• L’aventure, il n’y a que ça pour se sentir vivant.

    Je m’ennuie dans ma vie. Il faut que je fasse quelque chose. C’est décidé, je pars à l’aventure. Sans me retourner.

    Dans les romans, quand tu fais ça, je veux dire quand tu pars sans but précis (en général après une grosse peine de coeur ou parce que tu fais l’hypothèse que la terre est ronde) il t’arrive toujours quelque chose d’extraordinaire. Non seulement, les impôts ne vident pas ton compte pour se servir en "acomptes", non seulement les enfants ne te harcèlent pas pour savoir où tu es, non seulement les collègues ne t’appellent pas pour savoir où tu as rangé le dossier Dupond, mais en plus il t’arrive des choses merveilleuses : tu trouves l’amour sous le soleil de Toscane ou tu arrives à l’autre bout du monde et tu deviens le conseiller du Kubilaï Khan ou tu te perds dans la jungle et tu partages pendant 15 ans la vie d’une tribu vivant encore à l’âge de la pierre taillée, jusqu’à ce qu’un jour une expédition te découvre par hasard. "Mister Carlus, I presume ? "

    Il fallait que j’aille à la rencontre de mon destin ! Dans cette vieille France avachie , il ne m’arrive jamais rien. Rendez-vous compte : J’ai fait une fois Toulouse-Paris tout seul en voiture sans tomber sur une seule auto-stoppeuse ! Il faut que je quitte la France ! 

    Alors je fais quoi ?

    Je pars loin, très loin,  en Nouvelle-Calédonie et je m'installe là-bas ! Mais après trois mois à errer dans les rues à la recherche d’un regard, d’un sourire, je décide de prendre sur moi et d'aller en boîte de nuit. Je déteste les boîtes de nuit, mais on m' a dit qu'au bar, on peut se faire des amis. Oui, je me fais des amis : des expatriés médiocres, toujours en bermuda et tongs, vaguement racistes, se vantant sans cesse de partouzes avec des prostituées et pour qui l’aventure consiste à vendre des maillots de bain sur les plages aux touristes et à les mettre en garde contre "l’hypocrisie" des Kanaks.

    Alors, je repars et je vais en Afrique : manque de bol, à peine débarqué, j’attrape la malaria et je passe six mois entre hôpital et maison de repos. C’est pas glorieux, la malaria ! Tu passes ton temps aux chiottes avec une diarrhée interminable entrecoupée de vomissements ! Y a rien à raconter sauf si ton interlocuteur aime les histoires scatologiques. Il y aurait certes des choses à raconter sur l’hygiène des hôpitaux, mais bon, je ne veux pas tomber dans les vieux clichés de toubabs pleins de certitude…

    Mais je ne me laisse pas décourager : je repars cette fois en Amérique latine. Là ce sont les moustiques locaux qui me foutent la "dengue hémorragique". A l’hôpital, on découvre en plus que j’ai la chaude-pisse. "C’est pas possible, Docteur ! La seule relation que j’ai eue depuis que j’ai quitté la France, c’était avec une très jeune fille sur le port d’Abidjan et son oncle s’est porté garant de sa virginité."
    A l’hôpital de Bogota, maigre comme un clou et épuisé, je tombe amoureux de l’infirmière qui s’est occupée de moi et je vais vivre chez elle dans une favela à soixante kilomètres de la ville. Elle est très corpulente et un peu autoritaire mais c’est une femme admirable : elle élève seule ses neuf enfants sans aucune aide de la part de leurs six pères. En tant qu’étranger, je n’ai pas le droit de travailler, alors je m’occupe des enfants pendant la journée et je nettoie la maison pour la soulager.

    Voilà, ça fait bientôt quinze ans et je ne regrette rien… ! Enfin, si… l’absence d’eau potable et les longues files d’attente au dispensaire me pèsent un peu ! Mais il faut savoir ce qu’on veut : loin du confort bourgeois de la vieille Europe, je me sens en phase avec moi-même. 

    L’aventure, il n’y a que ça de vrai pour se sentir vivant.

     


     

    PS : toutes ces aventures ( romancées à ma façon) sont inspirées d'histoires vraies qui m'ont été rapportées au cours de ma vie. 


  • On peut avoir été un grand chef de guerre, un stratège de génie, un chef d'Etat hors pair, on peut avoir inscrit son nom dans l'histoire de France et du monde, avoir suscité l'admiration d'Eric Zemmour, avoir fait l'objet de dizaines de milliers de thèses, de biographies, de romans ET... ET, comme toi et moi, cher lecteur,  avoir été pendant une période de sa vie, un simple cocu amoureux d'une petite pute qui te trompe au vu et au su de tous,  dès que tu as le dos tourné, et tu le sais, mais tu restes avec elle quand même, parce que tu l'as dans la peau.

    Bref, on peut être à la fois un grand homme et un petit cocu.  La preuve :

    Lettre de Napoléon à Joséphine

    Je t'écris, ma bonne amie, bien souvent, et toi peu. Tu es une méchante et une laide, bien laide, autant que tu es légère. Cela est perfide, tromper un pauvre mari, un tendre amant ! Doit-il perdre ses droits parce qu'il est loin, chargé de besogne, de fatigue et de peine ? Sans sa Joséphine, sans l'assurance de son amour, que lui reste-t-il sur la terre ? Qu'y ferait-il ?
    Nous avons eu hier une affaire très sanglante ; l'ennemi a perdu beaucoup de monde et a été complètement battu. Nous lui avons pris le faubourg de Mantoue.
    Adieu, adorable Joséphine ; une de ces nuits, les portes s'ouvriront avec fracas : comme un jaloux, et me voilà dans tes bras.
    Mille baisers amoureux.

    Vérone, le 1er frimaire


  • Certains ont connaissance de nombreux cas d'effets secondaires du vaccin anti-covid dans leur entourage proche. Impressionnant !

    Pendant les vacances, la bêtise continue

     

     

     

    Pendant les vacances, la bêtise continue

     

    Et là, une véritable hécatombe familiale.  Belle-mère, tante, parrain, beau-père, ils sont tous morts du vaccin ! 

    Pendant les vacances, la bêtise continue

     

    Je dois avouer que j'ai un peu honte de vivre dans un monde parallèle : je suis vacciné, ma compagne aussi, mes enfants sont vaccinés, mes amis sont vaccinés ( y compris deux antivax forcés par leurs épouses), mes voisins les plus proches sont vaccinés (ils me l'ont dit)  et... c'est à peine croyable ! AUCUN cas d'effet secondaire !!! 

    Y aurait-t-il un vaste complot mondial pour ME cacher la dangerosité de ce vaccin ???  


     

     

    D'autres, désireuses de profiter au maximum des vacances, se posent la question de la séduction.  Quel parfum pour attirer  les hommes ? La réponse est le Vabbing.  On dit que la technique affole les réseaux sociaux (et notamment Tiktok) et que des centaines d'adeptes échangent entre elles le succès qu'elles ont connus avec cette méthode.

    Pendant les vacances, la bêtise continue 

     


  • Cet extrait n'est pas nouveau puisqu'il date de 2018. Mais un détail m'avait échappée et c'est un dessin de Charlie Hebdo qui me l'a appris.  L'amour, la tolérance et la paix vus par Tariq la trique, ça vaut le détour quad même ! 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


    Ce tweet non plus n'est pas nouveau. Ce type est un responsable du FN-RN passé chez Zemmour aujourd'hui. A l'occasion de la mort de Pierre Mendès-France, il signalait dans un tweet que PMF avait trahi la France DEUX fois :

    - Une 1ere fois  en 1940. C'est-à-dire en refusant la capitulation ordonnée par Pétain. Pour cela il sera condamné par le régime de Vichy pour "désertion".  

    - Et une 2e fois en "Indochine". C'est-à-dire pour avoir amorcé  le mouvement de décolonisation que De Gaulle finira.

     

     

     

     

     

     

     

    Il considère donc que la désobéissance à Pétain et la décolonisation étaient l'une et l'autre des trahisons envers la France. Après ça, Marine peut aller déposer une gerbe a Colombey les deux églises, on sait à quoi s'en tenir !


    Et, plus récent, de l'autre côté de l'Atlantique, voici ce qui va nous arriver bientôt : la chocolatine ou l'éclair au café seront proposés à des prix différents selon notre race. 

     

    Notons que, sur cette liste de racisés destinée à lutter contre le racisme systémique, les  arabes musulmans ne figurent pas. Je ne sais pas s'ils vont s'en réjouir ou le regretter. 

    Notons ensuite qu'une "Native" (Amérindienne en langage ancien) un peu débrouillarde  pourra prendre tout le stock gratuitement ( Native = $0.25  Moins la réduction de $0.25 " for all women") et aller le revendre à 2 dollars la pièce dans un quartier de White/Caucasien !


     

     

     

     

     

     

     

     

     


  • Certains jours quand je m’emmerde comme un rat mort dans cette petite vie qui me fait chier, je me dis que j’aurais mieux fait d’être André Malraux. De vivre la vie d’André Malraux, je veux dire. Il est un peu tard, je le reconnais, j’ai déjà loupé une bonne partie de ma vie ! Mais j’ai envie d’une vie comme la sienne ! Une vie d’aventure, de prise de risque, une vie exaltante, quoi !

    Mais bon, dès le début, j'étais mal parti !

    Déjà à 17 ans André Malraux abandonne le lycée et ne passe pas son bac.
    Moi, je me suis fait chier à bosser au lycée, et j’ai supporté à le stress de ma brave femme de mère comme si c’était pour elle une question de vie ou de mort que j’ai mon bac ! Pour quels résultats, dis-moi maman ? Oui je sais que t’es fière de moi, mais le problème n’est pas là ! Comparé à Malraux, j’ai fait quoi d’exaltant pendant ces années ?

    A 20 ans, il épouse une riche héritière, fréquente les milieux artistiques et littéraires de la capitale, voyage à travers l’Europe…
    Moi à peine quitté le lycée, études, travaux dirigés, exposés, examens… Mais, merde enfin, j’avais besoin de souffler, moi ! Il paraît que chez les jeunes américains de familles aisées, il est de plus en plus fréquent de prendre une année sabbatique entre le lycée et les études, histoire de mûrir, de voyager, de réfléchir à ce que l’on veut faire… Pourquoi j’ai pas eu une année sabbatique, moi ? Oui, c’est vrai, maman, j’ai redoublé la première année,  mais ce n'est pas ce qu'on appelle une année sabbatique, maman ! Comment ? Non, non ! Je ne sais pas comment on appelle ça, mais c’était pas une année sabbatique, maman, je t’assure !

    Comme il refuse de travailler et qu’en menant la grande vie, il a dilapidé en quelques années la fortune de sa femme, il décide partir avec elle et un ami au Cambodge pour y voler des objets d’art dans les monuments et les revendre en Europe.

    Moi, ce que j’ai fait de plus crade à l'âge où il faisait ça, c’est fumer quelques joints, me laisser pousser la barbe pour draguer des femmes plus vieilles que moi et me retrouver à moins de 10 mètres des CRS dans des manifs étudiantes ! Non, franchement, en termes de taux d’adrénaline, la comparaison n’est pas en ma faveur !

    Il est arrêté à Phnom Penh et condamné à trois ans de prison

    Moi, je n’ai pas encore eu le bonheur d’avoir affaire à la police ! Même pas une simple garde à vue, je vous jure ! Et en ce moment, il faut vraiment y mettre du sien ! Même pour un excès de vitesse, paraît-il, on peut se retrouver en garde à vue ! Hé bien, moi, jamais ! Je sais, c’est à peine croyable pour quelqu'un comme moi qui rêve d'aventures et d'adrénaline !

    Sa femme Clara est acquittée. Elle repart pour Paris et mobilise en faveur de son mari les intellectuels de l’époque comme Louis Aragon, André Breton, François Mauriac, André Gide et Max Jacob. En appel, sa peine est assortie du sursis et il rentre en France

    Si c’était moi, les intellectuels prestigieux qui auraient pris fait et cause pour moi auraient eu pour noms : Jojo, Ti Jo, Bebert, Paulo… Je ne suis pas certain que leur influence eut été suffisante pour inciter les juges à réduire ma peine.

    A 35 ans, il part en Espagne rejoindre les républicains espagnols en lutte contre le franquisme. Il y restera juste un an, le temps d’obtenir le grade de colonel d’escadrille.

    Ah ça, ça m’aurait plu ! "Guernica"... "Brigades internationales"... "Pour qui sonne le Glas"... C'est quand même la grande classe ! Mon problème aujourd’hui est que j’ai le sentiment que, pour un aventurier comme moi, il n’y a plus d’ennemis qui vaillent le coup. La lutte contre fascisme qui menaçait la Liberté, la Démocratie, les Droits de l’Homme, ça, c’était du combat de titans ! La lutte du Bien contre le Mal !

    Aujourd’hui, pour être dans le même camp, le camp de la Gauche, de la Liberté, du progrès, il faut faire.. quoi ? Lâcher un petit caca nerveux sur Macron chaque jour sur son blog, traiter en ricanant les curés de pédophiles mais épargner les imans qui, dans le vaste monde, marient des gamines de douze ans à des vieillards, s’indigner du salaire des ministres, répéter cent fois par jour que je fais confiance à la parole des femmes…

    Non, tout ça c’est trop médiocre. Ce sera Malraux ou rien ! C’est décidé, je m’en vais ! Direction Phnom Penh. Il doit bien rester dans le temple d’Angkor quelques bas-reliefs mal fixés sur leurs socles !

    D’ailleurs, je m’en vais de ce pas réserver un siège sur le premier avion vol direct pour  Phnom Penh ! Comment...? Le trafic aérien est interrompu à cause d’une grève des bagagistes des aéroports parisiens..? Non, mais... Le sort continue à s'acharner ! C’est bizarre, quand même, que ça n'arrive qu'à moi ! Je n'ai pas connaissance que le destin de Malraux ait jamais été contrarié par des bagagistes ! C’est quoi, ce monde de merde ?


  • A chaque changement de gouvernement, j'écoute les discours de passation de pouvoirs des ministres et je ne peux m'empêcher de penser qu'on devrait instituer la même tradition en matière de rupture amoureuse et de cocufiage. Cela contribuerait à rendre les choses plus fluides et plus élégantes comme dans les ministères. Ca donnerait quelque chose comme ça :

     

    Mon cher Bernard

    Quitter un lit conjugal que l'on occupe depuis des années n'est pas chose aisée. Quand c'est à l'initiative de celle avec qui l'on partageait le lit, c'est même très difficile. Mais quand j'ai appris que c'est toi qui serais désormais en charge de la vie amoureuse et sexuelle de Nadine, c'est un sentiment de joie - et je dirais même de fierté - qui s'est emparé de moi. Qui d'autre que mon ami d'enfance, qui d'autre que celui qui fut depuis les bancs du collège mon frère et mon confident, pouvait mieux me remplacer dans le lit de celle qui fut ma petite femme adorée pendant de longues années ? Qui mieux que mon vieux pote Bebert pouvait prendre la relève sans tout remettre à plat ?

    Et la relève ne sera pas bien difficile, puisque tu arrives en terrain connu.

    En terrain connu, oui, puisque je t'ai souvent confié, certains soirs de beuverie, le genre d'anecdotes sur notre vie intime qu'on ne raconte qu'à un copain d'enfance. En conséquence, avant même d'entrer dans son lit, tu savais déjà qu'elle  aimait chevaucher son partenaire et détestait les bisous dans le cou. Et comme elle n'est pas du genre à prendre l'initiative ou à réclamer quoi que ce soit en la matière, ces précieuses informations t'auront épargné de nombreux mois de tâtonnement et de recherche ! Non, non ne me remercie pas, c'est normal !

    En terrain connu, aussi, puisque tu n'as pas attendu, à vrai dire, la passation de pouvoir que nous effectuons aujourd'hui pour entrer dans le dossier. Certains auraient refusé, pour des raisons d'éthique, de morale ou autres fariboles, de coucher avec la femme d'un pote. Mais toi, mon cher Bernard, mon ami fougueux, mon frère de misère,  tu t'es chargé depuis des mois, avec un zèle et une discrétion qui forcent l'admiration, de préparer la passation de pouvoir que nous officialisons en ce moment

    Avec, je le reconnais, un grand succès puisque quelques mois plus tard, elle m'annonçait son désir de me quitter sans toutefois évoquer à aucun moment ton nom, ce qui confirme, s'il en était besoin, la délicatesse et la pudeur dont elle a toujours fait preuve à mon égard.

    Voilà ! Je te laisse entrer dans la place. La transition ne sera pas longue puisque ce ne sera pas un voyage en terres inconnues, si je puis dire. J’espère qu'elle te procurera autant de plaisir et de bonheur qu'elle m'en a procuré. J'espère d'ailleurs qu'elle ne s'arrêtera pas là et que tu pourras bénéficier de toute la panoplie des petites et grandes émotions que j'ai éprouvées ces dernières années avec elle, la dernière étant celle d'être cocufié par mon meilleur ami.

    Je voudrais donc avant de te quitter, mon cher Bernard, te souhaiter tout le bonheur du monde, d'abord, et te rappeler encore que je suis prêt, comme dans nos jeunes années, à tout partager avec toi y compris ma chance de cocu !

     


  •  

    LA MELUCHE : Est-ce là, votre fille, la malade ?

    GÉRONTE : Oui, c'est la Cinquième ; je n'ai plus qu'elle et j'aurais tous les regrets du monde si elle venait à mourir.

    LA MELUCHE : Qu'elle s'en garde bien, il ne faut pas qu'elle meure avant que je sois prêt.

    GÉRONTE : Allons, un siège pour le leader maximo !

    LA MELUCHE (en aparté) : La Cinquième... Voilà une malade fort dégoûtante et je tiens qu'un homme bien sain ne saurait s'en accommoder.

    GÉRONTE : Que murmurez-vous là ? Vous lui faites peur, Monsieur.

    LA MELUCHE : Tant mieux, lorsque le leader fait peur, c'est le meilleur signe du monde. Eh bien ! de quoi est-il question ? De quel mal souffre-t-elle ?

    GÉRONTE : Monsieur, sa maladie est qu'elle est devenue impuissante et muette

    LA MELUCHE : Et pourquoi ?

    GÉRONTE : Depuis les élections elle incapable de prendre une décision cohérente et refuse de parler

    LA MELUCHE (en aparté) : Et qui est ce sot-là, qui ne veut pas qu'elle soit muette et impuissante ? Plût à Dieu qu'elle le reste, je me garderais bien de la vouloir guérir.

    GÉRONTE : Enfin, Monsieur, nous vous prions d'employer tous vos soins, pour la soulager de son mal.

    LA MELUCHE : Ah ! ne vous mettez pas en peine. Dites-moi un peu, ce mal l'oppresse-t-il beaucoup ?

    GÉRONTE : Oui, Monsieur.

    LA MELUCHE : Tant mieux. Se sent-elle impuissante ?

    GÉRONTE : Très

    LA MELUCHE : Fort bien. En souffre-t-elle ? 

    GÉRONTE : Oui...

    LA MELUCHE (se tournant vers la malade) : Donnez-moi votre bras. Voilà un pouls qui marque que votre fille est muette et impuissante.

    GÉRONTE : Eh! oui, Monsieur, c'est là son mal : vous l'avez trouvé du premier coup.

    LA MELUCHE : Nous autres grands leaders visionnaires, nous connaissons d'abord les choses. Un ignorant aurait été embarrassé, et vous eût été dire : « C'est ceci, c'est cela » : mais moi, je touche au but du premier coup, et je vous apprends que votre Cinquième fille est muette et paralysée.

    GÉRONTE : Oui, mais je voudrais bien que vous me pussiez dire d'où cela vient.

    LA MELUCHE : Il n'est rien plus aisé. Cela vient de ce qu'elle ne peut plus prendre de décisions

    GÉRONTE : Fort bien : mais la cause, s'il vous plaît, qui fait qu'elle ne peut plus prendre de décisions ?

    LA MELUCHE : Tous nos meilleurs auteurs marxistes vous diront que ce sont le matérialisme et la dialectique qui l'empêchent de prendre les bonnes décisions

    GÉRONTE : Mais, encore, vos sentiments sur la cause de cet empêchement ?

    LA MELUCHE : Lénine, là-dessus dit… de fort belles choses.

    GÉRONTE : Je le crois

    LA MELUCHE : Ah ! c'était un grand homme !

    GÉRONTE : Sans doute.

    LA MELUCHE :  Grand homme, tout à fait : un homme qui était plus grand que moi de tout cela. Pour revenir donc à notre raisonnement, je tiens que cet empêchement de l'action est causé par certaines humeurs, qu'entre nous autres, léninistes, nous appelons dialectiques; mais aussi matérialistes, c'est-à-dire... relatives à la lutte de classes; d'autant que les revendications formulées en Seine-Saint-Denis, c'est-à-dire dans tout le pays, venant pour ainsi dire à.... Entendez-vous le marxisme-léninisme ?

    GÉRONTE - En aucune façon.

    LA MELUCHE (avec étonnement) : Vous n'entendez rien au marxisme-léninisme ???

    GÉRONTE - Non.

    LA MELUCHE (sur un ton professoral)
    Luttes de classes... impérialiste... dialectique... matérialisme, chavisme, effacement de la dette, à mort l'Otan, aux chiottes l'Europe... assemblée constituante...

    GÉRONTE - Ah! que n'ai-je étudié?

    LA MELUCHE - Tout cela pris dans un certain ordre peut avoir comme conséquence que... Soyez attentif, s'il vous plaît !

    GÉRONTE - Je le suis.

    LA MELUCHE :  Je disais donc... peut avoir comme conséquence que... que les gens, vivant dans une dictature bourgeoise et subissant la paupérisation croissante de la classe ouvrière, les gens donc, ont, de ce fait, de la peine à exprimer leurs désirs de référendum révocatoire...

    GÉRONTE - Ah! que cela est bien dit !

    LA MELUCHE : Et voilà justement ce qui fait que la Cinquième est malade !

    GÉRONTE - On ne peut pas mieux raisonner, sans doute. Il n'y a qu'une seule chose qui m'a choqué : Je n'ai pas observé la dictature et la paupérisation croissante que vous avez évoquées

    LA MELUCHE - Oui, cela est dû au fait que vous vous fiez à vos sens ! Il faut faire confiance aux leaders qui connaissent, mieux que vous, ce qu'il convient de voir et de penser. 

    GÉRONTE - C'est ce que je ne savais pas, et je vous demande pardon de mon ignorance.

    LA MELUCHE - Il n'y a point de mal, et vous n'êtes pas obligé d'être aussi habile que moi.

    GÉRONTE - Assurément. Mais, Monsieur, que croyez-vous qu'il faille faire à cette maladie ?

    LA MELUCHE :  Ce que je crois qu'il faille faire ?

    GÉRONTE - Oui.

    LA MELUCHE : Mon avis est qu'on achève la Cinquième et que l'on fasse la Sixième !

    GÉRONTE - Achever la Cinquième et faire une Sixième...? Pourquoi cela, Monsieur ?

    LA MELUCHE :  Parce qu'en faisant une Sixième qui ne dira que ce que je lui dirai de dire et ne fera que ce que je lui dirai de faire, elle ne sera ni muette ni impuissante !

    GÉRONTE - Cela est vrai. Ah, le grand homme ! Vite, achevons la Cinquième !

    LA MELUCHE : Et surtout : vive la sixième !

     


  •  

    La semaine dernière, à la radio, à l'occasion de la mort de Trintignant, un flot de noms me rappellent des souvenirs lointains...

    Vadim, par exemple ! Ce type-là a épousé, tenez-vous bien, Brigitte Bardot, Jane Fonda, Catherine Deneuve, Marie-Christine Barrault et quelques autres que j'oublie !
    Et à sa mort, les photos dans la presse les montraient toutes autour de sa tombe en train de discuter entre elles, le visage grave, comme de vieilles copines. Que peuvent bien se dire entre elles les ex d'un défunt ?

    J'imagine Marie, mon ex-femme, Cynthia, Mado et la garce autour de la tombe du pauvre Carlus. Avec ces quatre-là, ça dégénérerait rapidement, telles que je les connais...


     

    Marie:
    Le pauvre, il est toujours resté un petit peu amoureux de moi. En fait je suis la seule femme qui ait vraiment compté pour lui...

    La garce :
    Oui bien sûr, "un petit peu amoureux de vous" ! Comme il est un petit peu mort maintenant, on peut lui prêter tous les sentiments qu'on veut, il ne risque pas de démentir ! Moi, je sais qu'un an après notre rupture, je lui ai passé un coup de fil et il a rappliqué dare-dare ! Tout le monde ici ne peut pas en dire autant !

    Marie:
    Je parlais d'amour, Madame, pas de fesses !

    La garce :
    Je comprends parfaitement que vous n'ayez pas envie de parler de fesses, vu l'état des vôtres, Madame, et croyez que je compatis sincèrement !

    Mado :
    Mais arrêtez enfin, un peu de respect pour le mort ! Vous vous trompez toutes les deux, c'était un type qui ne croyait PAS en l'amour, il me l'a dit lui-même ! Pour lui la femme idéale, c'était une bonne copine avec qui on couche ! Et les deux années que nous avons passées ensemble ont été les plus belles de sa vie, il me l'a confié au moment de mon départ !

    Cynthia :
    Je ne veux pas vous enlever vos illusions, ma chère, mais ça c'est un copain à lui qui lui a mis ça dans la tête ! Il lui confiait qu'il n'était pas amoureux de vous et l'autre lui a répondu " Tu aimes discuter avec elle ? Tu aimes coucher avec elle ? Oui ? Alors tu es amoureux, mon vieux, ne cherche pas midi à quatorze heures ! "

    La garce :
    Oui, je vous crois volontiers sur ce point, car ses copains avaient une grande influence sur lui ! Il leur faisait une entière confiance et finalement il n'était vraiment heureux qu'avec eux ! Chaque fois que je voulais l'énerver, je lui demandais " Avec tes potes, vous ne seriez pas un petit groupe de pédés refoulés, par hasard ? " Ca le mettait hors de lui, hihihi !

    Mado :
    Ah oui, il m'a raconté ça ! La grande classe, bravo ! C'est bien vous qu'il a qualifiée sur un de ses blogs de "pouf vulgaire et agressive", n'est-ce pas...?

    La garce :
    C'était du dépit amoureux ! Car de moi il n'était pas seulement "un petit peu" amoureux, voyez-vous ?

    Marie:
    Amoureux de vos fesses, tout au plus ! Il a toujours soupçonné que vous étiez infidèle et, tel que je le connais, il était incapable d'aimer une pute !

    La garce :
    C'était avec mon ex-mari, ça ne compte pas ! D'ailleurs vous, ça vous est bien arrivé de coucher avec lui quelques fois après votre divorce ! 

    Cynthia :
    Arrêtez de vous disputez pour rien ! Il est mort maintenant ! Et puis c'était un gros macho, qui sous une apparence cool, voulait tout régenter autour de lui et décider pour les autres. C'est pour cela, d'ailleurs, que cela n'a pas marché avec nous quatre...

    La garce :
    C'est vrai, il était un peu comme ça ! Mais comme avec tous les gros machos, il suffisait de jouer au petit oiseau blessé et de se blottir dans ses bras pour obtenir de lui ce qu'on voulait !

    Marie:
    Oui, il avait un côté un peu paternaliste ! Il se défendait de l'être mais en fait il n'était vraiment attiré que par les femmes fragiles !

    Mado :
    Vous voulez dire : comme Vadim ? Le genre de mec qui aime des femmes fragiles et dépendantes, qui les aident à s'affirmer mais qui cesse de les aimer quand elles deviennent autonomes et veulent avancer toutes seules ?

    Cynthia :
    Vous savez quoi ? Je viens de me rendre compte d'un truc...

    La garce :
    Quoi encore ?

    Cynthia :
    C'est quoi, la probabilité pour que nous ayons vraiment ce genre de discussion ?

    Marie:
    A part dans ses rêves, probabilité à peu près nulle...

    Cynthia :
    Ben justement, où sommes-nous, en ce moment ?

    (Elles se regardent toutes les quatre, les yeux écarquillés)

    Mado
    Oh, mon Dieu, ce n'est pas nous qui parlons en ce moment, c'est lui !

    Les quatre :
    Merde, nous sommes dans son rêve ! Barrons nous, les filles !!!

    Elles s'enfuient en courant

    Carlus (il ouvre les yeux) :
    Les filles, restez encore un peu, je vous en prie ! J'aimerais bien que vous ayez de bonnes relations entre vous. Comme les ex de Vadim !


  • Quand j'entends les victimes décrire leurs viols gynécologiques non comme une agression sexuelle, mais par la brutalité de certains  gestes médicaux, je me demande ce qu'est devenue la notion de viol dans l'esprit de certaines femmes. Mais je suis un homme et si j'exprime des doutes, on me dira que c'est parce que, en tant qu'homme, je ne peux pas comprendre.

    Alors, je vais consulter des femmes que j'aime bien pour savoir ce qu'elles en pensent.  Et ca me rassure.  (image cliquables)


    Le doigté du médecin

     

     

     

     

     

     

    Le doigté du médecin

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le doigté du médecin

     

     

     

     

     

     

    Le doigté du médecin

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


  • L'actualité américaine me renvoie au visage des bouffées de souvenirs pénibles.

    Elle s'appelait Martine. Nous sortions ensemble en Terminale au lycée. Dix-sept ans tous les deux et nous étions déjà  comme un couple. Toujours ensemble, ensemble  pendant les cours, ensemble à réviser, ensemble à la cantine, ensemble hors du lycée.

    La fille la plus romantique que j'ai connue. Son livre de chevet était un recueil de poèmes, écrit par un type qui s'appelait Paul Geraldy intitulé 'Toi et Moi". Les poèmes de ce type étaient...comment dire...? comme de la pâte de guimauve saupoudrée de sucre, nappée de caramel et recouverte de miel !  

    Plus d'un an de mamours, de tendresse et de bisous et le premier souvenir qui me vient d'elle est cette réplique banale : "alors là, ça m'étonnerait!". Les circonstances ? Elle avait un peu saigné pendant l'amour et on cherchait l'explication. "Tes règles? - Non, je les ai eues la semaine dernière ! Peut-être tes ongles à toi? - Non, regarde, ils sont taillés de près !" Elle paraissait soucieuse. Je fis une petite plaisanterie: "Si ça se trouve, c'est un reste de pucelage...". Et sa réponse, murmurée comme à elle-même, qui me glace le sang: "Alors là, ça m'étonnerait !

    Refus catégorique de sa part de m'en dire plus, évidemment. Je n'en ai pas dormi pendant des jours. Qu'est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ? Qu'avait-elle subi comme atrocité pour dire une chose pareille sur un ton si triste ? un viol collectif ? Un inceste dans l'enfance ?  Il fallait que je sache la vérité. Je la harcelai pendant des jours et des jours et finis par apprendre le fin mot de l'histoire.

    C'était tout simplement l'horreur ordinaire des jeunes filles de notre époque : un avortement clandestin effectué par une "faiseuse d'anges" avec aiguilles à tricoter et curetage manuel. Voulez-vous des détails ? A 15 ans elle avait été mise enceinte par un ami de son père et ses parents l'avaient confiée au bon soin d'une dame connue pour régler ce genre de problème dans leur région natale. Les avorteuses de l'époque semblaient avoir toutes le même profil : celui de bonne chrétienne chargée d'aider les parents à éviter l'opprobre et la honte mais aussi de faire payer aux jeunes putains qui leur étaient amenées l'horrible péché qu'elles avaient commis.

    Après avoir réglé le sort du foetus à l'aide des aiguilles à tricoter, il fallait nettoyer et enlever les restes. Elle le fit en introduisant à plusieurs reprises sans ménagement sa main tout entière dans le vagin pendant qu'elle accompagnait les gémissements de douleur de la jeune pécheresse d’incantations destinées à montrer sa réprobation envers sa conduite : "ah ben oui ! Il fallait y penser avant, ma fille...! Ah ben oui, c'est ben le moment de regretter, tiens...! Ah ben oui, quand on fait sa putain, il faut en payer le prix, ma fille..." 

    Voilà pourquoi elle n'était plus vierge dans sa tête. Voilà pourquoi elle pleurait en me le racontant. 

    Et voilà pourquoi, accessoirement, je suis pour le droit des femmes à disposer librement de leur corps. C'est pour que, confrontées au drame qu'est toujours un avortement, elles n'aient pas, en plus,  à subir la souffrance, la haine et la honte.