•  Au fait, qui incarne le mieux le VRAI Gilet jaune que tout le monde évoque pour  justifier du bien-fondé de la révolte populaire ? 

     

    - Le barbu salafiste hurlant "La France, elle est à nous" ?

    Qui est Gilet Jaune ?

    - Le débile profond  demandeur d'"asile constitutionnel" ?

    Qui est Gilet Jaune ?

    L'agitateur gauchiste faisant feu de tout bois  ?

    Qui est Gilet Jaune ?

     

    le patron de la  CGT ?

    Qui est Gilet Jaune ?

    Le connard complotiste ?

    Qui est Gilet Jaune ?

    Celle que ses amis GJ traite de "sale juive" ou de "sale pute" (dit-elle elle même "après vérification") ?

    Qui est Gilet Jaune ?

    L'élu Debout la France qui demandait aux GJ de s'opposer à la vente imminente de l’Alsace Lorraine à l’Allemagne ?

    Qui est Gilet Jaune ?

    Les antisémites délirants Soral et Dieudonné acclamés dans plusieurs manifs GJ ?

    Qui est Gilet Jaune ?

    Les casseurs et les incendiaires des Champs Elysées ?

    Qui est Gilet Jaune ?

     

     

     

     


  •  

    Le monde a bien changé. Dans ma jeunesse militante, le soutien des peuples en lutte contre la colonisation et pour leur indépendance tournait autour d'un slogan puissant, repris plus tard par l'ONU :

    Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes

    Le mot d'ordre était clair, logique, efficace. Il affirmait d'abord qu'il y avait des peuples, que ces peuples avaient des droits et que ces droits devaient s'exercer sur eux-mêmes, à l'intérieur d'un territoire donné protégé par des frontières.
    Il supportait toutes les variantes, ce slogan : Le féminisme résumé comme le droit des meufs à disposer d'elles-mêmes, le régime Khmer rouge comme le droit des Khmers à s'massacrer eux-mêmes, les dictatures comme le droit des chefs à s'désigner eux-mêmes, l'onanisme comme le droit des corps à se faire jouir eux-mêmes.

    Même lorsque l'URSS intervenait militairement dans les pays frères elle affirmait avec force qu'elle n'envoyait ses chars qu'à la demande des peuples pour leur permettre d'exercer leur droit à disposer d'eux-mêmes.

    Mais ce grand principe est battu en brèche depuis quelques années.

    D'abord par les Organisations Non Gouvernementales (en général occidentales) qui estiment que les peuples du Tiers-Monde ne savent pas gérer leurs problèmes et qu'il est nécessaire de les gérer à leur place. Pas question de confier de responsabilités importantes aux autochtones, ni de s'appuyer sur des structures locales.

    Battu en brèche ensuite par le fameux Droit d'ingérence proposé par le french doctor, défendu par la diplomatie française et adopté par le Conseil de Sécurité de l'ONU. Les peuples les plus forts ont le devoir et l'obligation morale de se soucier du respect des droits de l'homme dans les pays les plus faibles et éventuellement le droit d'intervenir militairement pour les faire respecter.

    Aujourd'hui, les mentalités ont tellement évolué qu'on en arrive à un principe que l'on pourrait résumer comme : le droit des peuples à disposer des autres.

    Quel étrange spectacle que ces milliers de Sud-Américains parcourant des milliers de kilomètres à pied pour se rendre aux USA dans l'intention de s'y installer et d'y vivre sans en avoir obtenu l'autorisation préalable. Le président du pays de destination a beau annoncer qu'il ne les laissera pas entrer, qu'il enverra l'armée pour les en empêcher, ces migrants continuent leur chemin, sûrs de leur bon droit et avec la conviction intime que ces menaces n'ont aucune valeur, qu'ils ont le DROIT de vivre dans le pays de leur choix et que la volonté des populations locales (exprimée par leurs dirigeants) est sans importance, illégale, nulle et non avenue. 

     -------------------------------------------------------------------------------

    PS : je sais bien que les colonies de peuplement ont jalonné l'histoire  des hommes et que depuis le début de l'humanité les persécutés d'un pays ont trouvé refuge et racines dans les pays qui ont bien voulu les accueillir. Mon grand-père en est une illustration. Mais à l'époque on entrait dans le pays d'accueil avec humilité et avec la permission des autorités locales.   


  •  

    Quand j'entends les revendications de certains  Gilets jaunes et les propositions des politiques qui les soutiennent, je pense inévitablement aux blagues de mon père :

    Un auvergnat à l'article de la mort fait venir un notaire pour rédiger son testament : il lègue cinq millions à l'aîné, trois millions à la cadette, un million à la Marie qui s'est bien occupé de lui et cinq cent mille au voisin pour le remercier de sa gentillesse. 

    Puis, sentant venir la mort, il dit au notaire : je suis heureux d'avoir pu aider ma famille avant de m'en aller. Mais dites-moi, Maître, où allez-vous trouver tout cet argent ?

     

    A part Jean de La Fontaine et mon père, je n'ai pas connu beaucoup de gens qui faisaient l'éloge de la fourmi, du petit épargnant, de la CMD (classe moyenne déclassée), comme on dit aujourd'hui. Dans notre inconscient collectif, le type "classe" c'est le type sympa qui dépense sans compter, c'est le type à l'âme un peu artiste, un peu aristocratique, qui refuse de travailler, mais aime claquer le fric, c'est l'aventurier des films d'action qu'on va chercher dans un bar glauque parce qu'il a claqué le trésor qu'il a découvert dans l'épisode précédent ! Que penserait-on de Tintin ou d'Indiana Jones si on apprenait qu'ils prenaient rendez-vous avec leur banquier pour placer les gains de l'aventure précédente au meilleur taux ?

    Le héros des temps modernes ne veut pas être riche au sens patrimonial du terme, il veut gagner facilement de l'argent et le dépenser tout aussi facilement. Ce sont les Rolling Stones qui, fauchés tous les dix ans, font une tournée mondiale pour "se refaire". C'est le jeune André Malraux qui méprise le travail et décide qu'il s'enrichira en volant des oeuvres d'art de par le monde.

    Les gens comme mon père sont nombreux pourtant ! Ils ne sont pas riches, ils sont juste économes et ont toujours un petit magot disponible quelque part, dans un bas de laine ou sur un compte en banque. Leurs enfants et leurs petits-enfants s'en souviennent d'ailleurs, à chaque fois qu'ils ont besoin de refaire la salle de bains ou de s'offrir une cuisine aménagée!

    Mais il n'y a pas que leurs enfants ! Ils seront les premiers à qui les banquiers proposeront des actions Euro tunnel, et les premiers à se voir piquer une partie de leur économie par le ministre du budget sous couvert de mesures fiscales destinées à la lutte contre la spéculation financière internationale !

    La classe moyenne, c'est la "petite-bourgeoisie" ( à prononcer sur un ton méprisant) des marxistes, c'est le "petit patronat" (à prononcer sur un ton condescendant) des organisations patronales, c'est le "boutiquier" pour qui un sou est un sou des cigales,  c'est le "commerçant qui se frotte les mains à l'approche de Noël" des journalistes, c'est le "petit porteur" (à prononcer sur un ton moqueur) à qui on a réussi à fourguer des titres Euro tunnel.

    La classe moyenne c'est celui qui fait souvent un boulot ingrat dont  on parle souvent sur un ton méprisant dans les conversations des gens branchés : comptable, charcutier, garagiste, prothésiste dentaire... Il a beaucoup cotisé aux caisses d'assurance maladie et aux caisses de retraite. D'ailleurs, sa caisse est excédentaire et on utilisera le surplus pour compenser la caisse des intermittents du spectacle ! Lesquels intermittents diront de temps en temps à la radio " pourquoi ne pas me proposer un boulot de comptable ou de charcutier, pendant qu'on y est ?" Non, rassure-toi l'artiste, on ne te proposera jamais ça, ce serait trop cruel !

     

    Et quand, de temps en temps, un mouvement politique ou revendicatif s'intéresse à lui, s'adresse aux gens comme lui, en lui rappelant à juste titre qu'il paie plus d'impôts que les autres, que sa couverture maladie est gérée par des incompétents, qu'il ne bénéficie pas du chômage s'il fait faillite, que sa caisse de retraite est excédentaire car il ne prend jamais sa retraite à 55 ans , ni à 60 ans, ni même à 65 ans,  c'est en général pour conclure à la fin que c'est la faute des juifs, que les élus sont des voleurs, que les nègres doivent retourner dans leur pays !

    Pauvre Classe moyenne déclassée !

      

     

     


  • La pièce Le marchand de Venise de Shakepeare est-elle une pièce antisémite ?  Ca se discute, mais ça ne se tranche pas sans appel. Certes le juif Shylock est un usurier; certes il a demandé à Antonio, le marchand de Venise,  une livre de sa  chair comme gage. 

    Mais  il est malheureux : on a enlevé sa fille, on l'a humilié, on l'a enfermé dans le Ghetto. Et quand Antonio lui annonce qu'il ne pourra pas le rembourser, il décide de se venger et d'exige sa livre de chair.

     

    SHYLOCK 

    Il m’a humilié ; il m’a fait tort d’un demi-million ; il a ri de mes pertes ; il s’est moqué de mon gain ; il a insulté ma nation ; il a fait manquer mes marchés ; il a refroidi mes amis, échauffé mes ennemis, et pour quelle raison ? Parce que je suis un Juif.

    Un Juif n’a-t-il pas des yeux ? un Juif n’a-t-il pas des mains, des organes, des proportions, des sens, des affections, des passions ? ne se nourrit-il pas des mêmes aliments ? n’est-il pas blessé des mêmes armes, sujet aux mêmes maladies, guéri par les mêmes remèdes, réchauffé par le même été et glacé par le même hiver qu’un chrétien ? si vous nous piquez, ne saignons-nous pas ? si vous nous chatouillez, ne rions-nous pas ? si vous nous empoisonnez, ne mourons-nous pas ? et si vous nous outragez, ne nous vengerons-nous pas ? si nous sommes semblables à vous dans tout le reste, nous vous ressemblerons aussi en ce point. Si un Juif outrage un chrétien, quelle est la modération de celui-ci ? La vengeance. Si un chrétien outrage un Juif, comment doit-il le supporter, d’après l’exemple du chrétien ? En se vengeant. Je mettrai en pratique les scélératesses que vous m’apprenez ; et il y aura malheur si je ne surpasse pas mes maîtres

    William Shakespeare, Le Marchand de Venise, Acte III, scène 1


  •  

    L’antisémitisme c'est la haine des juifs
    Le terme sémite est curieux à plusieurs titres. A l'origine, il fait référence à des gens parlant la même langue ou des langues ayant la même origine. Les langues sémitiques sont notamment l'hébreu et l'arabe. Par un étrange glissement de sens le mot en est venu à désigner une race (la "race" de ceux qui parlent une langue sémitique - sic -) et par deuxième glissement de sens à une seule composante de cette "race" , les juifs.
    Si le sens d'origine avait été conservé, les Sémites seraient aujourd'hui composés de près de deux milliards d'arabophones répartis entre le Moyen Orient, l'Afrique du Nord et l'Asie (Indonésie, Pakistan...)  et une infime minorité de "juifs".

     

    L’antisionisme ce n'est pas forcément la haine d'Israël
    Selon le Larousse l'antisionisme c'est l'hostilité à l'existence d'Israël ou à l'extension de l'Etat d'Israël. Les deux composantes de la définition sont très différentes et même antagonistes.

    Etre hostile à l'existence de l'Etat d'Israël, aujourd'hui, signifie forcément vouloir sa disparition et la disparition de l'Etat d'Israël ne pourrait être que le résultat d'un conflit qui aboutirait à un énorme holocauste. C'est la position (et le fantasme) de l'Iran dans son désir de se doter de la bombe atomique et de Daech dans sa volonté de nettoyage ethnico-religieux.
    Dans cette partie de la définition, l'antisionisme est stricto sensu un antisémitisme particulièrement monstrueux visant la disparition totale du peuple juif.

    Mais la deuxième partie de la définition c'est presque le contraire. Etre hostile à l'extension de l'Etat d'Israël, cela veut forcément dire reconnaître l'existence d'Israël (dans ses frontières d'origine, certes) et refuser seulement son extension territoriale unilatérale.
    C'est la position de pas mal d'Israéliens et aussi celle de la majorité des pays du monde civilisé qui reconnaissent l'Etat d'Israël mais pas les territoires annexés par la guerre ou la colonisation de peuplement et qui souhaitent que les frontières entre Israël et ses voisins soient fixées uniquement par la négociation.

    Etre antisioniste cela peut donc vouloir dire OU BIEN souhaiter la disparition de la population d'Israël OU BIEN au contraire et in fine souhaiter qu'Israël vive en paix dans des frontières négociées avec ses voisins.

     

    Mais les deux mots ont aujourd'hui des utilisations biaisées

    Il y a une autre acception crapuleuse du terme Sioniste qui est grosso modo "sale juif". C'est celle développée par quelques immondes crapules (Dieudonné et Soral pour ne citer que les plus cons) qui, craignant de se trouver sous le coup des lois réprimant le racisme et l'antisémitisme, ont décidé d'employer le mot Sioniste à la place de leur insulte favorite "sale juif".

    Signalons au passage que pénaliser l'utilisation du mot Sioniste ne leur coûterait qu'un modeste effort d'imagination pour trouver un autre mot pour désigner péjorativement les juifs. Un peu à l'instar de cette quenelle qu’ils ont trouvée pour contourner le salut nazi qui leur avait été interdit.

    L'antisémitisme c'est également le chantage permanent que font les extrémistes juifs sur leurs opposants. Quiconque désapprouve la politique de colonisation de peuplement massive, les propos et les provocations racistes anti-arabes, et parfois anti-chrétiens, les humiliations quotidiennes faites aux populations palestiniennes, venant de responsables israéliens de petits partis religieux extrémistes et fanatiques, quiconque donc ose émettre la moindre réserves sur la politique des gouvernements Sharon et Netanyahou peut se voir accusé d'antisémitisme. 

     

     

     


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    Extrait d'un article du journal libanais L'Orient le jour, daté du  07/01/2019

     

    Nouvelles d'Arabie

     

    Nouvelles d'Arabie

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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    Sur la devanture d'une librairie consacrée à la BD, j'ai trouvé un exemplaire de ça :

     

    Jeux violents

     

    Prince Valiant ( ou Vaillant) est un des héros préférés de ma jeunesse. Et pourtant des héros de BD, j'en ai connu ! Je les ai tous connu d'ailleurs  (Akim, Blek le roc, Mandrake, Zembla, j'en passe et des très cons !)

    Mais Val, comme l'appelait affectueusement son auteur, tient une place à part dans mes souvenirs !

    Un garçon, dans son développement pubère, rêve de combats, de violence et de guerre ! Dans ces rêves seulement, heureusement, mais il y a de la violence latente en chacun de nous, c’est une évidence ! Sinon comment expliquer que des histoires comme ça puissent nous faire rêver ?

    Jeux violents

    (A noter au passage que les ennemis, les envahisseurs, ceux qui nous préparaient un grand remplacement, étaient blonds aux yeux bleus et particulièrement féroces... mais c'est une autre histoire sur laquelle nous reviendrons plus tard...peut-être !)

    Mais il a aussi besoin, le petit garçon, d'histoires d'amour, de séduction et d'idylles joyeuses !

    Jeux violents

     

    Hé bien Prince Valiant, c'était tout ça ! C'était  Faites l'amour ET la guerre !

    Et puisque tout cela se passait avant mai 68, l'amour était très chaste et la guerre très sanglante. 

     


  • Ma société est morte. 

    Morte emportée par des torrents de boue, de mensonges, de stupidité et de lâcheté.

    Nous avons assisté, impuissants, dans la lumière lugubre d'un crépuscule d'automne, à la lutte de pouvoir que se livraient les nouveaux barbares. Le drame a suivi son cours, inéluctablement, sans que personne ne puisse s'y opposer.

    Les sociétés ont une fin. Nous le savons maintenant.

    La mienne est morte misérablement. Traînée dans la boue et dans la fange, achevée à coups de pied par des crapules qui poussaient le cynisme jusqu'à se réclamer de ses valeurs ! Tuée au nom de la liberté, elle qui l'avait si généreusement offerte à ses assassins ! Massacrée au nom de la justice, quel paradoxe ! Quelle tristesse !

    J'ai assisté à tout, depuis le début ! Au commencement, des nuages noirs, menaçants et de mauvais augure, ont envahi le ciel. On entendait au loin les bêlements indignés de quelques brebis stupides. Cela n'avait pas l'air grave. Il y avait bien d'étranges bergers derrière elles, mais on n'y a pas prêté attention.
    De temps en temps une flambée de violence était signalée à la périphérie des villes. On craignait que ce ne soit des hordes de loups. C'était des "jeunes", nous disait-on, pour nous rassurer. Parfois, on entendait dire qu'ils étaient entrés dans Paris continuer les luttes territoriales commencées ailleurs.

    Peu de temps après, des clans barbares sont arrivés et se sont installés dans le paysage, luttant entre eux pour le contrôle de territoires avant de revendiquer le contrôle de la société tout entière. Ils étaient minoritaires. On ne leur a pas accordé plus d'attention que cela. Après tout, la liberté (la liberté ! ô mon Dieu) la liberté voulait qu'on les laisse tous s'exprimer. Trois clans principaux se dégagèrent rapidement, se référant à des sociétés où toutes (TOUTES !) les libertés avaient été abrogées, soit au nom de la pureté de la race, soit au nom de la justice sociale, soit au nom de la religion.

    On les a laissé s'exprimer sans prendre la peine de les contredire !

    Oui, hypothétique lecteur de ce récit improbable, nous avons fait cela ! Nous avons offert la liberté aux ennemis de la liberté ! Cela leur a permis de prétendre qu'ils avaient changé et qu'ils étaient désormais les seuls défenseurs des libertés et que cette vieille putain de société bourgeoise (NOTRE société !) ne méritait que haine et mépris !

    Ils ont pris la parole et l'ont gardée. Les uns ont proclamé que la loi de Dieu (de leur Dieu !) était supérieure à la loi des hommes (à nos lois !), les autres que la pureté raciale était la seule garante de la survie et du progrès du genre humain (une stupidité sans nom !) les autres encore que les élections "un homme - une voix" n'étaient pas démocratiques et que seule une petite minorité (choisie parmi ceux qui avaient tout compris) devait diriger cette société et faire le bonheur du plus grand nombre, contre son gré éventuellement.

    On les a laissés parler ! On n'a même pas lutté. On n'a même pas répondu. Nous étions intellectuellement avachis, convaincus (cons vaincus d'avance !) que nos valeurs étaient si fortes, si ancrées dans les esprits qu'elles étaient indestructibles. Peut-être aussi avons-nous été suffisants ! Ils paraissaient tellement insignifiants !

    Tout ensuite a été très vite ! Toutes nos valeurs ont été retournées contre nous ! Des pratiques religieuses puériles issues des sociétés antédiluviennes ont conquis les esprits de nombreux malheureux en quête de spiritualité. Des femmes soumises à la loi patriarcale jusque dans leurs tenues vestimentaires ont été présentées comme des symboles de l'émancipation des femmes. Des gens se revendiquant d'une hiérarchie des races se sont réclamé hérauts d'une démocratie basée sur la loi du plus fort (du plus pur !).

    La grande curée commença alors ! Ils étaient tous unis dans la détestation de la Grande Putain ! Celle-ci se défendit mollement, ses défenseurs étant la plupart du temps occupés à négocier des concessions qui seraient dénoncées aussitôt après avoir été signées.

    Le jour de sa mort, le ciel devint noir, seulement éclairé par des nuages reflétant la lumière rouge des incendies, dispersés un peu partout dans la ville, intenses et beaux comme des buissons ardents !

    Son agonie fut longue et horrible. Elle fut d'abord humiliée, battue, séquestrée dans le bruit et la fureur, dans le tumulte et le fracas par la horde des fauves se réclamant de sentiers lumineux et d'avenir radieux. Puis violée, souillée et réduite en esclavage par des religieux en transe avant d'être vendue aux partisans de l'avènement de l'Ordre Nouveau qui la transférèrent dans un camp où elle mourut de faim et de froid, rongée par la vermine.

    Après sa mort, personne ne parla plus de liberté, ni de justice sociale, ni de partage de richesse. Le temps d'argumenter et de convaincre était fini. Le temps des fauves était venu. Le temps du sang et de la mort. Le temps de la guerre, le temps du plus fort.

     


  •  

    On connaît la blague de la pharmacienne qui demande à haute voix à son assistante qui est au fond de la pharmacie : "Mireille, tu peux me prendre deux boites de préservatifs Olla rainurés Extra pleasure pour monsieur, s'il te plaît" et qui se retourne vers vous pour vous dire avec un grand sourire : "une minute, ça arrive, monsieur" devant la demi-douzaine de mères de famille qui font la queue derrière vous avec bébés sur les bras et gamins en train de courir dans la pharmacie ?

     

    Hé bien d'une certaine façon, ce qui m'est arrivé est bien pire que cela ! Ca commence il y a quelques années dans le cabinet du médecin :

    "Ecoutez, cher ami, il fallait me le dire dès le départ, enfin ! La maladie d'un proche est une terrible épreuve qui explique vos troubles".

    - Mais je vous avoue que je ne voyais pas moi-même le rapport, docteur...

    - Vous nous faites un petit épisode anxieux, cher ami ! je vais vous prescrire un traitement qui va vous permettre de traverser cette phase d'une façon plus... d'une façon moins pénible.

     

    Le lendemain, je me rends à la petite pharmacie qui se trouve à deux pas de mon bureau. Je connais bien la pharmacienne. Elle est sympa avec moi et a la particularité d'être une adepte inconditionnelle de l'homéopathie et de la phytothérapie. Il n'est pas rare qu'elle vous dise en vous délivrant l'ordonnance "si vous trouvez ça trop agressif, il y a des produits à base de plantes qui sont très efficaces. N'hésitez pas à revenir me voir".

    J'entre, elle me salue derrière le comptoir et me dit "Ah monsieur Carlus, vous avez retrouvé votre carte ? " C'est un petit code entre nous pour me faire passer avant les autres en leur faisant croire que j'étais là avant eux et que je me suis absenté quelques minutes juste pour chercher un document.

    Je lui tends l'ordonnance. Elle la met de côté pour terminer de servir la cliente en cours. Quelques minutes après, alors que je suis en train de regarder les produits phyto étalés sur le comptoir, je l'entends me dire :

     "Vous êtes angoissé ?"

    Je la regarde, elle est là avec mon ordonnance entre les mains, le regard étonné, curieux, presque souriant... Je regarde les autres clients devant qui je suis passé, certains me regardent, d'autres détournent la tête poliment comme s'ils n'avaient rien entendu... Je suis à deux pas du bureau, il y a certainement parmi eux des gens qui me connaissent, au moins de vu...

    Je lui dis "non, non, c'est le médecin qui m'a..."

    Elle me coupe la parole , toujours avec le regard un peu étonné "C'est très lourd comme médicament... ça crée de l'accoutumance, vous le savez ?"

    - Mais va te foutre, salope, tu ne vas pas refuser de me délivrer mon médicament, quand même ! Non, non, je ne lui dis pas cela, évidemment mais je le pense très fort !

    - C'est du stress professionnel ou un problème plus grave ?

    Elle me fixe toujours du regard, avec cet air un peu étonné, un peu incrédule ! C'est vrai que je ne dois pas avoir l'air d'un anxieux à ses yeux ! On se croise quelques fois dans les restaurants du quartier et c'est vrai qu'avec mon 1.80 mètre et mes 95 kilos, mon sourire facile et mes blagues de potaches, ma propension à écumer les restos du quartier avec quelques collègues et les paris stupides organisés au bureau, je dois plutôt faire figure de bon vivant dans le quartier ! 

    Je lui réponds : Oui-oui, c'est... professionnel, oui !

     - Ah ben, c'est trop lourd, je pense ! J'ai des produits aussi efficaces et moins invasifs... tenez, je vais vous montrez !

    Là, j'évite de regarder la file d'attente, car, à mon avis, les gens doivent certainement commencer à grogner leur mauvaise humeur.

    Bref, comme elle m'aime bien et qu'elle veut m'éviter une dépendance aux anti-dépresseurs, elle me fait acheter une douzaine de boîtes de produits à base de... je ne sais plus, moi... de coca, de ginseng, de mandragore, de thé vert, de Valériane, de Passiflore, d'Aubépine, j'en passe et des meilleurs !

    En me recommandant les produits, elle me signale de temps en temps :  "ça , j'en prends régulièrement, c'est très efficace" !

    Ben oui, ma pharmacienne est une anxieuse, certainement de type chronique, comme ma mère, comme ma femme, comme ma fille aînée ! Qu'est-ce qui vous angoisse ainsi les filles ? La société ? les hommes ? la vie ? la mort ? la vieillesse et la maladie ?

    Pour moi je crois que c'est la mort qui me fait peur ! ou plus exactement la mort précédée de longues souffrances inéluctables !

    Mais je crois seulement ! au fond j'en sais rien ! si c'était ça, l'angoisse aurait été permanente et les médocs n'y pourraient rien changer !

    Quand on prend un anxiolytique, tout va bien, la boule dans l'estomac disparaît, les idées noires s'évanouissent, mes muscles de détendent ! Si ça trouve, l'angoisse n'est qu'un problème physique, assimilable à une crise de foie ou à la migraine ! tu prends des cachetons et ça disparaît !

     

    Ma pharmacienne m'a quand même délivré mes Lexomil prescrits ! j'ai essayé la phyto et le Lexomil ! Voulez-vous mon avis ? y a pas photo, le Lexomil est mille fois plus efficace !

     


  •  

    "Una furtiva lagrima" a illustré au moins trois films que j'ai aimé revoir cette année, dont le superbe Match point de Woody Allen .
    C’est une chanson d’amour "elle m’aime, mon dieu, si elle m’aime, que demander de plus.... ses yeux brillants..."
    Mais le morceau est toujours choisi pour illustrer la même situation : Le moment ou le destin va basculer, ce moment de calme avant la tempête où tu as pris la décision qui ne te permet pas de retourner en arrière. Tu as fait quelque chose d’irréversible et tu es seul à le savoir pour l’instant.
    Les conséquences vont arriver de façon tout aussi irréversible.

    C’est le moment, par exemple, où tu quittes une personne que tu aimes et que tu ne verras plus jamais. Tu le sais. En franchissant la porte, tu te retournes. Elle te regardait partir et t’adresse un sourire triste. Tu n’aurais pas dû lui tourner le dos. La dernière image qu’elle aura de toi, c’est toi en train de t’en aller. Ca te fait chier. Mais il faut que tu retournes bosser là-bas, loin. Dans le couloir de l’hôpital, des images envahissent ta mémoire. 
    Tu te souviens qu’elle t’a pris sur son ventre et qu’elle pleurait. De joie, de souffrance à cause de la césarienne, d’émotion que cet instant tant attendu soit enfin arrivé. Ce sont ses souvenirs à elle, mais ce sont les tiens aussi.
    Tu te souviens d’elle, assise sur le canapé à trois heures du matin, de train de t’attendre. Elle avait prévu de t’engueuler mais elle est tellement soulagée qu’il ne te soit rien arrivé qu’elle te demande si tu ne veux pas qu’elle te réchauffe un peu de soupe.
    Des images d'elle se bousculent dans ta tête. Tu la revois  assise sous un arbre en train de discuter avec une amie. Dans le salon en train de pleurer dans les bras de ton père. En train de regarder d'un air faussement sévère ton bulletin scolaire...
    Elle va mourir et tu ne seras pas là. Tu vas l’apprendre par le téléphone, tu vas te précipiter pour la rejoindre mais ça n’aura plus d’importance. Le dernier moment entre elle et toi, c’est toi en train de disparaître le dos tourné dans le couloir blanchâtre d’un hôpital.
    Elle était retournée en enfance. On la trouvait assise par terre dans le salon en train de jouer à la dînette avec les napperons de la table basse. Mais en nous voyant, elle retournait s’asseoir dans son fauteuil comme si de rien n'était et nous parlait normalement. Ses rapports avec nous n’ont jamais changé. D’ailleurs c’est elle qui m’a dit de retourner bosser.
    Non, non, pas tout à fait ! Elle ne m’a pas dit cela. Mais elle le pensait, certainement. 

    Enfin, peut-être… Je ne sais pas.

     





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