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    Quand j'entends les revendications de certains  Gilets jaunes et les propositions des politiques qui les soutiennent, je pense inévitablement aux blagues de mon père :

    Un auvergnat à l'article de la mort fait venir un notaire pour rédiger son testament : il lègue cinq millions à l'aîné, trois millions à la cadette, un million à la Marie qui s'est bien occupé de lui et cinq cent mille au voisin pour le remercier de sa gentillesse. 

    Puis, sentant venir la mort, il dit au notaire : je suis heureux d'avoir pu aider ma famille avant de m'en aller. Mais dites-moi, Maître, où allez-vous trouver tout cet argent ?

     

    A part Jean de La Fontaine et mon père, je n'ai pas connu beaucoup de gens qui faisaient l'éloge de la fourmi, du petit épargnant, de la CMD (classe moyenne déclassée), comme on dit aujourd'hui. Dans notre inconscient collectif, le type "classe" c'est le type sympa qui dépense sans compter, c'est le type à l'âme un peu artiste, un peu aristocratique, qui refuse de travailler, mais aime claquer le fric, c'est l'aventurier des films d'action qu'on va chercher dans un bar glauque parce qu'il a claqué le trésor qu'il a découvert dans l'épisode précédent ! Que penserait-on de Tintin ou d'Indiana Jones si on apprenait qu'ils prenaient rendez-vous avec leur banquier pour placer les gains de l'aventure précédente au meilleur taux ?

    Le héros des temps modernes ne veut pas être riche au sens patrimonial du terme, il veut gagner facilement de l'argent et le dépenser tout aussi facilement. Ce sont les Rolling Stones qui, fauchés tous les dix ans, font une tournée mondiale pour "se refaire". C'est le jeune André Malraux qui méprise le travail et décide qu'il s'enrichira en volant des oeuvres d'art de par le monde.

    Les gens comme mon père sont nombreux pourtant ! Ils ne sont pas riches, ils sont juste économes et ont toujours un petit magot disponible quelque part, dans un bas de laine ou sur un compte en banque. Leurs enfants et leurs petits-enfants s'en souviennent d'ailleurs, à chaque fois qu'ils ont besoin de refaire la salle de bains ou de s'offrir une cuisine aménagée!

    Mais il n'y a pas que leurs enfants ! Ils seront les premiers à qui les banquiers proposeront des actions Euro tunnel, et les premiers à se voir piquer une partie de leur économie par le ministre du budget sous couvert de mesures fiscales destinées à la lutte contre la spéculation financière internationale !

    La classe moyenne, c'est la "petite-bourgeoisie" ( à prononcer sur un ton méprisant) des marxistes, c'est le "petit patronat" (à prononcer sur un ton condescendant) des organisations patronales, c'est le "boutiquier" pour qui un sou est un sou des cigales,  c'est le "commerçant qui se frotte les mains à l'approche de Noël" des journalistes, c'est le "petit porteur" (à prononcer sur un ton moqueur) à qui on a réussi à fourguer des titres Euro tunnel.

    La classe moyenne c'est celui qui fait souvent un boulot ingrat dont  on parle souvent sur un ton méprisant dans les conversations des gens branchés : comptable, charcutier, garagiste, prothésiste dentaire... Il a beaucoup cotisé aux caisses d'assurance maladie et aux caisses de retraite. D'ailleurs, sa caisse est excédentaire et on utilisera le surplus pour compenser la caisse des intermittents du spectacle ! Lesquels intermittents diront de temps en temps à la radio " pourquoi ne pas me proposer un boulot de comptable ou de charcutier, pendant qu'on y est ?" Non, rassure-toi l'artiste, on ne te proposera jamais ça, ce serait trop cruel !

     

    Et quand, de temps en temps, un mouvement politique ou revendicatif s'intéresse à lui, s'adresse aux gens comme lui, en lui rappelant à juste titre qu'il paie plus d'impôts que les autres, que sa couverture maladie est gérée par des incompétents, qu'il ne bénéficie pas du chômage s'il fait faillite, que sa caisse de retraite est excédentaire car il ne prend jamais sa retraite à 55 ans , ni à 60 ans, ni même à 65 ans,  c'est en général pour conclure à la fin que c'est la faute des juifs, que les élus sont des voleurs, que les nègres doivent retourner dans leur pays !

    Pauvre Classe moyenne déclassée !

      

     

     


  • La pièce Le marchand de Venise de Shakepeare est-elle une pièce antisémite ?  Ca se discute, mais ça ne se tranche pas sans appel. Certes le juif Shylock est un usurier; certes il a demandé à Antonio, le marchand de Venise,  une livre de sa  chair comme gage. 

    Mais  il est malheureux : on a enlevé sa fille, on l'a humilié, on l'a enfermé dans le Ghetto. Et quand Antonio lui annonce qu'il ne pourra pas le rembourser, il décide de se venger et d'exige sa livre de chair.

     

    SHYLOCK 

    Il m’a humilié ; il m’a fait tort d’un demi-million ; il a ri de mes pertes ; il s’est moqué de mon gain ; il a insulté ma nation ; il a fait manquer mes marchés ; il a refroidi mes amis, échauffé mes ennemis, et pour quelle raison ? Parce que je suis un Juif.

    Un Juif n’a-t-il pas des yeux ? un Juif n’a-t-il pas des mains, des organes, des proportions, des sens, des affections, des passions ? ne se nourrit-il pas des mêmes aliments ? n’est-il pas blessé des mêmes armes, sujet aux mêmes maladies, guéri par les mêmes remèdes, réchauffé par le même été et glacé par le même hiver qu’un chrétien ? si vous nous piquez, ne saignons-nous pas ? si vous nous chatouillez, ne rions-nous pas ? si vous nous empoisonnez, ne mourons-nous pas ? et si vous nous outragez, ne nous vengerons-nous pas ? si nous sommes semblables à vous dans tout le reste, nous vous ressemblerons aussi en ce point. Si un Juif outrage un chrétien, quelle est la modération de celui-ci ? La vengeance. Si un chrétien outrage un Juif, comment doit-il le supporter, d’après l’exemple du chrétien ? En se vengeant. Je mettrai en pratique les scélératesses que vous m’apprenez ; et il y aura malheur si je ne surpasse pas mes maîtres

    William Shakespeare, Le Marchand de Venise, Acte III, scène 1


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    L’antisémitisme c'est la haine des juifs
    Le terme sémite est curieux à plusieurs titres. A l'origine, il fait référence à des gens parlant la même langue ou des langues ayant la même origine. Les langues sémitiques sont notamment l'hébreu et l'arabe. Par un étrange glissement de sens le mot en est venu à désigner une race (la "race" de ceux qui parlent une langue sémitique - sic -) et par deuxième glissement de sens à une seule composante de cette "race" , les juifs.
    Si le sens d'origine avait été conservé, les Sémites seraient aujourd'hui composés de près de deux milliards d'arabophones répartis entre le Moyen Orient, l'Afrique du Nord et l'Asie (Indonésie, Pakistan...)  et une infime minorité de "juifs".

     

    L’antisionisme ce n'est pas forcément la haine d'Israël
    Selon le Larousse l'antisionisme c'est l'hostilité à l'existence d'Israël ou à l'extension de l'Etat d'Israël. Les deux composantes de la définition sont très différentes et même antagonistes.

    Etre hostile à l'existence de l'Etat d'Israël, aujourd'hui, signifie forcément vouloir sa disparition et la disparition de l'Etat d'Israël ne pourrait être que le résultat d'un conflit qui aboutirait à un énorme holocauste. C'est la position (et le fantasme) de l'Iran dans son désir de se doter de la bombe atomique et de Daech dans sa volonté de nettoyage ethnico-religieux.
    Dans cette partie de la définition, l'antisionisme est stricto sensu un antisémitisme particulièrement monstrueux visant la disparition totale du peuple juif.

    Mais la deuxième partie de la définition c'est presque le contraire. Etre hostile à l'extension de l'Etat d'Israël, cela veut forcément dire reconnaître l'existence d'Israël (dans ses frontières d'origine, certes) et refuser seulement son extension territoriale unilatérale.
    C'est la position de pas mal d'Israéliens et aussi celle de la majorité des pays du monde civilisé qui reconnaissent l'Etat d'Israël mais pas les territoires annexés par la guerre ou la colonisation de peuplement et qui souhaitent que les frontières entre Israël et ses voisins soient fixées uniquement par la négociation.

    Etre antisioniste cela peut donc vouloir dire OU BIEN souhaiter la disparition de la population d'Israël OU BIEN au contraire et in fine souhaiter qu'Israël vive en paix dans des frontières négociées avec ses voisins.

     

    Mais les deux mots ont aujourd'hui des utilisations biaisées

    Il y a une autre acception crapuleuse du terme Sioniste qui est grosso modo "sale juif". C'est celle développée par quelques immondes crapules (Dieudonné et Soral pour ne citer que les plus cons) qui, craignant de se trouver sous le coup des lois réprimant le racisme et l'antisémitisme, ont décidé d'employer le mot Sioniste à la place de leur insulte favorite "sale juif".

    Signalons au passage que pénaliser l'utilisation du mot Sioniste ne leur coûterait qu'un modeste effort d'imagination pour trouver un autre mot pour désigner péjorativement les juifs. Un peu à l'instar de cette quenelle qu’ils ont trouvée pour contourner le salut nazi qui leur avait été interdit.

    L'antisémitisme c'est également le chantage permanent que font les extrémistes juifs sur leurs opposants. Quiconque désapprouve la politique de colonisation de peuplement massive, les propos et les provocations racistes anti-arabes, et parfois anti-chrétiens, les humiliations quotidiennes faites aux populations palestiniennes, venant de responsables israéliens de petits partis religieux extrémistes et fanatiques, quiconque donc ose émettre la moindre réserves sur la politique des gouvernements Sharon et Netanyahou peut se voir accusé d'antisémitisme. 

     

     

     






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