ce point de vue,  ont même fait régresser l'humanité jusqu'à l'animalité en considérant les peuples comme d'immenses troupeaux de moutons contrôlés et guidés par quelques bergers regroupés au sein d'un parti.   


    Mais il est clair que ce n'est le cas ni des féministes, ni de ceux et celles qui réfléchissent à la notion de "genre".  Eux et elles ne font pas de politique politicienne en général et ne font que mettre des questions philosophiques intéressantes à l'ordre du jour du grand débat démocratique.

      

     

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