• Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir étaient un couple "libre". Ils considéraient leur amour comme un "amour nécessaire" (dans le sens philosophique du terme : inévitable, qui ne peut pas ne pas être) et les aventures qu'ils s'autorisaient comme des "amours contingentes" 

    Avec la publication de la correspondance de Simone de Beauvoir, on se rend compte que les choses n'étaient pas aussi idylliques que cela

    Extrait d'une lettre de Simone de Beauvoir à Bost, l'un de ses "contingents".  Ca ressemble quand même beaucoup à une lettre d'amour et ce n'est pas sympa pour Jean-Paul Sartre.

    « Et pour finir sur ce point, quoique ça me gêne un peu, il faut que je précise ; avec Sartre aussi j'ai des rapports physiques, mais très peu, et c'est surtout dans la tendresse et je ne sais trop comment dire, je ne m'y sens pas engagée parce qu'il n'y est pas engagé lui-même ; ça, je le lui ai expliqué souvent. C'est pourquoi je peux dire qu'avec vous seul j'ai et j'ai jamais eu une vie sensuelle et j'ai besoin que vous la preniez au sérieux et que vous sachiez que je la prends au sérieux moi aussi de toute mon âme. »

    Simone de Beauvoir. « Castor de guerre ».

     

    Des rapports physiques "dans la tendresse" ?!! Mais quel con, ce mec !

     

     

     


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  • C'est curieux. Je n'avais jamais entendu parler de Matzneff, et pourtant j'ai toujours été curieux de polémiques littéraires ou touchant la vie privée des écrivains connus. 

    Bizarre,  je n'avais jamais entendu parler de pétitions signées par des politiques en faveur de pédophiles, pourtant j'ai toujours été curieux de polémiques politiques et notamment  celles touchant aux histoires de cul des élus. 

    Quand je voulais dénoncer la duplicité de certains écrivains, je me rabattait, par exemple, sur Aragon dont les turpitudes étaient connues de tous.

    Exemple d'un article publié en mars 2014 (un peu remastérisé)


     Le poète a toujours raison ? Même Aragon ?

    Tous les communistes et assimilés sont fiers d'avoir un grand poète dans leur camp.  Et ils n'hésitent pas, avec Jean Ferrat,  à l'affirmer haut et fort : 

    Le poète a toujours raison

    Qui voit plus loin que l'horizon

    Et le futur est son royaume

    Le poète étant Aragon, on peut être tenté (c'est humain)  d'aller vérifier s'il a toujours eu raison, s'il a vu plus loin que l'horizon et si le futur a été son royaume. Qu'est ce que vous en dites, mes amis  ? On ne risque pas grand-chose, à part de se faire insulter par Mélenchon et ses soumis.

    Alors qu'est-ce qu'il dit le poète visionnaire qui voit plus loin que l'horizon à propos de... Staline, par exemple ? A l'occasion d'un prix "Staline", il déclare en 1953 dans un discours resté célèbre :

    "Cette distinction porte le nom du plus grand philosophe de tous les temps. De celui qui éduque les hommes et transforme la nature (...) de celui dont le nom est le plus beau, le plus proche, le plus étonnant(...), le nom du camarade Staline. "

    Sur ce coup-là je ne sais pas si on peut vraiment dire que le poète a toujours raison ou si l'on doit plutôt dire :

    Le poète est toujours très con

    Quand il fait preuve de soumission

    Et la bêtise est son royaume.

    Vous me direz "oui mais bon, personne ne connaissait les crimes de Staline, à l'époque ! Il ne savait pas, le pauvre !" Ah oui, vous croyez, ça ? Voici ce qu'il disait deux décennies plus tôt en 1936 de la condamnation à mort d'opposants politiques en URSS :

    "C'est un effroyable déballage d'ignominie, ce procès que domine leur maître à tous, Trotsky, allié à la Gestapo. (...) La Cour suprême se prononce : la mort pour les seize coupables. Le pays n'eût pas compris un autre verdict."

    Amis de la poésie et du massacre de masse, bonjour ! Chantons la gloire du poète

    Le poète est couvert de sang

    Et crie "à mort, les opposants"

    Et le Goulag est son royaume

    Vous me direz, oui, bon, politiquement c'était un gros connard de stalinien, mais dans le privé, quel homme ! Tu as lu "les yeux d'Elsa" ?

    Oui , bon déjà pour moi c'est le poème d'amour le plus ridicule de tous les temps.

    Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire

    J'ai vu tous les soleils y venir se mirer

    S'y jeter à mourir tous les désespérés

    Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire

    (et tout le reste est à l'avenant ! Si malgré tout, vous pensez pouvoir pécho avec ça, à vos risques et périls, la suite est là > Les yeux d'Elsa )

    Mais au moment où il écrit cela, il est déjà homosexuel. Elsa Triolet lui écrira à la fin de sa vie "Le plaisir normal de faire quelque chose ensemble, tu ne le connais pas" Lisez bien cette phrase, mes amis,  et essayez de deviner ce qu'elle évoque de leur vie sexuelle quand elle lui reproche de ne pas connaître "le plaisir normal". Pauvre Elsa !

    Et une fois les yeux d'Elsa fermés, que fait le fringant veuf de 73 ans ? Il assume son homosexualité et notamment sa forte attirance pour les très jeunes garçons :

    Il ne craint plus d’aller draguer dans le square Jean XXIII, sous les tours de Notre-Dame, et s’entoure d’une Cour d’éphèbes de plus en plus jeunes.

    Allez ! Suggestion à Jean Ferrat pour une version remastérisée de son tube

    Le poète de soixante-dix ans

    A toujours aimé les garçons

    L’hypocrisie fut son royaume

    Elsa n'était qu'un paravent

    Un avenir juste en chanson

    Il n'aimait  que ses jeunes amants.

     

     


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  • Dans ce célèbre tableau d'un peintre inconnu, Gabrielle d'Estrée (Gaby, pour son fan-club) ravissante maîtresse du roi Henri IV est avec sa sœur .  

    Gaby oh Gaby

     

    Ce tableau pose aux spécialistes mille questions d'interprétation .

    - en lui tenant le téton entre les doigts, la petite sœur désigne-t-elle Gabrielle comme la favorite du roi ?  

    (NDLR : autrement dit, indique-t-elle que le Roi avait passé la poule à la casserole -ou la poule au pot, comme on disait à l'époque- mais bon, passons...!)

    - et Gabrielle avec une bague entre ses doigts veut-elle faire savoir que son mariage était en cours d'annulation, ce qui lui permettrait d'épouser le bon roi Henri IV ?

    - Pour d'autres, le téton entre les doigts indiquerait plutôt qu'elle est enceinte et l'alliance enlevée et tenue à bout de doigts signifie que le bébé n'est pas de son mari légitime mais de son amant le roi Henri

    - que signifient les rideaux de théâtre qui encadrent la scène ? 

    - qu'est-ce que la vieille est en train de branler au fond de la pièce ? Une layette ?  

    Moi je n'ai pas de réponses à ces questions, vous vous en doutez bien, mais je dis que je regrette l'époque où on s'envoyait des messages sibyllins par tableau interposé ! 

    A l'âge de Gaby sur ce tableau, entre 17 et 18 ans donc, ma copine de l'époque, pour m'annoncer la même chose, m'a dit " Dis-moi, si je t'apprenais un jour que j'étais enceinte, quelle serait ta réaction ?". 

    Si elle m'avait montré un tableau la représentant en train de se faire triturer les tétons par sa sœur, peut-être que j'aurais compris le message, peut-être que ma réponse aurait été différente, peut-être que j'aurais été aussi amoureux d'elle que le bon roi Henri le fut de sa Gabrielle d'Estrée ! Peut-être que j'aurais été heureux !  

    Carlus 

     

    PS : voici ce qu'un de ses contemporains disait de Gaby : 

    "Bien qu’elle fust vestue d’une robe de satin blanc, il semblait estre noire à comparaison de la neige de son beau sein. Ses yeux estaient de couleur celeste et si luisants qu’on eust difficilement pu juger s’ils empruntaient du soleil leur vive clarté ou si ce bel astre leur estait redevable de la sienne. Avec cela, elle avait deux sourcils également recourbés et d’une noirceur aimable, le nez un peu aquilin, la bouche de la couleur des rubis, la gorge plus blanche n’est l’ivoire le plus beau, et les mains dont le teint esgalait celui des roses et des lys mélez ensemble d’une proportion si admirable qu’on les prenait pour un chef d’œuvre de la nature. " 

     

    PPS : si vous vous reconnaissez dans ce portrait, merci de me laisser vos coordonnées.


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  •  

    Des gens sont encore passés me voir ce matin. Rituel immuable. Deux jeunes au regard apeuré sommés de m’embrasser et dire "Bonjour papy" et les vieux cons qui semblent leur servir de parents qui s’adressent à moi comme si on avait élevé les cochons ensemble !

     

    Ils m’ont demandé qui j’avais rencontré ces derniers temps. J’ai préféré ne pas répondre. J’ai bien reçu la visite de mon vieux frère Hérodote, mais je ne veux pas avoir de problème. La réputation qu’a ce vieux gredin d'affabuler pourrait leur laisser penser que, moi aussi, j’invente les histoires que je raconte. Je pourrais pourtant garantir que cet homme - mon ami, mon frère - n’a jamais rien inventé et que tous ces récits sont le reflet exact de ce qu’il a vu et de ce qu’on lui a raconté, mais qui me croirait ? On me rétorquerait que c’est par amitié que j’affirme cela et que "qui se ressemble s’assemble" !

     

    Ceci dit, qu’il soit bien clair que je n’ai aucun problème à être comparé à mon ami Hérodote ! Car nous avons été amis malgré nos disputes incessantes, peut-être même du fait de nos disputes incessantes ! Il était originaire d’Halicarnasse, moi de Mésopotamie. Sa famille avait émigré à Samos pour fuir la tyrannie. La mienne aussi.

     

    Au moment où nous nous sommes connus, il voulait voyager et raconter l’histoire des hommes ! De tous les hommes "tant les Grecs que les Barbares" précisait-il. A cette époque, nous manquions de modestie et voulions tous les deux être Homère ! "Homère ou rien", chantions-nous à tue-tête les soirs de beuverie ! Mais alors que moi je me prenais à l’époque pour un aède, un poète lyrique, lui se sentait plutôt l’âme de ce qu’on appellerait aujourd’hui un "journaliste". Il voulait raconter non pas de lointains événements, comme la guerre de Troie mais l’histoire de son temps ! "La littérature et la poésie, lui disais-je, imbu de moi-même, il n’y a que cela pour vous garantir la postérité !" — "Le récit  et les témoignages sont un moyen plus modeste mais plus sûr", rétorquait-il ! 

     

    La suite lui a donné raison. Je n’ai jamais pu écrire le chef-d’oeuvre que j’avais pourtant là, quelque part dans un recoin de mon cerveau. Lui, a voyagé et raconté. Il est devenu une célébrité de son vivant. Oh certes, il fut très critiqué ! Plutarque de Chéronée  lui consacre même un ouvrage tout entier intitulé " De la mauvaise foi d’Hérodote " et Aristote le qualifie de « mythologue ». En fait, ce qu’on lui reproche est d’avoir la même bienveillance pour les barbares et pour les grecs, la même curiosité amusée pour décrire l'histoire et les coutumes persanes ou égyptiennes et celles des cités grecques.

     

    Mais bien des siècles plus tard, alors que la trace des hommes de son temps était en train de s’estomper dans le sol et dans les mémoires, son oeuvre fut redécouverte et son talent reconnu. Des ouvrages lui sont à nouveau consacrés en pleine renaissance européenne "Apologie pour Hérodote", "Voyage du jeune Anarchasis en Grèce",. 

     

    Plus tard encore, au vingtième siècle, les chercheurs en train de redéfinir les contours de sciences telles que l’histoire, la géographie ou l’ethnologie le considéreront comme le premier d’entre eux.

     

    Jacques Laccariere dans son ouvrage " en cheminant avec Hérodote" dit de lui "Grâce au génie du conteur, le monde « barbare » revit sous nos yeux. Qu’il raconte les suicides de chats en Egypte, la capture des crocodiles sacrés ou les mésaventures du roi Khampsinite, Hérodote nous tient littéralement sous le charme. Et l’émotion nous gagne peu à peu, lorsqu’apparaissent en filigrane « le mouvement du visage, la silhouette de la tendresse » de ceux qui demeurent pour nous l’enfance de l’humanité. "

     

    Et je peux, de mon côté modestement, confirmer à la face du monde que s’il y a bien quelque chose que l’on a envie de faire avec toi, Hérodote, mon ami, mon frère, c’est bien de cheminer à travers le monde en dissertant aimablement avec l' homme de bonne compagnie et de grande culture que tu es !


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  • La princesse Palatine, belle-soeur de Louis XIV, est, pour les historiens, un témoin privilégié de son époque et de la Cour de Versailles puisqu'elle a écrit au cours de sa vie près de 90 000 lettres. Mœurs des courtisans, grands événements, détails de la vie quotidienne, tout ou presque y est décrit dans le moindre détail.

    Parmi les 90.000 lettres, il y a celle-ci, une lettre envoyé à sa tante.

     

    "Vous êtes bien heureuse d’aller chier quand vous voulez ... Nous n’en sommes pas de même ici, où je suis obligée de garder mon étron pour le soir ; il n’y a point de frottoir aux maisons du côté de la forêt. J’ai (...) par conséquent le chagrin d’aller chier dehors, ce qui me fâche, parce que j’aime chier à mon aise, et je ne chie pas à mon aise quand mon cul ne porte sur rien. Item, tout le monde nous voit chier ; il y passe des hommes, des femmes, des filles, des garçons, des abbés et des Suisses. 

    (...)

    Il est très chagrinant que mes plaisirs soient traversés par des étrons. Je voudrais que celui qui a le premier inventé de chier ne pût chier, lui et toute sa race, qu’à coups de bâton ! Comment, mordi ! qu’il faille qu’on ne puisse vivre sans chier ? Soyez à table avec la meilleure compagnie du monde ; qu’il vous prenne envie de chier, il faut aller chier. Soyez avec une jolie fille ou femme qui vous plaise (1); qu’il vous prenne envie de chier, il faut aller chier ou crever. Ah ! maudit chier ! Je ne sache point de plus vilaine chose que de chier. Voyez passer une jolie personne, bien mignonne (1), bien propre ; vous vous récriez : « Ah ! que cela serait joli si cela ne chiait pas ! »

    Je le pardonne à des crocheteurs, à des soldats aux gardes, à des porteurs de chaise et à des gens de ce calibre-là. Mais les empereurs chient, les impératrices chient, les rois chient, les reines chient, le pape chie, les cardinaux chient, les princes chient, les archevêques et les évêques chient, les généraux d’ordre chient, les curés et les vicaires chient. Avouez donc que le monde est rempli de vilaines gens ! Car enfin, on chie en l’air, on chie sur la terre, on chie dans la mer. Tout l’univers est rempli de chieurs, et les rues de Fontainebleau de merde, principalement de la merde de Suisse, car ils font des étrons gros comme vous, Madame.

    Si vous croyez baiser une belle petite bouche avec des dents bien blanches (1), vous baisez un moulin à merde. Tous les mets les plus délicieux, les biscuits, les pâtés, les tourtes, les farcis, les jambons, les perdrix, les faisans, etc., le tout n’est que pour faire de la merde mâchée, etc.

    ____________________________________________________ 

     

    (1) : Par ailleurs, je remarque ( mais pas les historiens)  que la Princesse Palatine parle des femmes et des jeunes filles comme si elle était de la fanfare (comme on dit aujourd'hui) . Mais bon, ça n'a rien à voir avec le sujet.


  •  

    C’est un de mes cauchemars de lecture : le 14 septembre 1812, Napoléon entre, victorieux, dans Moscou. Mais la ville est déserte. Déserte et en proie aux flammes. Pour ses hommes épuisés, c’est le signe de la victoire et de la débâcle de l’ennemi. Pour lui, certainement, une vision d’horreur, car il pressent d’un coup ce qui va suivre.

    Il était au sommet de sa gloire, il avait tout gagné, battu toutes les armées d’Europe : celles d’Autriche, de Suède, de Prusse, d’Espagne, de Russie. Un de ses maréchaux était sur le trône du royaume de Suède et de Norvège, son frère Joseph installé sur le trône d’Espagne. Il lui restait juste à obtenir la capitulation du Tsar Alexandre, ce qui n’était pas le plus difficile puisqu’il l’avait déjà battu militairement, pour renforcer le blocus contre les Anglais et devenir le plus grand monarque d’Europe de tous les temps, loin devant Charlemagne !

    Juste la dernière petite étape à franchir.

     Mais Moscou était vide, ce jour-là.

    Officiellement, il décide d’attendre que le Tsar Alexandre vienne reconnaître sa défaite, mais il a déjà compris toutes les conséquences de cette situation. C’est tout bête, le Tsar ne viendra pas. Et il ne peut ni l’attendre, ni le poursuivre à cause du terrible hiver russe qui commence. Comment n’y a-t-il pas pensé plus tôt ? Quelques jours plus tard, il donne l’ordre de la retraite. Entre-temps, il a bien tenté d’examiner d’autres options, de trouver une idée, une initiative qui pourrait changer le cours des choses, mais tout le ramenait à la vision qu’il eut, à l’instant même où il entrait dans cette grande ville en feu désertée par ses habitants et ses soldats, de ce qui allait inéluctablement arriver : la retraite pitoyable dans le froid extrême et sous le harcèlement de l’ennemi, la traversée du fleuve Bérézina, les 400 000 morts sur le chemin du retour, la sixième coalition militaire qui l’attendrait à l’arrivée, l’abdication sans condition, l’exil, la mort peut-être.

    Entre l’entrée triomphale dans Moscou et le statut humiliant de souverain de l’île d’Elbe, il s’est passé à peine 18 mois.

     

    Le cauchemar, ce n’est pas que la vie est faite de hauts et de bas. Non, ça, tout le monde le sait et assume. Tant que les bas ne sont pas de notre fait ou tant qu’on peut les assumer. Ce n’est pas non plus que "la roche Tarpéienne est proche du Capitole" ce qui veut dire, au fond, qu’il n’y a pas de grand succès sans grand risque. Et ça aussi on l’assume en général assez bien, les hommes de pouvoir, en tout cas.

    Non, le cauchemar, c’est juste la mauvaise décision prise par suffisance, par excès de confiance en soi ou par mépris des autres au moment où tout allait si bien que l’on se sentait tout-puissant et invincible. C’est souvent une décision qui apparaît logique ou banale au moment où elle est prise, mais dont nous entrevoyons un jour, quand elle est devenue irréversible, qu’elle va nous entraîner irrémédiablement en enfer, dans les affres de l’opprobre et de la honte, sans que rien ni personne ne puisse arrêter l’enchaînement des choses.

     

    Les pavés de l'enfer

     

     

     

     

     


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    La bataille d’Azincourt est considérée comme un tournant dans la façon de faire la guerre en Europe et notamment comme la fin la lourde armure du chevalier.

    Sur un champ de bataille détrempé, les chevaliers français, empêtrés dans leurs lourdes armures, sont embourbés dans un terrain boueux. Ils ont dû laisser leurs chevaux, tués de loin par les archers anglais. Ils sont dans la boue visqueuse jusqu’à mi-mollet et se déplacent avec beaucoup de difficulté. Les archers anglais n’ont plus qu’à les viser et les abattre les uns après les autres. Les plus chanceux qui réussissent enfin à faire face aux Anglais, toujours dans la boue, sont épuisés et, dans la mêlée compacte, se meuvent avec difficulté face à des archers anglais transformés en fantassins qui, moins fatigués et sans armures donc plus mobiles et plus agiles, les tuent tous comme on tue des homards, en enfilant les couteaux sous la carapace.

     

    Il faut choisir avec soin le terrain sur lequel on veut engager la bataille et aussi les armes les plus appropriées au terrain choisi (ou imposé).

    Pour l’instant, face à un ennemi plus subtil qu’on ne le croit, nous n’avons pas encore trouvé le bon terrain de bataille ni, forcément, les bonnes armes.

    Pour l’instant, ce sont eux qui se revendiquent, et avec quel succès, de la liberté et nous qui, fonçant tête baissée dans le chiffon rouge, répondons par l’interdiction et la réglementation.

    Ce sont eux qui invoquent les grands principes de la déclaration des droits de l’homme et nous qui pensons que rogner un peu sur nos principes pourrait, "peut-être", "un peu" ralentir l’emprise qu’ils tentent d’exercer sur notre société.

    Espérons que la bataille perdue du burkini sera notre défaite d’Azincourt et nous conduira à revoir nos stratégies, nos terrains de bataille et nos armes pour les futures batailles que nous aurons à mener.


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  • Des gens sont passés me voir aujourd'hui. Il y avait parmi eux une jeune fille et un petit garçon. On leur a demandé de m'embrasser. La jeune fille m'a regardé avec de grands yeux de biche apeurée et m'a appelé "papy". Papy, quel drôle de nom ! Puis ils sont sortis et les autres se sont mis à discuter. Ils parlaient de moi comme si je n'étais pas là. L'une s'inquiétait de savoir si je mangeais bien, l'autre affirmait que je ne faisais plus de différence entre le rêve et la réalité. Un troisième demanda s'il était possible d'enregistrer mes monologues. Il sembla aussitôt s'excuser de cette proposition saugrenue et clama avec grandiloquence "Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui disparaît", avant de quitter la pièce lui aussi.
    A moi, ça me paraissait être une bonne idée, pourtant ! J'ai tellement de choses à raconter. Des souvenirs innombrables qui datent des temps immémoriaux. Des images qui se bousculent dans ma tête, des visions qui m'arrivent dans le désordre à n'importe quel moment du jour et de la nuit.

    J'aurais pu leur parler, tiens, de mon ami Ératosthène et leur dire comment nous avons réussi, lui et moi, il y a plus de deux mille cinq cents ans, à calculer la circonférence de la Terre. Il était grec mais vivait à l'époque en Egypte où il dirigeait la Grande Bibliothèque d'Alexandrie à la demande du Pharaon Ptolémée III. Nous nous sommes croisés un jour dans la grande salle d'Osiris et je suis allé vers lui pour lui dire mon admiration. Nous avons longuement discuté et il s'est pris de sympathie pour le jeune étudiant curieux que j'étais et m'a proposé de m'associer à son projet.

    Selon lui, en observant l'ombre de deux objets situés en deux lieux éloignés, par exemple Syène (aujourd'hui Assouan) et Alexandrie, au solstice d'été à midi, c'est-à-dire au moment précis de l'année où le Soleil est dans la plus haute position au-dessus de l'horizon, on pourrait déduire soit que la terre est plate soit qu'elle sphérique et dans ce dernier cas, calculer sa circonférence en extrapolant l'angle des ombres des objets observés.
     
    Le jour venu , je me rendis à Syène accompagné d'un vieil esclave et d’une jeune fille du nom de Nephté, fille d'Afothis le Savant, ami d'Erathostène. Nous avons sympathisé durant le trajet et, une fois sur place, nous nous sommes isolés pour échanger des baisers, insoucieux du temps qui passait et de la mission qui nous avait été confiée. Heureusement pour nous, le vieil esclave d'Afothis savait ce qu'il avait à faire et il déroula la procédure et prit toutes les mesures que nous devions rapporter.

    Après avoir comparé ses données et les nôtres, Eratosthène convoqua un petit cercle de savants dont j'avais l'immense honneur de faire partie. Ses conclusions furent formelles : la terre était ronde et sa circonférence était  (exprimée en unités d'aujourd'hui) de 39 375 km. J'appris, des siècles plus tard, qu'elle est en réalité de 40 075 km. Une marge d'erreur de moins de 2%, largement inférieure à la marge d'erreur traditionnellement admise dans le domaine des sciences !

    Et de plus, j'en connaissais la cause : il y avait deux mesures à prendre simultanément à deux cents mètres de distance et le corps fatigué du vieil esclave érudit n'avait pu aller plus vite que le soleil.

    Je n'eus d'ailleurs aucun regret : les baisers de Nephté valaient largement les 700 km d'imprécision qu'ils avaient provoqués !

     


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  • C'était en septembre 2003. Des scientifiques découvraient alors en Indonésie, sur l'île de Flores, un fossile d'homme !  Mais un homme qui n'était ni Néandertal ni Homo Sapiens, une nouvelle espèce d'homme, donc. Mais proche de  l'homo Sapiens, puisqu'il savait fabriquer des outils : l'homme de Flores ! Pourquoi pas Homo Sapiens, tout simplement, me direz-vous, puisqu'il y a des traces du passage de ces derniers sur l'île ? Ben parce Mon pote Flores  (Homo floresiensis)qu'il avait une particularité physique, l'homme de Flores  : il mesurait à peine à peine UN mètre, pesait environ 20 kg, et avait la tête pas plus grosse qu'un gros pamplemousse !

     Oui effectivement, ça mérite une classification particulière. Moi j'aurais fait de même, si j'étais scientifique.

    Pourquoi était-il si petit ? Les experts avaient l'explication :

    "Insularité qui explique également sa petite taille : on sait en effet que, en l’absence de prédateurs, les espèces ont tendance à voir leur taille diminuer, du moins ceux ayant une taille supérieure à celle d’un chien, alors que les plus petites ont tendance à grandir, tout cela en une sorte de compétition vers une taille médiane..."
    Peut-être aussi est-ce à cause "d’une grave carence en iode"dont on ignore pour l'instant la cause...

    Mon pote Flores  (Homo floresiensis)Inutile de vous dire que ce fut considéré comme "la plus importante découverte dans l’évolution humaine depuis 100 ans" !

     

     

    Hélas, hélas, hélas ! Ce que la science a fait, la science peut le défaire ! L'homme de Flores était un exemplaire unique d’Homo Sapiens atteint de Trisomie concluent deux études. Sa petite taille a été exagérée par les études initiales et de toute façon "Sur près de 200 syndromes pour lesquels la microcéphalie est un symptôme,... plus d’un quart incluent aussi une petite taille", souligne l’étude.

    C'est dommage ! Moi j'aimais bien la version initiale du petit homme (souvent représenté, je ne sais pas pourquoi, sous les traits d'une femme ))Mon pote Flores  (Homo floresiensis)d’un mètre de haut avec la tête pas plus grosse qu'un pamplemousse !

    Tant pis !

     

     

     

     

     


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  • - Quatre légions romaines, ça représente vingt mille hommes. Vous voulez dire que César a conquis un pays de dix millions d'habitants avec vingt mille hommes ?

    - Il y avait environ cent mille hommes libres dans tout le pays et près de dix millions de clients (protégés de chefs de clans) et d'esclaves. Et les hommes libres étaient nombreux à préférer Rome. Pas Jules César, mais  Rome. Les autres aussi, d'ailleurs. Rome, c'était le confort, l'urbanisme, la technique, l'administration, l'eau courante, les bains, les jeux du cirque. Même les druides s'y sont mis. Le plus grand d'entre eux, Divitiacos, fut l'allié de César.

    - Pourtant César a bien déporté un million de Gaulois?

    - Essentiellement des esclaves. La Guerre des Gaules ne fut pas si difficile qu'il a bien voulu le raconter. Mais à force de raconter des bobards aux Romains, il s'est trouvé bien embêté, Jules César, le jour où il a fallu qu'il fasse défiler dans Rome ses prisonniers pour son triomphe. Il a donc fait défiler des esclaves. D'ailleurs, il avait annoncé aux Romains dans son "prospectus" que les Gaulois étaient roux. Avec Vercingétorix, pas de problème. Mais les autres, il les a fait teindre avant le défilé par amour de la vérité historique.

    - Un grand chef, malgré tout, Vercingétorix !

    - Comme son père, Celtill, chef d'un clan Arverne. Lui aussi a voulu se faire proclamer roi et les autres chefs de clans l'ont condamné à mort et brûlé sur un bûcher conformément à la coutume. Mais ils ont laissé au petit Vercingétorix les biens de son père : ses femmes, ses chariots et ses milliers de "clients".

    _______________________________________________

    Source : "L'Histoire de France racontée à Juliette" de Jean Duché

    (remastérisée -mais seulement sur la forme, pas sur le fond- par votre serviteur Carlus)

    Jean Duché précise en préambule de son ouvrage qu'un historien ne fait que donner une (parmi d'autres possibles) interprétation des faits.

     


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