• ACTE I SCENE I

    Contexte : Les cités grecques sont l’objet de menaces persistantes et d’agressions répétées de la part d'ennemis venus de la Finance. Les Grecs se sont regroupés une fois de plus sous la houlette d’Agamemnon. Celui-ci, en désespoir de cause fait appel, cette fois encore, au rusé Ulysse.

    Lieu : la grande salle du Conseil
    Agamemnon est assis sur son trône, l’air abattu. Ses conseillers, silencieux, tournent en rond, la tête basse, l’air pensif.

    Arrive Ulysse


    Agamemnon : Ah te voilà, Ulysse, nous attendions ta venue avec impatience

    Ulysse : Salut à toi, Agamemnon ! que se passe-t-il ? Que réclame cette foule dehors ?

    Agamemnon : Tu ignores donc les menaces dont nous sommes l’objet ? Les nouvelles ne parviennent donc pas jusqu’à Ithaque ?

    Ulysse : Non, hélas, malgré la promesse des dieux, nous n’avons toujours pas la fibre optique. Je passe mes soirées à faire des points de croix avec Pénélope. J’ai dû terminer mon l'ouvrage avant de pouvoir te rejoindre, ce qui explique mon retard.

    Agamemnon : Ah je vois... Heureux qui comme Ulysse a fait un long ouvrage

    Ulysse : (Oui, bon, ça commence bien !) dis moi l’objet de ta convocation, ô Grand Roi ! Tu as l’air inquiet.

    Agamemnon : Je le suis Ulysse ! depuis quelques mois nous sommes l’objet d’attaques incessantes de la part de nos ennemis et je ne sais plus quoi faire ! Le peuple gronde, certains appellent déjà à l'insurrection.

    Ulysse : Qui sont donc ces insensés qui osent s’en prendre à toi, ô Grand Roi ?

    Agamemnon : les banques,  la Bourse, la Finance … que sais-je encore ? nos créanciers, quoi !

    Ulysse : Vos créanciers ? Que vous veulent-ils donc ? Quelle peut bien être la raison de leur hostilité ?

    Agamemnon : Ben… comment dire ? Nous n’avons plus la capacité de les rembourser, ils menacent donc de ne plus nous prêter la moindre drachme à l’avenir.

    Ulysse : Ben... ça parait normal, non ?

    Agamemnon : Merci beaucoup, Ulysse, pour cette fine analyse ! Si t’as envie de te marrer, on peut aussi danser le Sirtaki ! Comme ça, nous au moins mes conseillers et moi pourrons participer à la poilade…

    Ulysse : Ne te vexe pas, vaillant Agamemnon ! Voyons, qu’est ce qui s’est passé pour que vous en soyez arrivé à cette situation de faillite ? La malédiction de Zeus, la grippe AH1N1, le redoutable virus Ebola ?

    Agamemnon : Non, non, rien de tout cela ! Je crains que nous n’ayons été trop sympas ces dernières années…

    Ulysse : Ah moi je l’ai toujours dit à mes sujets : en politique : trop bon, trop con ! Mais... ça ne te ressemble pas beaucoup. Ca veut dire quoi concrètement "trop sympas" ?

    Agamemnon : ben, chais pas, moi ! Nous avons 25 % de fonctionnaires, par exemple…

    Ulysse : Par Zeus ! Un grec sur quatre est fonctionnaire ??? mais avec quoi les payez-vous ? les impôts doivent être insupportables...!

    Agamemnon : ben.. non, justement... tu sais, les impôts, nous on n'aime pas beaucoup ça, ici !

    Ulysse : mais avec quoi les payez-vous, bordel ?

    Agamemnon : mais avec les prêts, la dette, le déficit… avec nos créanciers, quoi ! tu ne comprends donc rien ?

    Ulysse : Ah oui, bien sûr bien sûr ! Ah putain ! 25 % de mecs payés douze mois pour en bosser huit, c’est quand même lourd comme fardeau…

    Agamemnon : Euuhhh… ils ne sont pas payés douze mois, Ulysse…

    Ulysse : Ah quand même ! je me disais bien…

    Agamemnon : ils sont payés quatorze…

    Ulysse : quatorze… quoi ?

    Agamemnon : quatorze mois !

    Ulysse : Ah la vache !!!! ah putain !!!! Par la foudre de Zeus ! bon pas de panique, restons calmes, gardons notre sang-froid, on en a vu d’autres ! Autre chose encore ?

    Agamemnon : Oh des bricoles... quinze jours d'absence pour cause familiale  par an sont payés sans justificatif. Ils les prennent tous évidemment.

    Ulysse : Non mais attendez ! C’est pas vous qui avez pris ces mesures, là, ce sont vos ennemis qui vous les ont imposées ?

    Agamemnon : Non, c’est nous, je te l’ai dit : on a été trop sympa !

    Ulysse : Bon vous savez quoi ? On va faire casquer les autres : les salariés du privé vont bosser jusqu’à 75 ans, les commerçants et les artisans vont cracher au bassinet !

    Agamemnon : Oui, mais ça on l'a mis en place, évidemment ! Mais ça va pas être facile, tu sais : on a une économie souterraine florissante, un laxisme fiscal que pourraient nous envier certains paradis fiscaux… ET puis si j'augmente les impôts, je vais avoir aussi les grecs sur le dos !

    Ulysse : bon, ok ok ! Alors, voyons… voyons… que faire ? Ah tiens ! Vous avez interrogé l’extrême gauche européenne ? Elle a souvent d’excellentes idées !

    Agamemnon : Ah pour ça, des idées, ils en ont, oui ! Et d’excellentes vraiment !

    Ulysse : Oui, je l'ai souvent constaté. C'est quoi, en l’occurrence ?

    Agamemnon : Ils proposent... euhh... d'effacer  la dette

    Ulysse : Ah oui, d'accord ! Comme pour Haïti et le Ghana ?

    Agamemnon : Euuhh.. oui… oui, c’est un peu ça, l’idée, en fait, oui…

    Ulysse : Et bien entendu, ils suggèrent que, tout de suite après avoir effacé la dette, les banques nous prêtent à nouveau de quoi maintenir votre style de vie et votre déficit chronique ?

    Agamemnon : Ah ben… normal ! Nous n’allons pas laisser la finance internationale décider de ce qu’il convient de faire chez nous ! Non mais, faut quand même pas pousser !

    Ulysse : Ils n’ont pas proposé que les restos du coeur vous prennent en charge pour la bouffe, par hasard ?

    Agamemnon : bon Ulysse, tes remarques perfides commencent à me fatiguer ! Soyons positifs, trouvons une solution !

    Ulysse :  Et l'extrême droite, elle  propose quelque chose  ?

    Agamemnon : Oui en gros, ils proposent de massacrer tous les métèques,  barbares  et autres rastaquouères...  avec femmes et enfants, évidemment !

    Ulysse : pour leur piquer leurs maisons et leur pognon ???

    Agamemnon : Mais non, enfin ! Ce sont des crève-la-faim qui n'ont pas un rond ! C'est même pour ça qu'ils sont chez nous !

    Ulysse : mais pourquoi les tuer alors ?

    Agamemnon : Mais j'en sais rien, moi ! pour se passer les nerfs ! ne leur jette pas la pierre, j'ai déjà essayé le massacre de masse, ça calme les tensions musculaires, je t'assure !

    Ulysse : Je suis découragé, je ne vois aucune solution, ô Grand Agamemnon !

    Agamemnon : Moi, j'en vois une !

    Ulysse :Ah oui...? Ce serait quoi ?

    Agamemnon : Ben, je me disais que, toi et moi, on pourrait mutualiser nos dettes. Il paraît qu'au fil des années, vous avez réussi à mettre de côté un beau petit magot. Si nos créanciers savent que vous garantissez nos dettes, ils pourraient reprendre confiance en nous.

     

    Ulysse : Ah oui, je vois, me porter caution en quelque sorte ! Ce qui te permettrait de continuer à endetter davantage ta cité...! Mais dis-moi, ô grand Roi, quand TES dettes auront dépassé le montant de MES économies, comment ferons-nous ?

    Agamemnon : Ah ben, on avisera à ce moment-là, Ulysse ! A chaque jour suffit sa peine !

    Ulysse : Bon,  ben... je vais rentrer chez moi réfléchir tranquillement à ta proposition !  Au fait tu ne m'as pas dit : Qu'est-ce que j'y gagne là-dedans ? 

    Agamemnon : Ma gratitude, Ulysse, ma gratitude ! Je dirais même plus : ma reconnaissance, mon amitié, ma sympathie...

    Ulysse : Ok d'accord ! Et bien voilà ce qu'on va faire: je rentre à Ithaque et je demande à mes experts d'évaluer précisément la valeur de ton amitié, de ta reconnaissance et de ta gratitude et je te recontacte une fois que c'est fait pour te donner l'équivalent en drachmes, ok ?

     


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  •  

    Cela pose quand même problème à notre société que tant des jeunes Français aillent se faire tuer pour le djihad...

    Stop stop ! Ils ne vont pas se faire tuer, connard ! Ils partent POUR TUER des gens, ce n'est pas du tout la même chose ! Tu comprends, gros débile ? Ils ne partent pas en se disant "je vais donner ma vie pour un idéal", ils partent en disant "on va les crever, ces chiens de mécréants", les mécréants en question étant majoritairement de paisibles paysans plutôt pauvres, plutôt peureux, plutôt désarmés dont le seul tort est de ne pas partager toutes les nuances de leur religion de merde !
    Alors le reste de ton propos puant la sympathie pour des criminels , je ne veux même pas l'écouter, d'autant plus que tu n'auras jamais un mot de compassion pour ces pauvres gens , là-bas, qui depuis des mois et des mois se font violer, mutiler, tuer, crucifier par nos gentils djihadistes français qui pensaient au départ pouvoir faire tout cela sans prendre aucun risque et surtout pas celui de se faire tuer !


    - Le problème, c'est que le système politique est a bout de souffle et ne fait plus rêver !


    Bien sûr, bien sûr... le "système", l'Europe, la politique ne te font plus rêver ! Et qu'est-ce qui te fait rêver, Ducon ? Mélenchon ?  Le comique troupier, le bateleur de foire, le pourfendeur de journalistes, c'est lui qui te fait rêver ?  Le Robespierre du 21ème siècle, un petit père des peuples autoritaire et hargneux, c'est ça qui te ferait jouir ?  Tu serais heureux de te réveiller un jour avec un "cher leader clairvoyant dont la pensée éternelle éclaire  l'humanité" à la tête de l'Etat en train d'accuser tous ses opposants de haute trahison, en train d'emprisonner des journalistes pour propos hostiles, en train de nous expliquer que la Terreur qu'il a institué est exclusivement au service de la Vertu ?  

    Ou alors...ah oui oui... je sais !  Ce qui te fait rêver, c'est la France revue et corrigée par la famille Le Pen !  Que dis-je, famille ? par la dynastie Le Pen puisqu'on sait déjà qui prendra les rênes du parti quand Marine partira à la retraite dans quarante ans !  Super ! Une France qui aurait pour modèle le Rwanda des années 90, une France dans laquelle les Hutus "de souche" poursuivraient, machette à la main, les Tutsis de  deuxième et troisième générations ! Ce qui te fait rêver, c'est une France qui ferait figurer sur les extraits de naissance et sur les cartes d'identité, l'ethnie, la race et la religion des titulaires pour préparer leur déportation vers les pays d'origine de leurs arrières-grands-parents ?

     
    - La jeune femme agressée à coups de tournevis est morte ce jeudi 25 décembre. L’un des agresseurs, un homme de 25 ans déjà connu de la police pour 37 affaires, a été interpellé quelques heures après les faits.

    Voilà ! La prochaine fois qu'il sera interpellé, il sera connu des services de police pour 38 affaires, c'est pas plus compliqué que cela ! 


  • Je ne suis pas croyant, hélas !  Et je le regrette sincèrement car certains chants d'église me donnent envie de croire en Dieu.

     

    Salve, Regína, mater misericórdiae
    Vita, dulcédo et spes nostra, salve
    Ad te clamámus, éxules fílii Evae.
    Ad te suspirámus, geméntes et flentes
    in hac lacrimárum valle.
    Eia ergo, advocáta nostra,
    illos tuos misericórdes óculos
    ad nos convérte.
    Et Jesum, benedíctum frucum ventris tui,
    nobis post hoc exsílium osténde
    O clemens, o pia, o dulcis Virgo María

     

     NB : Ce chant, paroles et musique, date du 11ème siècle

     


  • Tiens, voilà encore un autre qui pousse la porte du restaurant pour y entrer au lieu de la tirer vers lui ! Ca fait plus de vingt ans que la loi a imposé dans tous les lieux publics que les portes s’ouvrent vers l’extérieur et on se fait quand même tous avoir.

    Ce soir je fais découvrir la cuisine japonaise à mon ex-femme. Elle adore la cuisine exotique. Elle est de passage à Paris pour le renouvellement de ses implants mammaires. Dix ans déjà, comme le temps passe ! à l’époque, on était encore ensemble et je n’avais pas aimé. Mais alors pas du tout ! moi, les seins, je ne les effleure pas, je les triture. Et triturer des ballons de silicone merci beaucoup, j’ai trop peur de les faire exploser.

    - Un menu 18, s’il vous plait… dites-moi, est-ce que je peux avoir que des Sushis au saumon, s’il vous plait ? Merci, avec deux Californian Maki.

    Elle me dit que la visite au chirurgien la stresse et me demande de l’accompagner à l’hôpital. Ohlala, c’est bien la peine d’avoir divorcé pour me retrouver avec ce genre de corvées ! Oui mais elle, elle est toujours d’accord pour me rendre service, je ne peux pas lui refuser ça… Mais d’un autre côté ça me met dans une situation embarrassante vis-à-vis de son mari, s’il l’apprend… J’aurais l’air de quoi, là ? Je ne sais même pas si elle lui a dit qu’elle s’était fait refaire les seins…
    Allez ! si le prochain client tire la porte, j’y vais. S’il la pousse, qu’elle se démerde ! Tiens, justement, en voilà un qui arrive… Il tire la porte vers lui !
    - Ok ! Je viendrai avec toi ! mais je ne veux pas que les enfants le sachent
    - Pourquoi ?
    - Ben, tu racontes à tout le monde, même aux enfants, que je suis encore un "petit peu amoureux de toi" !
    - Et alors ? c’est un peu vrai, non ?
    - Mais tu es incroyable !!! Tu as un mari, je te soupçonne même d’avoir un amant, et tu voudrais en plus avoir un ex-mari "encore amoureux" de toi ? Tu veux être aimée de tout le monde ? Tu es une ogresse insatiable !
    - Mais regarde-toi : tu es en train de me faire une crise de jalousie au sujet d’un soi-disant amant ! c’est pas la preuve ça ?
    - Oh écoute, on arrête ! c’est pas la peine de discuter avec toi !

    -----------------------------

    Quelques semaines, plus tard, la garce a droit elle aussi à la dégustation commentée du sushi. Elle, par contre, n’a pas aimé. Tu m’étonnes, plus coincée qu’elle en matière de bouffe, tu meurs !
    La garce ? Oui c’est comme ça que j’ai décidé de l’appeler depuis notre rupture, c’est la femme de ma vie, la seule que j’ai vraiment aimée. Je l’ai revu, au début des vacances, c’est elle qui m’a appelé ! On s’est parlé au téléphone. Je sentais qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Elle n’arrêtait pas de dire "la vie est belle", "je suis seule à décider de ce que je fais de ma vie".
    - Je suis d’accord avec cela, ma petite chérie ! mais quand c’est dit vingt fois de suite, ça cache forcément quelque chose !
    - Je n’ai pas envie d’en parler !
    - Ok comme tu veux ! Alors passons aux choses sérieuses ! dis-moi pourquoi tu voulais me voir
    - Parce que… imagine-toi que ça fait 7 mois et 12 jours que je n’ai pas fait l’amour !
    - Sept mois ! ET douze jours ! Ah oui, ça fait un bail !!! il faut absolument faire quelque chose ! mais alors, question subsidiaire : pourquoi moi  ?
    - Disons que... c’est parce que je suis une mante religieuse… !
    - une mante religieuse ! ? ça veut dire quoi, ça ? 
    - cherche pas à comprendre ! c’est mon psy qui me l’a dit ! Et j’assume !
    - Ah, tu te fais coacher maintenant…? C'est une bonne chose... Donc, mante religieuse ça veut dire que tu ne peux faire l’amour qu’avec des hommes qui t’aiment et que tu n’aimes pas, c’est ça ?
    - Alors ? c'est Oui ou Non ? je suis libre ce weekend. Mes enfants sont chez leur père.
    - Donc moi, dans cette affaire, je suis censé me faire…
    - Bouffer la tête !!! mais après avoir tiré ton coup quand même, il y a des contreparties… !
    - Bon laisse moi réfléchir… ! OK, je crois que je suis prêt à risquer ma tête !
    - Haaann, tu m’étonnes !
    - Eh oh ! on ne se moque pas, s’il te plait ! sinon je m’en vais et je te laisse poireauter encore sept mois… !
    - Ecoute, je n’ai qu’à claquer des doigts et il y a quinze mecs qui…
    - arrêêtte, c’était pour déconner !

    Ave, Eros, morituri te salutant. On a fait l'amour tout le week-end ! Dire que ça colle entre nous n'est pas exact : ca fusionne entre nous ! Quand je fais l'amour à cette fille, je sais intimement que c'est elle que j'aime et personne d'autre ! Sorti du plumard aussi, je l'aime encore, mais là c'est plus difficile à mettre en oeuvre, compte tenu de son caractère de cochon ! Mais à vrai dire, elle ne me demande pas de mettre quoi que ce soit en oeuvre, elle est amoureuse d'un autre. Qui, lui, ne l'aime pas. La vie est compliquée. Elle souhaite juste me rencontrer de temps en temps pour faire l'amour et aller au restaurant. L'amour pour lui rappeler qu'il y a quelqu'un qui l'aime et le resto pour lui rappeler qu'elle n'aime pas la cuisine exotique.

    Dans le train du retour, mes pensées vagabondent : "la vie est belle" qu'est-ce que ça veut dire ? En amour par exemple, elle est belle quand, la vie ? Quand on aime ou quand on est aimé ? Mon ex-femme n'aime personne et veut être aimée de tout le monde. La garce, elle, est amoureuse d'un homme, un seul, envers et contre tous. Deux façons radicalement différentes de vivre l'amour. Aucune des deux ne garantit le bonheur, aucune des deux ne préserve de la dépression.

    Oui, oui, je sais, vous me direz que le bonheur c’est d’aimer ET d’être aimé ! Ben oui, tant qu’à faire ! Ca paraît évident ! Mais je vous répondrai : Pas toujours ! Pensez à la mante religieuse mâle  : ne pas être aimé de sa belle lui garantit une plus belle vie, non ? enfin… plus belle, je ne sais pas, mais plus longue en tout cas !


  •  
    Nous faisions l'amour bien trop sagement à son goût. 
    - C'est à cause de ma corpulence , disait-elle! 
      - C'est à cause de ton innocence !
    Elle aimait les massages pudiques et les caresses sensuelles. 
    Sa spécialité au lit, fièrement revendiquée, était "la pluie de baisers". 
    J'en redemandais. 
    Après l'amour, elle aimait rester nue sous l'édredon à regarder la télé et à commenter. 
    Je m'ennuyais délicieusement. 
    Elle était jolie et avait un corps ferme. Elle savait se maquiller et s'habiller. 
    Elle me plaisait. 
    Elle se trouvait trop forte et manquait de confiance en elle. 
    Mais affirmait savoir faire preuve d'autorité. En tout cas comme monitrice de colonies de vacances, le seul travail (payé, précisait-elle!) qu'elle avait réussi à trouver. 
    Elle m'appelait " mon coeur" et rien d'autre. Elle aimait sa mère fantasque et son père malade. Elle n'aimait pas ses frères et leurs femmes. "Des apprentis intégristes "! disait-elle, l'air grave. 
    Elle avait adhéré à Ni Putes Ni Soumises. Mais elle l'avait fait en catimini, dans un autre quartier que le sien et n'avait jamais participé à aucune manifestation. Courageuse mais pas téméraire. 

    Mais c'était pour défendre « ses droits de femme » expliquait-elle. Ses droits de femmes menacés non par la société, non par des ministres, non par des juges ou des policiers, mais par son père, ses frères, ses cousins et ses oncles, tous de braves gens, honnêtes et travailleurs pour qui l'humanité s'arrête aux talons des femmes. Tous de braves gens attachés au culte de la virginité et à la polygamie comme étant des valeurs "culturelles". Tous de braves gens expliquant à qui veut bien entendre que les femmes sont trop émotives pour qu'on leur confie des responsabilités importantes. De braves gens qui se plaignent des brimades du policier et du videur de boîte de nuit tout en tout exerçant, en toute bonne conscience, les mêmes brimades envers leurs soeurs, leurs femmes, leurs filles et leurs cousines. 

     

    Elle s'était inscrite à 28 ans à la fac de Droit. Elle a abandonné après quelques mois. Trop compliqué. Trop surveillé. Trop mal compris par ses proches. Qu'elle aille à la fac, ce lieu de débauche bien connu, leur semblait tellement plus grave que les déboires de son frère avec la justice, que la maladie de son père, que le chômage de son oncle ! 

     

    Elle s'occupait de son père malade du cancer. Mais curieusement le "traumatisme de sa vie" a été d'apercevoir un jour au centre commercial sa mère embrasser furtivement un homme "sur la bouche". L'homme en question étant un vieil ami de son père qu'elle a toujours appelé "Tonton". 


    Un soir alors que je la raccompagnais chez elle, des jeunes en bande de sa communauté sont passés devant nous en disant assez fort pour être entendus: 
    "Y en a certains qui aiment les grosses PUTES !" 
    Elle a fait semblant de ne pas entendre. Moi aussi, avec ma lâcheté coutumière ! 

     


  • Pièce à conviction déposée par le sieur Carolus lors de son procès

    Mesdames et Messieurs du jury,

    Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir sont restés ensemble toute leur vie un couple exemplaire. Amoureux mais libres. Ils considéraient leur amour comme un "amour nécessaire" (dans le sens philosophique du terme : inévitable, qui ne peut pas ne pas être) et les aventures qu'ils s'autorisaient comme des "amours contingentes" ( qui peut se produire ou non, qui est d'une importance secondaire)

    Ces deux intellectuels de très haut niveau ont donné des leçons au monde entier et donc savent ce qu'ils font et ce qu'ils disent !  
    Avec la publication de la correspondance de Simone de Beauvoir, on se rend compte que les aventures d'une femme, fussent-elles contingentes, ne sont jamais dénuées de sentiments.

    Extrait d'une lettre de Simone de Beauvoir à un de ses amoureux "contingents". On voit bien qu' elle se sent, comme toutes les femmes infidèles,  obligée de diminuer, voire de ridiculiser son grand amour "nécessaire" en précisant qu'il est un très mauvais coup au lit et qu'elle n'a jamais éprouvé de plaisir avec lui.

    « Et pour finir sur ce point, quoique ça me gêne un peu, il faut que je précise ; avec Sartre aussi j'ai des rapports physiques, mais très peu, et c'est surtout dans la tendresse et je ne sais trop comment dire, je ne m'y sens pas engagée parce qu'il n'y est pas engagé lui-même ; ça, je le lui ai expliqué souvent. C'est pourquoi je peux dire qu'avec vous seul j'ai et j'ai jamais eu une vie sensuelle et j'ai besoin que vous la preniez au sérieux et que vous sachiez que je la prends au sérieux moi aussi de toute mon âme. »

    Simone de Beauvoir. « Castor de guerre ».

    http://www.lepoint.fr/actualites-litterature/2007-01-18/correspondance-simone-de-beauvoir-ces-lettres-qui-ebranlent-un-mythe/1038/0/45316


  •  Acte unique, scène unique

    Lieu : Commission d'orientation des âmes - Séance plénière

    Personnages (par ordre d'apparition) 
    - le greffier, personnage insignifiant
    - Méphisto, Maître des lieux et odieux personnage
    - Thérèse de Lisieux, sainte 
    - Christine Boutin, presque sainte
    - Lucifer, Gardien - réceptionniste de l'Enfer
    - Carlus, pauvre hère

    Le greffier: La commission, réunie ce jour en séance plénière, présidée par le sieur Mephistopheles dit Mephisto, a pour objet d'examiner le recours en appel du sieur Carlus contre la décision n°666 de ladite commission de l'orienter vers l'Enfer aux fins d'expier les fautes impardonnables qu'il a commises de son vivant. En conséquence de quoi...

    Méphisto : Bon, ça va, ta gueule, greffier de mes fesses! J'ai une soirée poker dans une heure, alors tu te magnes le cul, s'il te plaît ! Donne-nous les noms des membres de la commission et leur accréditation qu'on puisse commencer ! 

    Le greffier : Pardon, Monseigneur... eeuuhh...Président! La commission est composée de Mesdames Thérèse de Lisieux et Christine Boutin accréditées par le très haut et très grand ci-devant...

    Méphisto : et par Messaline et moi-même pour représenter les Forces du mal! La séance est ouverte et présidée par moi-même : alors, au sujet de quoi est-ce à propos ce dont il s'agit?

    Le greffier : Le sieur Carlus voudrait contester une décision de la commission, Monseigneur ! 

    Méphisto : Ah oui, je sais, un chieur de première, celui-là ! Mais il me plaît bien depuis qu'il a énervé les deux poufs représentant le très honoré, très puissant et très haut branleur de l'univers ! 

    Thérèse et Christine (se levant) : Oh! c'est un scandale ! Nous exigeons des excuses immédiates sinon nous quittons la commission !

     Méphisto : Ok,Ok je vous présente mes excuses, Mesdames et je vous demande de vous rasseoir... lentement s'il vous plaît, car j'entends d'ici le bruit de grelot de vos boules de geisha !

     Christine : ooohhh... Monsieur Méphisto... je suis outrée par votre grossièreté!

     Méphisto: Bon, continuons ! je lis que le sieur Carlus a choisi de présenter lui-même sa requête en se faisant assister, au besoin, du sieur Lucifer ! Salut, Lucif ! ça boume ? la petite vierge que tu devais me préparer est prête ?  

     Lucifer : Elle se languit déjà de toi, Méphi ! 

     Méphisto : Parfait ! Bon, Carlus, tu as la parole et nous te serions infiniment reconnaissants de nous la faire brève, s'il te plaît !

     Carlus : Merci Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les membres de cette honorable commission, je viens aujourd'hui devant vous pour demander réparation d'une horrible injustice commise à mon endroit. Votre commission, à la suite de ce qui ne peut être qu'un terrible malentendu, a interprété un de mes propos dans un sens contraire à celui que je voulais lui donner et je...

    Méphisto : Bon, c'est bien ce que je craignais, Carlus, tu ne sais pas faire court ! alors je vais le faire à ta place ! Tu as dit en gros qu'une femme qui trompe son mari est une salope alors qu' un mec qui trompe sa femme n'a rien fait de grave ! Bon, je crois que c'est une vérité de bon sens et je demande aux membres de cette vénérable commission de voter l'acquittement.

    Thérèse : Oh c'est un scandale !

    Christine : les flammes éternelles de l'enfer, voilà le châtiment que cela mérite !

    Carlus : Non, non ! s'il vous plaît ! Je n'ai jamais dit cela ! Ce que j'ai dit est totalement différent : j'ai dit que la charge affective mise dans une relation amoureuse n'était pas toujours aussi importante chez les hommes que chez les femmes et qu'en conséquence...

    Méphisto : Excuse-moi, Carlus! C'est quoi, cette histoire de charge affective ?

    Carlus : Euuhh... comment dire...? C'est, en quelque sorte...

    Méphisto : (se tournant vers Lucifer)

    Dis-moi, Lucif, la petite possède une charge affective ?

    Lucifer : Mieux que ça, Méphi ! Une charge explosive ! Elle n'attend que ta mèche...!

    Méphisto : Parfait ! Allez, on t'écoute, Carlus !

    Carlus : Je voudrais dire au préalable que je crois que les femmes sont les égales des hommes. Je le précise notamment à l'attention des membres féminins de la commission et...

     Méphisto : C'est ça ! Passe-leur de la pommade, Carlus! A leur âge, c'est indiqué !

     Carlus : ...et je suis prêt, sur ce point, à passer mon âme au détecteur de mensonges!

    Méphisto : C'est déjà fait, Carlus, continue !

     Carlus : Mais égales ne veut pas dire identiques! Il y a un certain nombre de domaines où nos sensibilités diffèrent ! Pour prendre l'exemple de l'amour...

     Méphisto : Sois clair, Carlus, c'est bien la baise que tu appelles amour, là ? Appelons une chatte une chatte !

     Carlus : Euuhh... oui, si on veut ! Donc pour prendre l'exemple du sexe, les  femmes mettent souvent beaucoup de sentiment, d'affection dans une relation sexuelle même illégitime, même de courte durée.

    Méphisto : Tu as 3 minutes pour présenter tes conclusions

    Carlus : C'est donc pour cela, Monsieur le président, mesdames et messieurs de cette honorable commission, que j'en arrivais à la conclusion que lorsqu'une femme trompe son mari, il y a beaucoup de chances pour qu'elle ne soit plus amoureuse de lui ! Alors qu'une telle conclusion est beaucoup moins évidente pour les hommes.

    Méphisto : 30 secondes

    Carlus : Il ne s'agit pas de morale ! L'homme et la femme adultères sont aussi fautifs l'un que l'autre! je dis seulement qu'il y a plus des chances que l'une soit amoureuse de son amant que l'autre de sa maîtresse. Je ne dis donc pas qu'elles sont des salopes, ni qu'elles sont plus fautives que les hommes, je dis au contraire que la femme adultère est une femme amoureuse... amoureuse de son amant ! Et donc que l'infidélité féminine est plus fatale pour le couple légitime que celle des hommes. 

     Méphisto : Merci, mon cher Carlus! Lucifer, tu as vérifié le scanner cérébral ? Il a été sincère ?

     Lucifer : parfaitement sincère, Président Méphisto !

     Méphisto : des remarques, Mesdames ? 

     Thérèse : je voudrais dire qu’il est trop facile de trouver des différences entre les hommes et les femmes qui sont toujours à l'avantage des hommes...

    Méphisto : Eh oh ! On fait la guerre, nous, pendant que vous restez planquées dans vos chaumières! Faut pas pousser, quand même ! En plus il paraît que vous jouissez dix à quinze fois plus intensément que nous !

    Thérèse : ah oui, Monsieur Méphisto, la guerre, le sexe! vous ne savez faire que ça...!

    Carlus : je voudrais dire, Mesdames, que je n'approuve pas cette remarque du Président...

    Méphisto : Bref ! Christine, un mot avant de passer au vote? 

    Christine : Non, Monsieur Méphisto, rien à ajouter à ce qu'a dit Thérèse !

    Méphisto : Messaline, ton verdict ? Où est-elle, encore ? Elle dort ? Pffttt... C'est vrai qu'elle a passé sa nuit dans une orgie monstrueuse hier soir ! Si je vous disais qui j'ai vu là...! Ah ça, mon brave Carlus, elle, on ne peut pas dire qu'elle mette beaucoup de sentiments dans ses partouzes, la Messaline! 

    Carlus : Les femmes comme Messaline sont rares, Président

    Méphisto : Allez on vote à mains levées! Qui est d'accord pour envoyer Carlus au paradis ? Deux voix contre: celles du paradis, deux voix pour: celles de l'enfer! En cas d'égalité, la voix du président est prépondérante! Mon cher Carlus, tu vas au paradis!

    Carlus : Ouf ! Merci Président

    Méphisto : Oh et puis...je vais même faire mieux ! Pourquoi tu irais te faire chier là-bas, alors qu'ils ne veulent pas de toi ? Allez je suis dans un bon jour! En vertu des pouvoirs que je me suis conférés, je te renvoie sur Terre! En échange, tu m'expliqueras, avant de t'en aller, cette histoire de charge affective ! Je crois que j'ai jamais essayé ça avec une meuf !

     


  • Ils habitent des petits villages perchés aux flancs de montagnes abruptes avec vue panoramique sur les plaines environnantes.  Question de survie, expliquent-ils. Depuis longtemps.

    Ils déclarent à tout le monde qu’ils étaient là avant les autres. Mais tout le monde s’en fout. C’est vrai, quelle importance, maintenant ?

    Les intellectuels issus de leur rang ont été de tous les combats contre la colonisation, contre le sionisme, pour la démocratie et pour le socialisme. Ils étaient membres fondateurs et idéologues du parti Baas, premier ministre de Sadam Hussein, grand argentier d’Hafez El Assad, chef de la diplomatie d’Hosni Moubarak.
    Mais ils restent profondément méfiants envers le pouvoir politique qui les a toujours désignés comme boucs émissaires en temps de crise. 

    Au Liban et en Syrie, ils se revendiquent descendants des Phéniciens, peuple de navigateurs qui parcourut le monde non pas pour le soumettre ou le coloniser mais pour y établir des comptoirs commerciaux.
    Et de fait, quand ils émigrent, c’est souvent pour faire du commerce et pas pour vendre leur force de travail.

    Ils ont souvent de la famille à l’étranger. Des hommes partis par vagues successives vers l'Amérique, ou le Brésil ou l'Argentine, ou le Mexique ou les îles de la Caraïbe, parfois vers l'Europe, pour fuir les persécutions religieuses… ou pour chercher fortune. L’un n’empêchant pas l’autre.

    Ils ont vécu le génocide arménien comme une blessure intime et aujourd'hui encore un arménien, où qu'il soit dans le monde, est d'office leur ami.

    Ils sont souvent islamophobes primaires ("ils sont fourbes… en cachette ils boivent du vin, mangent du porc et pratiquent la sodomie…") mais ont tous de nombreux amis musulmans ("oui mais lui, il est différent… Celui-là, il n’est pas comme les autres…")

    Ils se disent plus modernes que leurs compatriotes musulmans. Et la seule preuve qu'ils apportent est que leurs femmes ne se cachent pas les cheveux sous un voile, sauf à l'intérieur d'une église ! Et de fait, la chevelure abondante des chrétiennes orientales est un vrai régal de beauté et de sensualité !

    Ils aiment la France qui les a traités avec bienveillance pendant la colonisation, et la Russie qui a menacé à plusieurs reprises au fil des siècles d’intervenir en Turquie pour empêcher des massacres de chrétiens orthodoxes.

    Ils ont le sens de la famille et aiment les beaux mariages mais sont souvent, sur la durée, des maris exécrables, autoritaires et jaloux et des épouses acariâtres et vindicatives.

    Ce sont les Chrétiens d'Orient. Les miens. Si lointains et si proches à la fois.




  • Des gens sont passés me voir aujourd'hui. Il y avait parmi eux une jeune fille et un petit garçon. On leur a demandé de m'embrasser. La jeune fille m'a regardé avec de grands yeux de biche apeurée et m'a appelé "papy". Papy, quel drôle de nom ! Puis ils sont sortis et les autres se sont mis à discuter. Ils parlaient de moi comme si je n'étais pas là. L'une s'inquiétait de savoir si je mangeais bien, l'autre affirmait que je ne faisais plus de différence entre le rêve et la réalité. Un troisième demanda s'il était possible d'enregistrer mes monologues. Il sembla aussitôt s'excuser de cette proposition saugrenue et clama avec grandiloquence "Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui disparaît", avant de quitter la pièce lui aussi.
    A moi, ça me paraissait être une bonne idée, pourtant ! J'ai tellement de choses à raconter. Des souvenirs innombrables qui datent des temps immémoriaux. Des images qui se bousculent dans ma tête, des visions qui m'arrivent dans le désordre à n'importe quel moment du jour et de la nuit.

    J'aurais pu leur parler, tiens, de mon ami Ératosthène et leur dire comment nous avons réussi, lui et moi, il y a plus de deux mille cinq cents ans, à calculer la circonférence de la Terre. Il était grec mais vivait à l'époque en Egypte où il dirigeait la Grande Bibliothèque d'Alexandrie à la demande du Pharaon Ptolémée III. Nous nous sommes croisés un jour dans la grande salle d'Osiris et je suis allé vers lui pour lui dire mon admiration. Nous avons longuement discuté et il s'est pris de sympathie pour le jeune étudiant curieux que j'étais et m'a proposé de m'associer à son projet.

    Selon lui, en observant l'ombre de deux objets situés en deux lieux éloignés, par exemple Syène (aujourd'hui Assouan) et Alexandrie, au solstice d'été à midi, c'est-à-dire au moment précis de l'année où le Soleil est dans la plus haute position au-dessus de l'horizon, on pourrait déduire soit que la terre est plate soit qu'elle sphérique et dans ce dernier cas, calculer sa circonférence en extrapolant l'angle des ombres des objets observés.
     
    Le jour venu , je me rendis à Syène accompagné d'un vieil esclave et d’une jeune fille du nom de Nephté, fille d'Afothis le Savant, ami d'Erathostène. Nous avons sympathisé durant le trajet et, une fois sur place, nous nous sommes isolés pour échanger des baisers, insoucieux du temps qui passait et de la mission qui nous avait été confiée. Heureusement pour nous, le vieil esclave d'Afothis savait ce qu'il avait à faire et il déroula la procédure et prit toutes les mesures que nous devions rapporter.

    Après avoir comparé ses données et les nôtres, Eratosthène convoqua un petit cercle de savants dont j'avais l'immense honneur de faire partie. Ses conclusions furent formelles : la terre était ronde et sa circonférence était  (exprimée en unités d'aujourd'hui) de 39 375 km. J'appris, des siècles plus tard, qu'elle est en réalité de 40 075 km. Une marge d'erreur de moins de 2%, largement inférieure à la marge d'erreur traditionnellement admise dans le domaine des sciences !

    Et de plus, j'en connaissais la cause : il y avait deux mesures à prendre simultanément à deux cents mètres de distance et le corps fatigué du vieil esclave érudit n'avait pu aller plus vite que le soleil.

    Je n'eus d'ailleurs aucun regret : les baisers de Nephté valaient largement les 700 km d'imprécision qu'ils avaient provoqués !

     


    2 commentaires
  • C'est facile de faire pleurer sur les enfants du Tiers-Monde.

    Mais quand ce sont des larmes de bonheur, ça change tout ! 

    Quatre minutes de pure émotion offertes par l'association 20/20/20 !