• - Booonne réponse, c’est Marie Laforêt ! Et je vous annonce qu’elle viendra nous voir la semaine prochaine

    - Elle viendra avec Maxime Le Forestier ? (rires et applaudissements)

    - Et avec Jean Dujardin ? (rires et applaudissements)

    - Et avec sa cousine italienne, Foresti ? (rires et applaudissements)

    Ah, l'humour Grosses Têtes d'aujourd'hui !

    Je peux comprendre que tu aies été très déçu de voir ton bébé Les Grosses têtes t'échapper, mon cher Philippe Bouvard. Mais il faut que tu te fasses une raison : l’humour beauf suppose que l’on soit en phase avec son environnement idéologique. Je sais de quoi je parle : Les grosses têtes m’ont fait rire pendant longtemps dans les embouteillages de fin d’après-midi. Mais si j’ai une tendresse particulière pour cette émission, il faut bien reconnaître qu’elle était, depuis quelques années, dépassée !

    Il y a 30 ans, notre société était idéologiquement de droite. Le socle de l’humour beauf était le clochard millionnaire, l’intellectuel au langage précieux, le travelo et la tarlouze, le toucher rectal, les accents africain et arabe. Et les personnages positifs étaient les voyous proxénètes derrière le masque goguenard de Bernard Blier et la verve de Michel Audiard.
    C’est fini, tout ça ! Les "chaudasses" et les "suceuses"  de Kersauson, c’était déjà limite de ton temps, mon Fifi ! Tu as bien tenté de t’adapter, mais tu n’étais plus dans l’air du temps ! Tu n’étais plus en phase avec la société.

    Laurent Ruquier, lui, est indiscutablement en phase avec son temps !

    Déjà il est de gauche ! En tout cas, il le dit et le répète à qui veut bien l’entendre ! Si on lui demande en quoi il est de gauche, il répond invariablement qu’il est fier de payer beaucoup d’impôts ! Quand on compare à toi, Philippe, qui ne cessait de te plaindre, avec ou sans humour, de la rapacité du fisc français, on voit bien qu’il n’y a pas photo ! Aujourd’hui le crime suprême, juste après le crime contre l’humanité est la fraude fiscale. Et la seule faute morale qui subsiste dans nos sociétés est l’optimisation fiscale. Tu vois à quel point tu es dépassé, toi qui, en plaisantant ou pas, as toujours présenté le fraudeur fiscal sous les traits positifs d'un débrouillard astucieux et plein de bon sens !

    Ensuite, Laurent Ruquier est gay. Ca met définitivement l’émission à l’abri du soupçon d’homophobie et, de façon plus générale, de discrimination sexuelle ! C’est un avantage considérable, ça, Philippe ! Aujourd’hui, une réputation d’homophobie est une marque indélébile d’infamie. Et il faut bien reconnaître que toi et tes invités étiez, malgré les précautions des dernières années, toujours à la limite de commettre l’irréparable.


    Enfin, Laurent Ruquier, même s'il pratique, contrairement à toi, le calembour épais et le jeu de mots facile, aime aussi citer, comme toi, les mots d’esprit des grands auteurs. Mais, dans mon souvenir tout au moins, ta préférence allait systématiquement aux citations les plus homophobes et les plus sexistes des grands écrivains,  du genre :

    "aimer une femme intelligente est un plaisir de pédéraste" (Baudelaire)

    "La femme est ce que l'on a trouvé de mieux pour remplacer l'homme quand on a la déveine de ne pas être pédéraste" (Boris Vian)

    "Cet homme a des couilles au cul, même si ce ne sont pas toujours les siennes" (Clemenceau) 

    Même en se cachant derrière de grands auteurs, ce n'est plus toléré, ça, à notre époque, mon cher Phlippe Bouvard ! 

    Mais bon, j’ai écouté l’émission ces jours-ci et je peux t’assurer que tout le monde fait des efforts pour conserver l’esprit Grosses têtes, tout en s'adaptant aux tabous actuels . Pierre Bénichou fait de son mieux pour remplacer Kersauson, Yann Moix a pris la succession de Jean Dutourd et les autres font de leur mieux. La relève est assurée, Philippe, sois tranquille !

    Je sais, je sais, tu es triste, c’était ton bébé ! Mais les années passent, cher Philippe Bouvard, pour toi comme pour moi. C’est toujours triste de voir que ce que nous avons fait de mieux dans la vie nous échappe et est pris en charge par d'autres avec, ma foi, il bien le reconnaître, un certain talent.

    C’est comme ça, c'est le cycle de la vie, que veux-tu que je te dise ?

     


     

    Un exemple de l'humour Grosses têtes d'antan 


  •  

    Couché sur un lit d’hôpital, bardé d’électrodes, une légère douleur à la poitrine, après un accident de la route. Voilà. Je ne sais même pas comment c’est arrivé. Les infirmières passent silencieusement dans la pièce de temps en temps pour vérifier les écrans et prendre des notes. Au début, j’ai voulu me redresser pour leur demander ce que j'avais mais je n’ai pas pu. J’ai la tête qui tourne. Ils ont dû me donner quelque chose.

    Mais je n’ai pas sommeil. Je suis calme. Mes pensées déambulent paisiblement dans les recoins de ma mémoire. Il fait nuit, je scrute le ciel à la recherche d’étoiles filantes, accoudé à la fenêtre. Ma mère a l’air triste. Mon père nous a demandé de veiller sur elle pendant son absence. Un passant traverse la rue en se grattant les fesses. Mon frère demande, comme toujours, "pourquoi ?". Elle répond "oh il y a certainement un crabe qui s’est glissé dans son pantalon". Nous nous mettons à rire. Elle nous prend dans ses bras et se met à rire avec nous. J’aime tellement la voir rire ! Blotti dans ses bras, dans la nuit étoilée, en train de rire avec elle. Mon plus lointain souvenir est un moment de bonheur.

    Toujours accoudé à la fenêtre. Au petit matin. Je suis seul à la maison et je n’ai pas peur. Il pleut. Le ciel est gris, la rue inondée d’une eau boueuse. Le boucher du village traverse la rue en parlant fort. L’eau lui arrive à mi-cuisse. Il a des cuissardes. Mon père déboule dans le salon, l’air soucieux, me passe la main dans les cheveux en passant, récupère quelque chose dans la boîte à outils sur la table du salon et repart aussitôt. Je retourne à la fenêtre. Je suis seul et je n’ai pas peur.

    Je quitte l’hôpital et je descends à pied la rue d’Alésia. Dans une vitrine, une chemise hawaïenne pour bébé. J’entre dans la boutique et je l’achète. Je suis père. Je ne sais pas si ça me rend heureux. Je le suis, c’est tout. Depuis ce matin. Et pour l’éternité.

    Un peu plus loin, je regarde mon reflet dans la vitrine du magasin d’en face. Je trouve que je ressemble à un homme, debout là comme ça, sur le trottoir avec une fille pendue à mon cou, mes mains sur ses hanches. Dans un instant, je vais l’embrasser. Avec la langue, cette fois. Je prends mon temps. Je me regarde encore une fois dans la vitrine d’en face. C’est vrai que je ressemble à un homme, comme ça.

     


  • En matière de pédophilie,  j'ai, moi aussi, ma petite histoire à raconter.

    La coordination lycéenne avait fixé au boulevard Voltaire le lieu de rassemblement pour se rendre à la manif qui devait célébrer la victoire de Salvador Allende. Mais la foule massée place de la République était déjà si importante que le boulevard Voltaire lui même était noir de monde quand nous sommes arrivés. Tout le lycée était là et nous nous sommes rapidement laissés porter par l’ambiance joyeuse propre aux manifestations lycéennes. L’après-midi s’est passé à draguer et à rire, à scander "Chile, Chile, Chile, solidarité ! Allende président ! au milieu de drapeaux rouges, des photos géantes de Salvador Allende et de Che Guevara et à écouter parler ces prestigieux orateurs qu’on ne voit d’habitude qu’à la télé. A la nuit tombée, la foule était toujours aussi dense mais il ne restait plus beaucoup de jeunes du lycée, en tout cas pas de filles, et nous avons décidé de rentrer. Les copains ont pris le métro et moi, comme j’habitais dans le quartier, j’ai décidé de rentrer à pied.

    Au moment où je traversais la foule pour emprunter le boulevard de la république, j’ai entendu dans les haut-parleurs la voix si caractéristique de Michel Rocard, un des dirigeants du PSU, et je me suis arrêté un moment pour tenter de l’apercevoir. J’allais repartir quand quelqu’un m’a tapoté l’épaule. Un homme de quarante/cinquante ans, un bellâtre aux cheveux gominés habillé d’un costume de lin clair qui me demandait du feu. Un prétexte puisque je ne fumais pas à ce moment-là. Il enchaîna tout de suite "C’est formidable, ce qui se passe ici ! Les gens là-bas seront très touchés du soutien des Français". Nous sommes restés là à discuter un moment. Il n’y avait pas de malentendu de mon côté. Malgré mon jeune âge je savais faire la différence entre un propos amical et militant et les propos d’un "vieux pédé" en train de draguer. Mais je suis quand même resté là à me dire "pourquoi pas, au fond ? ".

    Il se trouve que j’avais un problème à régler avec moi-même à ce moment-là.
    Je sortais depuis quelques mois avec Martine et même si nous n'avions pas franchi le pas, nous passions de longs moments à nous caresser réciproquement dans sa chambre ou dans la mienne quand les parents n'étaient pas là. Mais au fur et à mesure que notre relation se prolongeait un gros problème se posait à moi : Il fallait que j’attende ses caresses directement sur mon sexe pour avoir une érection. Cela me paraissait pour le moins bizarre comme situation car quand j’étais seul avec moi-même, il suffisait que je pense à une fille à poil pour que la trique surgisse immédiatement. J’en avais parlé aux copains et ils étaient tombés d’accord pour dire que c’était assez grave comme problème et que ça voulait peut-être dire que j’étais "un petit peu pédé sur les bords".
    Et alors que cette idée me travaillait depuis des semaines, voilà mon père qui affirme à ses amis, dans une crise de fou rire après un repas bien arrosé, que la vie l’a comblé en lui donnant deux fils et que la seule chose qui pourrait aujourd’hui le rendre vraiment malheureux serait d’apprendre que l’un d’entre eux soit de la "jaquette flottante".
    Et je dois dire que la perspective de rendre malheureux ce salaud qui faisait souffrir ma mère avec ses innombrables maîtresses avait quelque chose d’assez attrayant pour moi.

    Je me mis à discuter avec le bellâtre lubrique et il me parla de sa vie : il était français mais vivait en Patagonie où il exploitait une ferme d’élevage de moutons. Dès qu’il retournerait là-bas, il ferait "savoir aux Chiliens que les Français soutenaient leur lutte pour la démocratie et le socialisme". Je me mis à lui poser des questions plus personnelles sur sa vie. Il finit par me dire qu’il recevait dans sa ferme des "jeunes hommes" en précisant tout de suite que ceux-ci lui étaient "reconnaissants de leur faire découvrir des choses". Quand je lui fis savoir que j’aurais bien aimé moi aussi "découvrir des choses", sa joie fut telle qu’il en était presque touchant ! Il n’en revenait pas que cela ait été si facile ! Ses yeux se mirent à briller comme embués de larmes, et c’est avec de l’émotion dans la voix qu’il m’invita à prendre un verre dans un bistrot des alentours. Je lui répondis que je ne pouvais pas rentrer trop tard chez moi et qu’on avait deux heures maxi devant nous. Il m’invita alors à prendre le verre chez lui. Nous prîmes le métro et vingt minutes plus tard, me voilà assis sur le canapé de son salon le coeur battant prêt à me livrer à une grande expérience.


    Il me propose un petit alcool ce que, prudent, je refuse. Il m’apporte alors un Coca-Cola puis vient s’asseoir près de moi et passe sa main dans mes cheveux.
    - "Tu es un très beau garçon, tu sais ? Tu fais du théâtre au lycée ? Non ? Oh, tu devrais, je t’assure ! Je vais te dire quelque chose : les beaux garçons sont plus rares que les jolies filles mais quand c’est le cas…. Ohlala... elles peuvent aller se rhabiller les filles… ! hihihi !"

    Il me drague comme si j’étais une fille ! Ah mais bien sûr, suis-je bête ? Pour lui j’en suis une ! Je commence à me sentir un peu mal dans ma peau quand même !
    Il me sent réticent et ne veut pas tout gâcher par un excès de précipitation. Sa voix est suave et chaude. Il parle lentement en cherchant les mots justes. Je me laisse bercer… Je n’ai rien d’autre à faire qu’à me laisser faire… Il continue à parler tout en me passant légèrement la main sur les joues ou dans les cheveux.

    -"Et tu sais ce que faisaient les héros grecs après les batailles ? Hé bien… Ils faisaient venir sous leur tente de jeunes éphèbes…. beaux comme toi… Ils dînaient de façon frugale puis ils prenaient tous ensemble un bain agrémenté de sels aux senteurs divines… puis ils s’enduisaient d’huiles parfumées et se massaient longuement le corps en se récitant des poèmes ou en se racontant les faits d’armes de leurs glorieux ancêtres…"
    Il dépose la main sur mon genou. Je me crispe. Non, je ne suis plus du tout certain d’avoir envie de me livrer à cette expérience !
    -"Tu es tendu ! Calme-toi ! Laisse-toi aller ! Tout se passera bien ! Tiens, tu aimes la poésie ? Non ? C’est dommage, mais je te la ferai découvrir, tu verras, c’est magique ! On réussira à faire quelque chose de toi, mon beau diamant brut. Je ferai de toi ma perle rare, mon joyau de lumière…"
    Il parle bien, le bougre ! Il a l’air aussi cultivé que mon prof de français. Mais il me traite déjà comme son "mignon"… Je me sens de plus en plus mal à l’aise. Sa main est maintenant à mi-cuisses et remonte lentement… Il parle, parle sans arrêt ! Je décroche quelquefois et m’imagine à quatre pattes sur le canapé en train de me faire sodomiser par ce vieil esthète pédophile.

    -" Tu m’écoutes ? C’est normal que tu sois troublé, tu sais… ! Laisse-toi aller, tout se passera bien, tu verras ! Tiens, écoute cela, c’est d’un grand poète romain, ça semble avoir été écrit pour toi… Oh, je sais , on ne vous apprend certainement pas cela au lycée !

    "Dans leurs longs cheveux bouclés,
    Dans leurs grands yeux étonnés
    Dans leurs démarches chaloupées
    La nature se cherche et ne se trouve pas.
    Que l’on arrête la fuite du temps
    Que l’on suspende le cours des ans
    Qu’on nous accorde juste un moment
    Pour ravir la virilité
    De ces jeunes gens à peine formés."

    Ses mains remontent encore le long de mes cuisses. Non ! Décidément non, je ne peux pas ! Je me lève brusquement sans un mot. Il paraît un peu décontenancé, l’amateur de poésie gréco-romaine. Mais il réagit vite. Il se lève à son tour et me dit "tu es tendu, laisse-toi aller, tout ira bien, je t’assure ! Tu n’as aucune raison d’avoir peur de moi"

    Il s’approche de moi, m’enlace, colle ses joues aux miennes et commence à me faire des léchouilles dans le cou. Le frottement de cette joue hérissée d’une barbe de deux jours me fait tout drôle.  Ca me rappelle... ça me rappelle, oh mon Dieu,  la joue de mon père quand il me fait la bise le matin dans la cuisine !

    Oh mon Dieu, Papa !!! S’il nous voyait là en ce moment, il ferait une crise cardiaque, c’est sûr ! Non, non ! Il nous tuerait tous les deux d’abord et ferait sa crise cardiaque APRES !


    Je commence à paniquer. Je me libère de son étreinte et lui dis "il est tard ! Il faut que j’y aille !" en prenant la direction de la sortie. Mais il me rattrape par le bras, m’attire contre lui et me dit "attends, s’il te plaît ! Donne-moi une dernière chance ! Je vais te sucer comme on ne t’a jamais sucé" tout en se mettant à genoux devant moi. Sa promesse ne sera pas difficile à tenir, on ne m’a jamais sucé ! cette garce de Martine n’a jamais voulu. Pourtant moi je le lui ai fait… ! Je me laisse faire. Sa fellation goulue est agréable mais le cœur n’y est pas. Et puis voir un homme comme lui s’humilier ainsi à genoux devant moi m’est insupportable. Et puis je pense à mon père ! Je me dégage de son étreinte et lui crie "ARRÊTE !!! il faut que j’y aille ! Mes parents vont s’inquiéter !"


    Il me lâche, se lève lentement et me regarde fixement…
    - "Tu connais mon adresse. Tu reviendras ?"
    - "Je ne sais pas… Oui… Peut-être…"
    - "Menteur ! Si c’est vrai, donne moi en gage ta gourmette, je te donne en gage un bijou de plus grande valeur".
    - Non, je ne peux pas ! Mes parents vont le remarquer, si je ne l’ai pas !

    Pendant quelques secondes il regarde le sol, l'air pensif puis il relève la tête et me dit, l'air agacé :
    - Allez, va-t'en, dépêche-toi ! Va-t'en  avant que je change d'avis ! 

     

     

     


  • A tous mes cyber amis passés présents et à venir,

    A tous ceux qui me font la grâce de passer me lire quotidiennement...  ou de temps en temps

    A tous ceux que je passe lire quotidiennement... ou  de temps en temps 

    A tous ceux que j'ai du plaisir à lire

    Et même à tous ceux que j'adore détester lire

    Parce que vous faites tous partie du côté ludique de ma vie

    Je vous souhaite de vous la couler douce tout au long de l'année 2020

     

     

     

     


  • Parfois je me pose des questions bizarres , par exemple : pourquoi je ne suis pas un connard d’extrême droite ?

    C’est vrai, quoi, quand j’y pense, la question pourrait se poser ! Déjà, je n’aime pas l’Islam qui me paraît être la plus totalitaire et la moins spirituelle des religions puisque sa pratique consiste essentiellement sinon exclusivement à respecter des interdits et des obligations. Et évidemment je considère les plus radicaux de cette religion, Frères musulmans, Salafistes et leurs idiots utiles comme des dangers absolus.

    Ensuite je n’aime pas le politiquement correct qui au motif de policer le langage veut réglementer la pensée, ni l’écriture inclusive que je trouve grotesque, ni la morale bien pensante qui me paraît niaise. Je n’aime pas cet égalitarisme excessif qui sert de paravent aux idéologies totalitaires.

    Et puis je pense qu’il existe une nation française et qu’elle n’est pas une auberge espagnole où chacun pourrait venir s'installer et déposer ses bagages culturels et religieux en exigeant de ne pas être dérangé. Et je suis très agacé de voir ces Français et Françaises de fraîche date ayant souvent la double nationalité donner à la France des leçons de droit de l’homme, de vivre-ensemble et d’accueil des migrants sans se préoccuper de savoir si, dans leurs "pays de cœur" (la formule est de Benzema), ces grands principes sont respectés.


    Alors pourquoi, après tout ça, je ne suis pas un connard d’extrême droite ?

    Parce que je méprise ce suprémaciste blanc vulgaire et inculte qui pense que la seule couleur de sa peau fait de lui un être supérieur au médecin noir qui exerce dans son quartier pauvre.
    Parce que je ne veux avoir aucun point commun avec ce connard qui explique ses propres échecs et sa propre médiocrité par l’existence d’un complot juif international.
    Parce que j’estime que dans les guerres d’indépendance, ce sont les peuples colonisés qui avaient le beau rôle et les pays colonisateurs qui avaient le rôle du salopard.
    Parce que pour moi, les gens qui ont ma sympathie et ma reconnaissance sont ceux qui sont entrés en résistance contre l’ennemi nazi et mes ennemis intimes sont ceux qui ont courbé l'échine et collaboré avec lui, ceux qui ont livré des familles françaises, enfants compris, à une puissance étrangère en guerre contre la France, et aussi ceux qui tentent aujourd'hui de les réhabiliter. 

    Et si je ne suis pas d'extrême droite c'est aussi, accessoirement, parce que je suis pour l’égalité entre les hommes et les femmes, parce que quand je dis que je suis pour l’Europe, c’est à l’Union Européenne actuelle que je fais référence et pas à une Europe de merde baptisée Europe des nations dans laquelle chaque nation chercherait à dominer ses voisins.

    Et enfin, et là de façon tout à fait anecdotique, parce que je n'aime pas la gueule de Jean Marie Le Pen, ni celle de sa descendance, ni celle de Trump ni celle de Bolsonaro, ni celle de Collard, ni celle de...

    Bon j'arrête là sinon je vais finir par m'énerver et c'est pas bon pour ma tension artérielle.

     


  • C’est vraiment chiant de se sentir vieillir  !


    - A 20 ans, tes "problèmes de couple" se réglaient par la rupture.  Quitte à se remettre ensemble quinze jours après.

    Aujourd'hui, tes "problèmes de couple" consistent à trouver le moyen de "sauver ton couple". 


    - A 20 ans, une petite intello à grosse lunette d’écaille te fait découvrir avec bonheur la poésie, le cinéma d’art et d’essai, le théâtre de Brecht dans des salles à moitié vides

    Aujourd’hui, tu réserves trois mois à l'avance deux places pour la dernière pièce de Laurent Ruquier avec Pierre Palmade et Isabelle Mergot


    - A 20 ans, tu vas emprunter un livre à la bibliothèque, tu le lis et tu le ramènes quelques jours plus tard

    Aujourd’hui tu vas à la FNAC pour acheter un livre, tu en prends un autre au titre plus racoleur et six mois après tu ne l'as toujours pas lu.


    - A 20 ans, tu écris ton journal en rêvant que comme Rimbaud ou Baudelaire, tu as un talent fou et que ton génie ne sera découvert qu’après ta mort !

    Aujourd’hui, tu vérifies en arrivant au bureau combien de gens ont consulté ton blog au cours de la journée d’hier.

     

    - A 20 ans, le président de la République avaient l'âge de ton père ou de ton grand-père.

    Aujourd'hui, il est plus jeune que toi. (Mais pas sa femme, piètre consolation de macho minable)  

     


  •  

    Je voudrais dire au type qui était devant moi ce matin à la boulangerie que, lorsqu’on est dans une file d’attente pendant vingt minutes, on en profite pour décider ce que l’on va acheter. Se faire chier pendant vingt minutes et attendre que le boulanger vous demande :

    "Et pour monsieur ce sera…?"

    pour commencer à réfléchir

    "alors… voyons… vous avez des éclairs au chocolat ? Oui ? mettez-m’en quatre alors"

    et pour ensuite changer d’avis sur les conseils du boulanger

    "les quatre au chocolat ? il y en a au café si vous voulez…

    "Oh ben alors, mettez m’en deux au chocolat et deux au café alors… !"

    pour ensuite, laisser le vendeur décider de ce que vous devriez acheter

    et avec ça je vous mets quoi ? Nous avons des tartelettes aux fraises, si vous voulez... elles sont succulentes...

    Ah oui...? Oh...ben... mettez m'en deux alors...?)

     

    Ton attitude de connard  traduit dans le désordre :

    - une incapacité chronique à se projeter dans l’avenir (même à 15 minutes)

    - une grande difficulté à prendre une décision tout seul sans les conseils d’un tiers

    - une croyance profondément puérile que quand le vendeur vous donne un conseil, il vous aime et souhaite pour vous le meilleur

    - une impuissance maladive à répondre "Non merci" à une sollicitation commerciale

    - un grand mépris des autres qui sont obligés d’attendre que vous ayez terminé votre numéro de clown triste, pour acheter UNE baguette

    - la conviction  profondément fasciste que ceux qui sont DERRIERE dans la file d’attente n’ont aucun droit et qu’ils sont tenus d’attendre en fermant leur gueule que ceux qui sont DEVANT aient terminé leur séance de psychothérapie avec un boulanger en guise de psy.

    Je voudrais lui dire aussi que j’espère de tout mon cœur que sa femme et ses enfants vont lui balancer à la gueule ses quatre éclairs, ses Paris-Brest et ses deux mille-feuilles qu'il a mis vingt minutes à choisir,  en lui disant, après avoir réfléchi 20 minutes eux aussi, que finalement ils auraient préféré des croissants !

    Voilà ! Ouf, ça fait du bien !


  •  

    Derrière moi un long bout de vie consommée
    Devant moi, un petit bout de vie rêvée.
    À chaque fois qu’il me prend l’envie de faire un bilan d’étape, ce qui me vient en premier à l’esprit, c’est ce à quoi j’ai échappé.

    Car enfin, né au vingtième siècle, j’ai échappé aux deux guerres les plus meurtrières de l’histoire de l’humanité qui ont pourtant eu lieu, toutes les deux, au cours du siècle.
    Il faut prendre bien soin de naître au bon moment et au bon endroit.
    J’ai eu de la chance : je n’ai pas passé mon adolescence dans la boue de tranchées humides à lutter contre la vermine et les rats avant d’aller me faire briser la gueule sans savoir pourquoi exactement.

    Ma jeunesse ne s’est pas terminée dans une chambre à gaz au milieu des cris de centaines de gens affolés, avec seulement quelques minutes pour comprendre ce qui m’arrivait.

    Je n’ai pas été transporté comme du bétail vers des destinations inconnues. Je n’ai pas connu l’horreur des camps de la mort. Je n’ai pas été interrogé par la Gestapo. Je n’ai pas connu le Goulag.

    Je n’ai pas été pendu par les pieds jusqu’à ce que mort s’ensuive pour avoir aidé un codétenu à aller aux toilettes.
    Je ne me suis pas retrouvé garrotté par un bourreau espagnol pour avoir cru en la démocratie. Je n’ai pas été tué à genoux, les mains nouées dans le dos, la tête penchée en avant, d’une balle dans la nuque par des miliciens. Je ne suis pas mort de la dysenterie sur le front russe.
    Je n’ai pas subi les tortures du général Massu, je n’ai pas été écorché vif par le FLN.

    Je suis né au bon endroit et au bon moment.
    Je ne me suis pas retrouvé enfermé dans une cellule sans lumière pendant quinze ans, ni dans un asile psychiatrique pour avoir écrit quelques mots dans mon journal intime. Je n’ai pas été atomisé par une bombe atomique expérimentale. Même pas irradié par Tchernobyl. Je n’ai pas été lapidé, ni violé, ni prostitué.

    Je n’ai pas eu les doigts des deux mains coupés pour avoir joué de la guitare dans un stade de Santiago de Chili transformé en camp de concentration. Je n’ai pas eu l’obligation de regarder ma femme et mes filles se faire longuement violer dans un cachot argentin. Je n’ai pas été jeté d’un avion dans la mer après avoir été drogué pour que je me tienne tranquille.

    Des hommes comme moi, ni plus courageux ni plus endurant à la souffrance, ont connu tout ça, pourtant. Moi pas.

    J’ai échappé au Sida dans les années quatre-vingt malgré mon insouciance irresponsable, j’ai parcouru des milliers de kilomètres sur les routes de France en échappant aux dizaines de milliers d’accidents de la route meurtriers qui ont lieu chaque année.
    J’ai échappé aux bombes terroristes déposées chez Tatie Montparnasse et au Drugstore Saint Germain. Je n’étais pas au Bataclan le 13 novembre 2015. Normal, je n’aime pas le rock.

    En vérité, j’ai autant de raisons de louer le ciel pour le sort qu’il m’a réservé que de motifs de le blâmer pour celui qu’il a infligé à mes frères humains.

     


  •  

    Au début, la Terre était peuplée de bactéries, d’amibes, de petites choses comme ça qui vivaient au fond des océans dans une biodiversité plutôt harmonieuse. Jusqu’au jour où l’une d’elles trouva un moyen original de se nourrir en utilisant l’énergie du soleil et en relâchant parallèlement un gaz mortel pour toutes les autres espèces : l’oxygène. Ce fut une énorme catastrophe écologique qui dura plusieurs millions d’années et fit disparaître de la surface de la Terre la plus grande partie des espèces vivantes bientôt remplacées par des organismes apparentés aux meurtriers qui savaient s’accommoder de l’oxygène et même en tirer profit.
    Nous faisons partie de la longue lignée de ces génocidaires.


    Beaucoup plus tard, mais il y a quand même fort longtemps, la Terre se peupla de ce qu’il convient d’appeler aujourd’hui les Dinosaures. Herbivores gargantuesques, carnivores insatiables, prédateurs redoutables, ils envahirent la totalité de la surface de la Terre qu’ils dominèrent sans partage pendant des millions d’années. Jusqu’au jour où un météorite un peu plus gros que d’habitude heurta la Terre, soulevant un nuage de poussière qui plongea la planète bleue dans une nuit nucléaire de plusieurs années. Les maîtres de la Terre disparurent alors, faute de nourriture et de soleil.
    Alors et alors seulement, des formes de vie mineures purent sortir des terriers qui les avaient protégés de la catastrophe et purent à leur tour vivre au grand jour et se perpétuer en nombre.
    Nous faisons partie de ces formes de vies mineures qui ne sont devenues puissantes que grâce à une terrible catastrophe qui fit des milliards de victimes.


    Eh quoi ? Il faudrait que la série s’arrête là ? Que l’histoire de la planète prenne fin parce que cela ne nous arrange pas ? Il serait écrit quelque part dans le Livre d’Or de l’Univers que les lois du hasard et de l'évolution arrêteraient de s'appliquer à l’arrivée de l’Homme ?

    Allons, allons, mes amis, d’autres espèces, que nous ne soupçonnons pas, sont sur le pas de la porte et attendent en piaffant de se développer et de dominer à leur tour la planète. Alors, je vous en conjure, mes amis, soyons fair-play : respectons le cycle naturel de la vie et dépêchons-nous de disparaître afin de leur laisser la place.

    Jouissons sans entrave, tuons tout ce qui bouge, empoisonnons l’atmosphère, contaminons les océans, défigurons la nature, rasons les forêts ! Le temps qui nous était imparti est écoulé ! Demain sera un autre jour mais pour d’autres espèces ! Pour nous il n’y a pas de futur !

     

     


  • Ma fille bosse dans le social. Enfin, pour être exact, elle bossait. Elle a abandonné. Être confrontée quotidiennement à la détresse humaine, et surtout à celle des enfants, c'était trop dur pour elle.

    Elle me raconte sa rencontre avec cette petite fille enlevée provisoirement de la garde de sa mère en cure de désintoxication. Elle garde soigneusement dans sa valise un carnet de tickets de bus oblitérés. C’est le cadeau que lui a offert sa mère pour le Noël dernier. C’était la première fois que sa mère lui faisait un cadeau de Noël. "Avec ça, ma puce, tu pourras aller à l’école toute seule. Comme une grande. Ce sera seulement quand Maman sera malade et ne pourra pas t’accompagner. Tu te mets bien à côté du chauffeur et tu lui dis que tu vas à l’école des Mirabelles. T’as compris, ma poupée ? à côté du chauffeur !"

    Pauvre petite puce. Dans le grand marathon de la vie, on ne part pas tous sur la même ligne de départ, loin s’en faut ! Toi, tu pars loin, très loin derrière tout le monde dans la grande quête du bonheur.

    Que deviendras-tu dans quelques années ? Y aura-t-il quelqu’un pour s’inquiéter quand tu sortiras le soir ? quelqu’un pour te gronder quand tu rentreras trop tard ? quelqu’un pour surveiller la hauteur de tes jupes ?

    Tes copines de collège trouveront que tu as "trop de la chance" car il n'y aura personne pour te gaver avec des leçons de morale d’un autre siècle. Personne pour te mettre la honte en venant te chercher à minuit. Personne pour surveiller tes résultats scolaires. Personne pour s’inquiéter de savoir où tu traîneras le soir.
    Mais personne non plus pour te prendre dans ses bras et te consoler quand tu pleureras. Personne pour te rassurer quand tu auras peur.

    D’une certaine façon, tu auras plus de chances que les autres filles de ton âge : plus de chances d’être violée ou abusée que les autres filles. Plus de chances de devenir toxicomane à l’adolescence. Plus de chances de te prostituer en échange d’un téléphone portable comme les grandes de ton centre. Plus de chances de devenir une paumée. Plus de chances d’être manipulée par des crapules pour qui la vie des gens ne vaut rien.

    Mais rien n’est certain, ma puce. Avec un peu de chance et beaucoup de caractère, tu surmonteras peut-être tous ces obstacles, tu rencontreras des gens qui t’aimeront et te respecteront. Tu rencontreras peut-être un gars qui t’aimera et te fera une petite fille.

    Une petite fille que tu conduiras tous les matins à l’école en la tenant par la main et à qui tu offriras, à chaque Noël, des boîtes musicales, des poupées, des  Legos... des cadeaux, quoi !

     





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