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    A l'occasion de la commémoration de l'abolition de l'esclavage, quelques anecdotes ou faits historiques curieux.


     A l'international

    Si la plupart des pays ont officiellement aboli l'esclavage au 19e siècle, certains ont un peu traîné des pieds et ont attendu le 20e siècle avant de se décider. Par exemple  :

    1923 - Abolition de l’esclavage en Ethiopie

    1923-  Abolition de l’esclavage en Afghanistan.

    1963 - Abolition de l’esclavage en Arabie Saoudite

    1981 - Abolition de l’esclavage en Mauritanie

    1992 - Abolition de l’esclavage au Pakistan

    Rappelons que l'Etat Islamique a, pendant sa courte existence,  officiellement rétabli l'esclavage. 


     

    Au niveau national

    - Pourquoi évoque-t-on la date de 1848 comme date de l'abolition alors qu'elle a eu lieu en 1794 ? 

    Pour une raison toute simple : parce que Napoléon Bonaparte a rétabli en 1802 l'esclavage qui avait  été aboli par la Convention huit ans plus tôt en 1794. 

    En résumé, l'esclavage a été  aboli une première fois en 1794, puis rétabli par Napoléon en 1802 puis à nouveau aboli, définitivement cette fois, en 1848 ( sous l'influence de Schoelcher, notamment) 

    - Joséphine de Beauharnais, la femme de Napoléon,  a-t-elle influencé Napoléon dans sa décision de rétablir l'esclavage ? 

    Rien, aucun courrier, aucune rumeur, aucun ragot de l'entourage de l'époque ne permet de l'affirmer, disent les historiens.  

    Les  Antillais soulignent cependant que Joséphine était une "Créole" appartenant à la caste des blancs  propriétaires d'esclaves,  caste très hostile à l'abolition et qu'elle ne peut pas ne pas avoir eu une influence sur la décision de rétablir l'esclavage. 

    Mais, même s'il est très probable qu'elle approuvait le rétablissement de l'esclavage, il n'existe aucun document prouvant de façon certaine que Joséphine ait eu un rôle décisif dans cette décision. 

     

    - A qui a-t-on versé les indemnisations financières suite à l'abolition ?

    Cela peut paraître insensé aujourd'hui, mais ce sont les propriétaires d'esclaves qui ont été indemnisés pour le préjudice subi et non les esclaves libérés !  Un peu comme si, pour interdire la prostitution, un gouvernement indemnisait les proxénètes :

    L’article 5 de la loi d'abolition précise que «l’Assemblée nationale réglera la quotité de l’indemnité qui devra être accordée aux colons ».

    Il n'y a pas eu d'unanimité sur ce point, bien sûr.  La position des opposants à l'indemnisation était que "Le peuple souverain ne doit donc aucun dédommagement au maître des esclaves, de même qu’il n’en doit pas à un voleur qu’un jugement a privé de la possession d’une chose volée." (Condorcet).

    Mais le législateur s'est souvenu que lors de la première abolition (celle de 1794), effectuée sans indemnisation, les propriétaires d'esclaves avaient opposé une farouche résistance, allant même jusqu'à passer sous le drapeau anglais.

    En conséquence, pour "assurer la cohésion sociale et maintenir l’équilibre économique des colonies", les propriétaires d'esclaves ont été indemnisés. 

    Dans le même esprit, alors que Haïti avait gagné militairement son indépendance (et donc l'abolition de l'esclavage), le pays a été contraint de verser à la France de fortes indemnités pendant plusieurs décennies.


     

     


  • Une petite recherche amusante entreprise il y a très longtemps dans une UV d'histoire précolombienne à la fac.


     

    Tout le monde connait le nom du navire que commandait Christophe Colomb lorsqu'il découvrit l'Amérique : il s'agit de la Santa Maria. Normal pour une mission patronnée par les rois catholiques d'Espagne.

    Mais curieusement, à d'autres moments, quand on parle du voyage lui-même (donc en se plaçant un peu avant la découverte du nouveau continent) on lit que le navire de Colomb s'appelait la Maria Galante.

    Et plus précisément, que Christophe Colomb était à la tête d'une flotte de trois navires nommés la Pinta, la Niña et la Maria Galante

    La signification de ces trois noms est la suivante (il ne s'agit pas d'une interprétation personnelle. Tous les livres et les sites d'histoire l'attestent).

    - La "Pinta", la "Peinte" c'est-à-dire la "maquillée", autrement dit la "fière putain" (c'est pas moi qui le dis, je le répète)

    - La "Niña", la "Petite" dans le sens de la "fille légère".

    - Et le vaisseau amiral, la "Maria Galante" c'est-à-dire "Marie la courtisane" ou "Marie la prostituée".

    C'est un fait historique. Mais il est extrêmement curieux, voici pourquoi.

    Le voyage a été patronné et financé (et sur leur trésor personnel, dit-on) par les Rois catholiques d'Espagne, la reine de Castille, Isabelle Ire et son époux le roi d'Aragon, Ferdinand II.

    Autant vous dire tout de suite que ces deux-là ne rigolaient pas avec la religion.

    D'ailleurs, le titre honorifique de "Rois catholiques d'Espagne" leur avait été attribué par le pape Alexandre VI pour leur grande piété, bien sûr, mais surtout en raison de deux grandes victoires pour  la chrétienté :

    la conquête de la ville de Grenade, dernier bastion musulman en Espagne, qui mit un terme final à la Reconquista,

    - mais aussi, l'expulsion des Juifs de leurs royaumes.

    On voit donc qu'on n'a pas affaire à des tendres, à des tolérants, à des "qui suis-je pour juger...?"

    Et voici donc le mystère : Comment les rois très catholiques d'Espagne ont-ils pu missionner et financer une expédition maritime menée sur trois bateaux aux noms de "fière putain", "petite pute" et "Marie la prostituée" ?

    Il n'y a pas de réponse, que des hypothèses.

    - Première hypothèse avancées par certains : Ces noms ne seraient que des surnoms grivois donnés par les marins à leurs navires : le nom du navire-amiral serait bien Santa Maria, mais les marins l'appelaient ironiquement Maria Galante.

    Déjà , on peut avoir un doute que dans l'Espagne de l'époque, on puisse transformer le qualificatif de "Sainte" accolé au nom de Marie mère de Dieu en "Galante" ou "prostituée" sans courir de gros risque.

    Mais ce qui va surtout à l'encontre de cette thèse, c'est que  les historiens nous racontent comment Christophe Colomb baptisait les îles qu'il découvrait.  Normalement , il n'a choisi que des noms de la Vierge (Santa Maria de Montserrat, Santa Maria de Guadalupe), de noms de saints (Saint-Martin -qui donnera Martinique-, Saint-Thomas) et du nom de la Croix (Santa Cruz), SAUF...

    SAUF les deux premieres îles. La première île découverte reçoit le nom de "Dominique" car découverte un dimanche. "À la seconde île découverte, il donne le nom de Marie-Galante -en hommage à son propre vaisseau" nous disent des historiens.

    La véracité de l'histoire est attestée par le fait que cette petite ile, habitée aujourd'hui par environ 3000 habitants et dépendant administrativement de Guadeloupe, a gardé le nom de Marie Galante.

    Peut-on imaginer que Christophe Colomb ait donné "en hommage à son cher vaisseau qui l'avait conduit à la postérité, plutôt que le vrai nom du navire, le surnom grivois, moqueur et impie utilisé par ses marins alors que par la suite, il a donné des dizaines de noms commençant par Santa Maria de quelque chose ?

    Deuxième hypothèse avancée par certains : Il y aurait eu déformation ou glissement de sens (tout cela en espagnol, bien sûr) du qualificatif "Gente" (comme dans "Gente dame") en "Galante". Les tenants de cette thèse soulignent que l'on trouve parfois l'expression "Santa Maria Galante" ce qui aurait été un blasphème puni de mort si galante avait signifié prostituée.

    Mais dans cette hypothèse, le problème n'est pas réglé pour les deux autres navires. La gente sainte Marie reste entourée d'une "fière putain" et d'une "Petite pute"

    Mais cette thèse est surtout infirmée par le fait que tout cela est immédiatement écrit, noté, authentifié. Quand Christophe Colomb baptise l'ile Marie Galante, c'est une prise de possession, c'est enregistré le jour même, pas des siècles plus tard comme les Evangiles. Or quand les choses sont écrites, les glissements de sens sont suivis et connus des historiens.

    - La troisième hypothèse est évoquée en une ligne par Wikipédia (et partagée par de nombreux historiens) "Le navire amiral la Santa María ne prendra ce nom que lors des voyages ultérieurs de Colomb [réf. nécessaire]46). Wikipedia signale avec raison à l'auteur qu'il n'a pas donné les références ou les preuves de son hypothèse.

    Je crois pourtant (avec beaucoup d'autres) que c'est l'hypothèse la plus probable : le navire amiral s'appelait Maria Galante. La reine Isabelle de Castille l'ignorait ou n'en avait cure. Et ce n'est que quelques années plus tard (1) lorsqu'ils se sont aperçus que l'importance de ce voyage dépassait de très loin tout ce qu'on avait pu imaginer au départ, que les hagiographes royaux ont dû s'exclamer : Mais enfin,  on ne va quand même pas raconter aux générations futures que le navire qui a permis de découvrir le Nouveau Monde s'appelait Maria Galante,  puta madre y santa mierda  !!! et ont donc décidé de changer dans les récits le nom de ce foutu navire en jouant sur le fait que le navire suivant a eu pour nom Santa Maria.

    Trop tard, les gars ! vous pouvez réécrire l'histoire, mais  une petite île de 3000 habitants est là pour attester qu'il y a bien eu une Marie Galante qui a compté dans cette aventure et que l'Amiral Colomb l'adorait puisque c'est à elle qu'il a pensé d'abord !


      

    (1) C'est un autre navigateur, Amerigo Vespucci, florentin qui comprendra, 9 ans plus tard en 1501, que le continent qu'il explorait sur les traces de Colomb n'était pas "les Indes occidentales", mais un Nouveau Monde. Les cartographes donneront au nouveau continent son nom : America

     

     

     

     

     


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     1) De Gaulle

    De Gaulle a-t-il dit, lors d'un visite en Martinique en 1964

    "Mon Dieu, comme vous êtes foncés !!!

    C'est une blague, bien sûr, que j'ai entendu pendant toute ma jeunesse.  Pour qu'elle soit drôle, il faut la raconter façon Pince-sans-rire, très sérieusement et proposer à votre interlocuteur de se faire sa propre opinion en écoutant l'enregistrement. Fou-rire garanti !

    Mais, au fait, peut-être que vous aussi, vous avez envie de vous faire votre propre opinion ?  Tenez, c'est par là, vérifiez vous-même  !

    NB : Les bains de foule présidentiels avaient quand même une autre gueule que ceux d'aujourd'hui


     2) Saint John Perse

    Les malentendus de la petite histoire antillaiseSaint John Perse, le guadeloupéen, a-t-il écrit lui-même sa nécrologie ? 

    Non, bien sûr !  Mais il a fait beaucoup mieux que ça : à l'occasion de la publication de  son œuvre dans la collection de la Pléiade,   il a réécrit, en la romançant, toute sa vie, inventé des éléments de biographie fictifs, réécrit des témoignages...

    Lisez cet article du Figaro :

    Enfin, la Bibliothèque de la Pléiade en 1972. L'ultime consécration. Le panthéon de son vivant et son mausolée pour la postérité... Saint-John Perse a tout fait lui-même : choisi ses textes, réinventé sa biographie, rédigé les notes et même inventé, caviardé ou réécrit certains témoignages et lettres qui constituent plus de la moitié du volume - l'œuvre étant bien trop mince à elle seule !

    Alors, Alexis Leger, mythomane, manipulateur, mégalomane ? Sans doute. Mais Saint-John ­Perse, magnifique à relire, aussi. Le poète qui réussit à faire de ses vies, inextricablement mêlées à son œuvre, le plus beau des romans.

    PS :  Mais bon, c'est humain, il voyait arriver la fin ...

    " … Grand âge, nous voici – et nos pas d’hommes vers l’issue. C’est assez d’engranger, il est temps d’éventer et d’honorer notre aire.

     Et nos actes s’éloignent dans leurs vergers d’éclairs…

     À d’autres d’édifier, parmi les schistes et les laves. À d’autres de lever les marbres à la ville."


     3) Mac Mahon

    Les malentendus de la petite histoire antillaiseMac Mahon (oui, le même qui a dit  "Que d'eau, que d'eau") a-t-il dit, en visitant l'école Polytechnique, à Camille Mortenol, un élève métis d'origine guadeloupéenne,  : 

    "C'est vous, le nègre ? C'est bien, continuez !"

     (L'anecdote racontée par Umberto Eco donne ceci (piochée sur le blog ci-dessous)

    - L'imbécile c'est Mac-Mahon qui passe en revue ses officiers et en voit un, couvert de décorations, de la Martinique. "Vous êtes nègre ?" lui demande-t-il. Et l'autre:" Oui mon général !" Et Mac-Mahon:" Bravo, bravo, continuez !")

    Etait-ce un propos imbécile, un propos raciste ou... un compliment ? (le mot ayant eu, d'après certains, une signification spéciale chez les saint-cyriens, comme Mac-Mahon ) ?

    Si vous voulez en savoir plus, c'est sur ce blog que le débat fait rage.  

    Jetez-y un petit coup d'œil, et notamment sur les discussions dans les commentaires, ça en vaut la peine. Dire que j'adore ce genre de débat est un euphémisme : je suis en totale admiration devant la culture historique de certains sur des points de détails minuscules de l'Histoire de France !

     

     

     


  •  "La bourgeoisie se souviendra longtemps de mes furoncles" (Karl Marx)


     

    Marx était marié à la baronne Jenny von Westphalen qui, en militante et femme amoureuse du grand homme, a longtemps vécu dans un relatif dénuement avec lui. Mais à l'époque de leur vie où ils étaient entretenus par l'ami et admirateur de Marx, l'industriel Engels, leur vie devint plus confortable et  ils eurent même droit à une bonne tous frais payés.

    Oui, oui, une bonne, une servante, une bonniche, du genre qui dort à la maison pour pouvoir travailler 18 heures par jour, s'occuper des enfants, préparer les repas, faire la vaisselle, passer le balai, repasser les vêtements, vider le pot de chambre, etc... Tout ça offert par le richissime Engels pour permettre à Monsieur et Madame Marx de militer efficacement pour l'émancipation  de la classe ouvrière.

    Mais avec une bonne en permanence à la maison et madame la baronne partie distribuer des tracts sur les marchés, que croyez-vous qu'il arriva ? Hé bien, notre bon Monsieur Marx, Karl de son prénom, engrossa la bonne !

    Et quand la baronne Jenny Marx vit que sa petite bonne était enceinte, elle insista pour connaitre le nom du père, dans la mesure où la brave fille ne quittait pour ainsi dire jamais la maison. Quelle catastrophe pour le couple Marx, pensez-vous !

    Mais non, voyons, réfléchissez une seconde ! Un type qui a la solution à tous les problèmes de l'humanité a également la solution pour régler ses propres problèmes.

    Karl Marx alla donc quérir son ami, admirateur, protecteur et mécène Friedrich Engels, pour solliciter une fois de plus son aide. Il lui demanda  de déclarer  à son épouse Jenny que c'était lui, Friedrich, le responsable de cette grossesse inconvenante.

    Ce qui fut fait. Engels assuma cette paternité et reconnut l'enfant.

    On raconte que Jenny ne fut pas dupe de la manœuvre et que sa déception fut immense. Mais elle fit semblant d'y croire.

    Comment Friedrich a-t-il présenté cela à  Jenny Marx ?  Personne ne le saura jamais évidemment. Mais on peut faire des hypothèses plausibles.

    On sait que Jenny et Friedrich ne s'appréciaient pas beaucoup. J'aime à  penser que Engels a fait une menace à peine voilée à la baronne en lui disant qu'il regrettait d'avoir ainsi souillé sa maison et que si elle et son mari voulaient couper les ponts avec lui et ne plus le revoir, il comprendrait et s'exécuterait et disparaitrait de leur vie. Et j'imagine que la gentille baronne a dû réfléchir une demi-seconde à ce que lui coûterait en terme de train de vie de se fâcher avec le riche et généreux ami et mécène de son mari et lui a donc peut-être répondu avec une ironie cruelle "Mais non, voyons, la chair est faible ! C'est cette petite putain la seule responsable. Vous, nous n'y êtes pour rien, enfin voyons !"

    Je pense aussi que c'est en remerciement de tout cela ( le soutien financier, le confort matériel ET la paternité) que le brave et richissime capitaine d'industrie Friedrich Engels a obtenu, éperdu de reconnaissance, l'insigne, l'immense, l'incroyable honneur de cosigner avec son ami Karl Marx Le Manifeste du parti Communiste, ouvrage qui, il en était convaincu, ouvrait les portes de l'avenir radieux  de l'humanité.

     


     

    Un spectre hante l'Europe : le spectre du communisme. Toutes les puissances de la vieille Europe se sont unies en une Sainte-Alliance pour traquer ce spectre : le pape et le tsar, Metternich et Guizot, les radicaux de France et les policiers d'Allemagne.

    Il en résulte un double enseignement. Déjà le communisme est reconnu comme une puissance par toutes les puissances d'Europe.

    ( Manifeste du Parti Communiste)

     

     


  • Discussions de poètes en 1928

    Quand André Breton, Aragon, Desnos, Prévert,  Eluard, Queneau et quelques autres se rencontraient, de quoi parlaient-ils, à votre avis ?  de sexe, entre autres ! Et d'homosexualité aussi !

    En 1928, les surréalistes organisent des séances publiques de "Recherches sur la sexualité" qui dureront jusqu'en 1932.  Quatre de ces séances - les première, deuxième, neuvième et quatrième- sont restées célèbres pour avoir permis de connaître  l’avis de certains surréalistes sur l’homosexualité ( et notamment celui, virulent, d'André Breton)

    Séances de Recherches sur la sexualité  (27 et 31 janvier 1928)
    Breton, Aragon, Desnos, Naville, Prévert, Morise, Eluart, Queneau et  d'autres



    Paul Eluard - Que penses-tu de la pédérastie ?
     
    Queneau - A quel point de vue ? Moral ?
     
    Paul Eluard - Soit.
     
    Queneau - Du moment que deux hommes s’aiment, je n’ai à faire aucune objection morale à leurs rapports physiologiques.

    Protestations de Breton et de Péret
     
    [...]
     
    Prévert - Je suis d’accord avec Queneau.
     
    Queneau - Je constate qu’il existe chez les surréalistes un singulier préjugé contre la pédérastie.
     
    André Breton- J’accuse les pédérastes de proposer à la tolérance humaine un déficit mental et moral qui tend à s’ériger en système et à paralyser toutes les entreprises que je respecte.

    Extraits la deuxième soirée :

    Aragon - La pédérastie me paraît, au même titre que les autres habitudes sexuelles, une habitude sexuelle. Ceci ne comporte de ma part aucune condamnation morale, et je ne trouve pas que ce soit le moment de faire sur certains pédérastes les restrictions que je fais également sur les hommes à femmes.

    BA.- Je suis de cet avis.
     
    Desnos- Je ne crois pas que le point de vue moral ait à intervenir dans cette question. Je suis en général gêné par les affectations extérieures et les gestes efféminés des pédérastes. Néanmoins il m’est arrivé d’envisager sans répugnance, pendant un laps de temps très court, le fait de coucher avec un jeune homme que j’aurais trouvé particulièrement beau.
     
    [...]
     
    André Breton- Je m’oppose absolument à ce que la discussion se poursuive sur ce sujet. Si elle doit tourner à la réclame pédérastique, je l’abandonne immédiatement.
     
    Aragon - Il n’a jamais été question de faire de la réclame à la pédérastie. La discussion prend ici un tour réactionnel. [...]
     
    André Breton- Veut-on que j’abandonne la discussion ? Je veux bien faire acte d’obscurantisme en pareil domaine.

    Extraits de la neuvième soirée, sur le même sujet :

    SCHNITZLER.- J’accepte tout. Pour moi, c’est le même acte, la même chose. Je m’y suis livré trois fois.
     
    [...]
     
    Paul Eluard - La plus grande haine pour les lesbiennes mâles, la plus grande faiblesse pour les lesbiennes qui restent femmes. J’exècre les rapports ente hommes, à cause de la déformation mentale qu’ils causent. Jamais livré !
     
    [...]
     
    BRETON.- [...]. Les lesbiennes me paraissent très intéressantes.
     
    [...]
     
    Pierre Unik - Comment vous représentez-vous les rapports entre deux femmes et entre deux hommes ?
     
    [...]
     
    André Breton - Pour les femmes : rapports érotico-buccaux. Pour les hommes : sodomie intégrale. Cela me dégoûte complètement et je tiens les enculeurs mêmes pour des enculables, des défoncés.
     

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

  • Depuis  Marine Le Pen et Zemmour,  l'extrême droite n'a plus d'histoire ! Elle n'a rien contre les Juifs, ni contre les homosexuels, elle défend le droit à l'avortement et s'est ralliée à la démocratie parlementaire.  Vraiment ?

    Si on veut savoir si l'extrême droite a changé, ce n'est pas à ses dirigeants extrêmement habiles qu'il faut poser la question. Il y a deux autres moyens de le vérifier :

    - La première méthode consiste à lire les articles et les commentaires de blogs tenus par les militants et les sympathisants pour les entendre regretter qu'il y ait trop de juifs dans les médias  ou traiter tous les hommes politiques de pourris, de pédophiles, de transgenres, et aujourd'hui, dire la grande admiration qu'ils éprouvent pour Poutine et sa "guerre de libération" de l'Ukraine. 

    - La deuxième méthode consiste à aller dans les livres d'histoire (aujourd'hui dans les blogs d'Histoire) et de se demander si demain, avec un front National suffisamment puissant pour se dévoiler sans crainte de représailles, on serait certain de ne pas ré-entendre  ça  : 

    Petit florilège des insultes adressées à Léon Blum 

    (Je ne cite pas les auteurs quand leurs noms ne nous disent plus rien aujourd'hui, mais ce sont des "copier"  qu'il suffit juste de "coller" dans Google pour avoir les sources)  

    - Léon Blum incarne tout ce qui me révulse le sang et me donne la chair de poule. Il est le mal, il est la mort.

    - Le Führer est chez lui et maître chez lui, tandis que M. Blum n’est pas de chez nous et, ce qui est le plus fort, M. Blum est maître chez moi et nul Européen ne saura jamais ce que pense un Asiatique.

    - Afin de ne pas devenir le dépotoir des juifs de Palestine, la France ...

    - D'abord, il est laid. Sur un corps de pantin désarticulé, il promène la tête triste d'une jument palestinienne.

    - Le juif névropathe

    - La dormeuse parfumée du quai de Bourbon

    -  l’Action Française du 5 juin 1936 titrait : « La France sous le Juif.»

    - Un  député d’Action française en 1936, signalait qu’il était impossible pour « un vieux pays gallo-romain comme la France d’être gouverné par un juif »

    « Léon  Blum, le socialiste pour salonnards (1) , a un physique qui tient de la chèvre et du lévrier »

     « douze Hitler plutôt qu’un Blum » (Louis Ferdinand Céline)

    Mention spéciale à Charles Maurras: 

    Détritus humain à traiter comme tel. L’heure est assez tragique pour comporter la réunion d’une cour martiale qui ne saurait fléchir. M. Reibel demande la peine de mort pour les espions. Est-elle imméritée pour les traîtres ? Vous me direz qu’un traître doit être de notre pays : M. Blum en est-il ? Il suffit qu’il ait usurpé notre nationalité pour la décomposer et la démembrer. Cet acte de volonté, pire qu’un acte de naissance, aggrave son cas. C’est un homme à fusiller, mais dans le dos.  

     

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    PS :  

    (1) salonnards : on dirait aujourd'hui : "enculés mondains"

     


  • Ce soir, dimanche 25 septembre 2022, sur ARTE, le film avec un  magistral Bruno Ganz dans le rôle d'Hitler intitulé sobrement LA CHUTE qui raconte les derniers jours du Führer et de ses proches terrés dans leur bunker, de façon documentée et minutieuse à partir des récits croisés des témoins. 

    Il y a eu une polémique à propos de ce film, certains trouvant que, d'une certaine façon, il " humanisait " Hitler. Pour ma part, je n'ai pas eu ce sentiment. 

    Un film à voir, et à enregistrer pour pouvoir le revoir des dizaines et des dizaines de fois. 

     


  • Revu cette semaine à la télé Docteur Jivago avec Omar Sharif

    Omar Sharif ! Une bouffée de souvenirs m’envahit ! Dans ma famille paternelle, dans mon enfance, j’ai souvent entendu parler de lui. Parce qu’il était un de ces Libanais chrétiens qui étaient connus dans le monde entier. Et aussi parce qu’il s’était converti à l’Islam pour épouser la femme qu’il aimait.

    Il fut une époque où on se convertissait à l’islam essentiellement… par amour d’une femme. Les journaux ont beau raconter que Churchill était attiré par la spiritualité de l’Islam au point que sa soeur a cru qu’il pourrait se convertir, je n’en crois pas un mot !
    Pour un chrétien d’Orient, la spiritualité de l’Islam se résume à une multitude invraisemblable d’interdits et d’obligations et à un rapport complètement névrosé envers les femmes.

    Interdiction de manger du porc, interdiction de boire de l’alcool, obligation du voile pour les femmes, obligation de faire cinq prières par jour, obligation de faire un pèlerinage à La Mecque (si on en a les moyens), obligation de faire ses ablutions avant la prière, obligation d’enlever ses chaussures à l’entrée de la mosquée, obligation de prier en direction de La Mecque, interdiction d’épouser un non-musulman, interdiction de changer de religion sous peine de mort… pour ne citer que les plus connues ! Même aux toilettes, les interdits subsistent encore : on ne doit pas déféquer en faisant face à La Mecque et on doit s’essuyer d’une certaine façon ! Vérifiez si vous ne me croyez pas !


    L’islam c’est aussi, pour un chrétien d’Orient, un rapport complètement névrosé avec les femmes, comme si les tenants de cette religion en avaient une peur panique. Vous savez, comme dans ces films où, après avoir capturé le héros, non seulement on l’enchaîne dans sa geôle mais on double la garde devant sa cellule et on met toute la garnison en état d’alerte ! Dans l’islam le plus pur, celui de l’Arabie Saoudite et de l’Afghanistan des Talibans, les femmes n’ont pas le droit de sortir sans être accompagnées d’un homme de leur famille, même pour aller faire des courses dans la rue d’à-côté . Elles n’ont pas le droit à l’éducation. Elles sont mineures juridiquement et leur témoignage en justice vaut la moitié de celui d’un homme. Les femmes dans ces deux pays ne sont pas normalement consultées au sujet du mari que leur père a choisi pour elle. Une fois mariées, elles pourront voir leurs maris épouser trois autres femmes sans pouvoir s’y opposer. Les hommes peuvent mettre fin à tout moment au mariage juste en répétant trois fois devant témoins "je te répudie" même en l'absence de l'intéressée (en Arabie Saoudite elles sont désormais informées de leur divorce par SMS). Ce sont elles qui sont coupables et sévèrement punies lorsqu’elles sont violées. Et c’est à elles que l’on applique la plus horrible des peines de mort que l’homme ait inventée : la lapidation.

    Non vraiment, à ma connaissance, les cas de conversion à la spiritualité de l’Islam ont toujours été extrêmement rares au Moyen-Orient. Celles qui me sont venues à l’oreille étaient essentiellement dues… à l’amour ! Ah l’amour, toujours l’amour ! Vous voyez de quoi je parle ? Le truc qui vous rend aveugle et complètement con ! Mais si, voyons, ce sentiment merveilleux qui fait descendre le siège de la pensée directement de la boîte crânienne à la bourse testiculaire ! Mais si enfin voyons, vous vous souvenez, ce sentiment qui faisait dire à Edith Piaf dans "Hymne à l’amour" :
    Je renierais ma patrie
    Je renierais mes amis
    Si tu me le demandais

    Hé bien, voilà ! Notre Omar (de son vrai prénom Michel), répondant à l’appel de l’amour (ou peut-être simplement de ses couilles) s’est converti à l’Islam pour épouser la belle Hamama. Je ne suis pas certain que le pilier de casino qu’il était ait suivi un seul des préceptes de sa religion d’adoption, mais c’est bien un musulman qui a joué le rôle du riche homme d’affaires juif américain Nicky Arnstein dans Funny Girl, d’un médecin et poète russe chrétien orthodoxe dans Docteur Jivago, et de l’archiduc héritier de la couronne d’Autriche dans Mayerling. Trois films que j’ai adorés !

     


  • On peut avoir été un grand chef de guerre, un stratège de génie, un chef d'Etat hors pair, on peut avoir inscrit son nom dans l'histoire de France et du monde, avoir suscité l'admiration d'Eric Zemmour, avoir fait l'objet de dizaines de milliers de thèses, de biographies, de romans ET... ET, comme toi et moi, cher lecteur,  avoir été pendant une période de sa vie, un simple cocu amoureux d'une petite pute qui te trompe au vu et au su de tous,  dès que tu as le dos tourné, et tu le sais, mais tu restes avec elle quand même, parce que tu l'as dans la peau.

    Bref, on peut être à la fois un grand homme et un petit cocu.  La preuve :

    Lettre de Napoléon à Joséphine

    Je t'écris, ma bonne amie, bien souvent, et toi peu. Tu es une méchante et une laide, bien laide, autant que tu es légère. Cela est perfide, tromper un pauvre mari, un tendre amant ! Doit-il perdre ses droits parce qu'il est loin, chargé de besogne, de fatigue et de peine ? Sans sa Joséphine, sans l'assurance de son amour, que lui reste-t-il sur la terre ? Qu'y ferait-il ?
    Nous avons eu hier une affaire très sanglante ; l'ennemi a perdu beaucoup de monde et a été complètement battu. Nous lui avons pris le faubourg de Mantoue.
    Adieu, adorable Joséphine ; une de ces nuits, les portes s'ouvriront avec fracas : comme un jaloux, et me voilà dans tes bras.
    Mille baisers amoureux.

    Vérone, le 1er frimaire


  • Certains jours quand je m’emmerde comme un rat mort dans cette petite vie qui me fait chier, je me dis que j’aurais mieux fait d’être André Malraux. De vivre la vie d’André Malraux, je veux dire. Il est un peu tard, je le reconnais, j’ai déjà loupé une bonne partie de ma vie ! Mais j’ai envie d’une vie comme la sienne ! Une vie d’aventure, de prise de risque, une vie exaltante, quoi !

    Mais bon, dès le début, j'étais mal parti !

    Déjà à 17 ans André Malraux abandonne le lycée et ne passe pas son bac.
    Moi, je me suis fait chier à bosser au lycée, et j’ai supporté à le stress de ma brave femme de mère comme si c’était pour elle une question de vie ou de mort que j’ai mon bac ! Pour quels résultats, dis-moi maman ? Oui je sais que t’es fière de moi, mais le problème n’est pas là ! Comparé à Malraux, j’ai fait quoi d’exaltant pendant ces années ?

    A 20 ans, il épouse une riche héritière, fréquente les milieux artistiques et littéraires de la capitale, voyage à travers l’Europe…
    Moi à peine quitté le lycée, études, travaux dirigés, exposés, examens… Mais, merde enfin, j’avais besoin de souffler, moi ! Il paraît que chez les jeunes américains de familles aisées, il est de plus en plus fréquent de prendre une année sabbatique entre le lycée et les études, histoire de mûrir, de voyager, de réfléchir à ce que l’on veut faire… Pourquoi j’ai pas eu une année sabbatique, moi ? Oui, c’est vrai, maman, j’ai redoublé la première année,  mais ce n'est pas ce qu'on appelle une année sabbatique, maman ! Comment ? Non, non ! Je ne sais pas comment on appelle ça, mais c’était pas une année sabbatique, maman, je t’assure !

    Comme il refuse de travailler et qu’en menant la grande vie, il a dilapidé en quelques années la fortune de sa femme, il décide partir avec elle et un ami au Cambodge pour y voler des objets d’art dans les monuments et les revendre en Europe.

    Moi, ce que j’ai fait de plus crade à l'âge où il faisait ça, c’est fumer quelques joints, me laisser pousser la barbe pour draguer des femmes plus vieilles que moi et me retrouver à moins de 10 mètres des CRS dans des manifs étudiantes ! Non, franchement, en termes de taux d’adrénaline, la comparaison n’est pas en ma faveur !

    Il est arrêté à Phnom Penh et condamné à trois ans de prison

    Moi, je n’ai pas encore eu le bonheur d’avoir affaire à la police ! Même pas une simple garde à vue, je vous jure ! Et en ce moment, il faut vraiment y mettre du sien ! Même pour un excès de vitesse, paraît-il, on peut se retrouver en garde à vue ! Hé bien, moi, jamais ! Je sais, c’est à peine croyable pour quelqu'un comme moi qui rêve d'aventures et d'adrénaline !

    Sa femme Clara est acquittée. Elle repart pour Paris et mobilise en faveur de son mari les intellectuels de l’époque comme Louis Aragon, André Breton, François Mauriac, André Gide et Max Jacob. En appel, sa peine est assortie du sursis et il rentre en France

    Si c’était moi, les intellectuels prestigieux qui auraient pris fait et cause pour moi auraient eu pour noms : Jojo, Ti Jo, Bebert, Paulo… Je ne suis pas certain que leur influence eut été suffisante pour inciter les juges à réduire ma peine.

    A 35 ans, il part en Espagne rejoindre les républicains espagnols en lutte contre le franquisme. Il y restera juste un an, le temps d’obtenir le grade de colonel d’escadrille.

    Ah ça, ça m’aurait plu ! "Guernica"... "Brigades internationales"... "Pour qui sonne le Glas"... C'est quand même la grande classe ! Mon problème aujourd’hui est que j’ai le sentiment que, pour un aventurier comme moi, il n’y a plus d’ennemis qui vaillent le coup. La lutte contre fascisme qui menaçait la Liberté, la Démocratie, les Droits de l’Homme, ça, c’était du combat de titans ! La lutte du Bien contre le Mal !

    Aujourd’hui, pour être dans le même camp, le camp de la Gauche, de la Liberté, du progrès, il faut faire.. quoi ? Lâcher un petit caca nerveux sur Macron chaque jour sur son blog, traiter en ricanant les curés de pédophiles mais épargner les imans qui, dans le vaste monde, marient des gamines de douze ans à des vieillards, s’indigner du salaire des ministres, répéter cent fois par jour que je fais confiance à la parole des femmes…

    Non, tout ça c’est trop médiocre. Ce sera Malraux ou rien ! C’est décidé, je m’en vais ! Direction Phnom Penh. Il doit bien rester dans le temple d’Angkor quelques bas-reliefs mal fixés sur leurs socles !

    D’ailleurs, je m’en vais de ce pas réserver un siège sur le premier avion vol direct pour  Phnom Penh ! Comment...? Le trafic aérien est interrompu à cause d’une grève des bagagistes des aéroports parisiens..? Non, mais... Le sort continue à s'acharner ! C’est bizarre, quand même, que ça n'arrive qu'à moi ! Je n'ai pas connaissance que le destin de Malraux ait jamais été contrarié par des bagagistes ! C’est quoi, ce monde de merde ?





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